17 décembre 2025

Temps de lecture : 6 min

Loïs Boisson : les coulisses business de son année 2025

Sponsors, médias, agents... Le nouveau visage du sport français Loïs Boisson a suscité un intérêt venu de toute part ces derniers mois. Récit d'une année 2025 emplie de sollicitations et de signatures de contrat.

Même Google n’a pas échappé au phénomène Loïs Boisson. En 2025, la joueuse de tennis est la personnalité sportive la plus recherchée sur la toile en France indique un rapport annuel du GAFAM. Depuis le printemps 2025 et sa demi-finale disputée à Roland-Garros (Paris), l’athlète tricolore est au cœur d’un véritable “tsunami commercial et médiatique” commente son agent Jonathan Dasnières de Veigy, directeur de la division tennis Europe au sein de l’agence internationale Octagon.

« Que cela vienne si soudainement dès son premier Roland-Garros, peu de gens pouvait le prévoir,» estime celui qui s’occupe de la carrière extra-sportive de Loïs Boisson depuis 2021. « Si l’on a décidé de travailler avec elle c’est qu’on y croyait, poursuit-il. Nous avons utilisé toutes nos ressources pour gérer au mieux la situation. J’ai fait tampon et bouclier pour essayer de la protéger, quitte à avoir le mauvais rôle auprès des journalistes. Ensuite nous avons discuté avec sa famille pour réfléchir à la stratégie que l’on allait mettre en place ».

«Sans foi ni loi»

Attablé à la terrasse d’un café situé à deux pas de la Porte d’Auteuil, l’ancien joueur de tennis (ex 146e mondial à l’ATP) a de l’expérience en matière d’accompagnement d’athlètes. « Cela fait près de 10 ans que je suis dans cet univers, rappelle Jonathan Dasnières de Veigy. Au-delà de ma propre expérience, l’agence gère la carrière de Simon Biles, Michael Phelps ou encore Stephen Curry. Nous avons un savoir-faire. Mon équipe et moi s’occupons des relations de Loïs Boisson avec les sponsors, les médias mais aussi tout ce qui concerne la fiscalité, le législatif, les réseaux sociaux et les déplacements ».

La relation entre la joueuse et Jonathan Dasnières de Veigy est solide, même si les résultats sportifs de la tricolore ont évidemment attisé la curiosité de tout l’écosystème. Nombreux ont été les agents désireux de récupérer la gestion de ce nouveau joyau. « J’imagine que certains ont essayé de me contourner, confie l’agent. C’est un milieu ultra concurrentiel, sans foi ni loi, si je peux dire. J’imagine que cela doit être pire dans d’autres sports. Les agents de footballeurs rigoleraient s’ils m’entendaient ».

Avant Roland-Garros 2025, Loïs Boisson était seulement engagée avec Babolat. « Nous travaillons avec elle depuis ses 11 ans, lorsqu’elle jouait au tennis club de Beaulieu-sur-Mer, raconte Yoann Chartron, Brand Manager chez Babolat France. C’est grâce à notre réseau de 1 600 coachs à travers la France que nous parvenons à détecter très tôt des talents. Au début nous avions un contrat produit. Babolat lui fournissait deux raquettes par an. Puis la relation s’est intensifiée, avant même Roland-Garros 2025 ».

Un contrat avec un équipementier

Depuis au moins deux ans, un nouveau contrat financier a été créé entre la joueuse et Babolat. Le montant évolue en fonction des résultats de Loïs Boisson. Celle-ci n’est désormais plus gérée par la France, mais par le département sport marketing international dirigée par Jean-Christophe Verborg. A ce niveau elle a pour “voisins” de statut Carlos Alcaraz ou Holger Rune.

A partir de 2026, Babolat compte profiter encore plus de l’image de sa protégée en multipliant les prises de parole. « C’est maintenant que nous allons récolter le fruit de dix ans de travail à ses côtés, explique Yoann Chartron. En revanche, c’est très difficile de mesurer l’impact que Loïs Boisson peut avoir sur la vente de nos raquettes et du modèle avec lequel elle joue ».

L’entourage de Loïs Boisson avait malicieusement veillé à ne pas engager leur championne avec d’autres marque. L’objectif était de ne pas être “bloqué” et de pouvoir négocier au prix fort avec les potentiels sponsors une fois de bons résultats obtenus. Ce fut au-delà des espérances et cette stratégie s’est donc avérée payante. Depuis son parcours impressionnant sur la terre battue parisienne, les sollicitations commerciales se multiplient accompagnées de contreparties financières “conséquentes” en ligne avec “son attractivité”.

Trois sponsors en approche

« Loïs Boisson jouait jusqu’alors en Asics et nous avons prioritairement discuté avec cette marque pour signer un contrat d’équipementier textile, explique Jonathan Dasnières de Veigy. Nous avons ensuite échangé avec d’autres. Au terme de cette séquence, un accord qui nous convient très bien a été trouvé. Il débutera le 1er janvier 2026… mais je ne peux pas en dire plus pour l’instant ».

Côté sponsors non endémiques au tennis, Loïs Boisson fait le plein. Après avoir signé un accord commercial pluriannuel avec le laboratoire dermatologique SVR durant l’été 2025, la joueuse en aurait conclu trois autres, également sur plusieurs saisons. Selon nos informations, l’un d’eux concerne un sponsor actuel de Roland-Garros. Des annonces officielles sont attendues en 2026.

Eviter le syndrome Raducanu

A partir de la saison prochaine, Loïs Boisson jouera avec deux partenaires sur ses tenues de match dont SVR. Il y aura également le logo de son futur équipementier. « L’idée n’est pas non plus de devenir un panneau publicitaire, tempère le représentant de la joueuse. Nous avons misé sur la qualité et non sur la quantité. Nous avons décliné beaucoup d’offres. Soit parce que cela n’avait pas de sens. Soit parce que le budget n’était pas suffisant. Toutes les marques ne sont pas en mesure de pouvoir s’associer financièrement à Loïs ».

Sur le circuit, long entre 30 et 35 semaines par saison, les joueurs et joueuses de tennis ne peuvent pas multiplier les accords commerciaux. Les multiples obligations associées pourraient disperser l’attention sportive de la joueuse. Lauréate surprise de l’US Open en 2021, Emma Raducanu en a fait les frais. Après son sacre, la jeune britannique avait enchaîné les contrats avec Evian, Dior, British Airways, Vodafone, Tiffany and co, Wilson, Nike et HSBC. Dans le même temps, jamais elle n’est parvenue à retrouver son niveau. Aujourd’hui, elle stagne au 29e rang à la WTA.

« C’est vrai qu’Emma Raducanu sert souvent d’exemple à l’agence, reconnaît Jonathan Dasnières de Veigy. Je ne blâme absolument pas sa stratégie : elle est propre à chacun. Etre une icone fashion est louable, mais cela peut aussi mettre en difficulté une carrière. Loïs veut gagner Roland-Garros et le plus de Grands Chelems possible. La journée s’articlera toujours autour du tennis, mais pas du business. C’est moi qui m’adapte à son emploi du temps : pas l’inverse ». En ce qui concerne les montant des contrats… l’agent préfère botter en touche.

«C’est comme si elle avait gagné au loto !»

Dans l’univers de la petite balle jaune, les échos sont aujourd’hui positifs pour Loïs Boisson. « Son parcours est assez impressionnant et va permettre de raconter de jolies histoires, notamment pour les annonceurs et les médias,» souffle une observatrice. Un avis partagé par Frank Boucher, qui sillonne les courts de tennis depuis 30 ans : « Grâce à Roland-Garros, elle a bénéficié d’une caisse de résonance surpuissante, rappelle-t-il. C’est comme si elle avait gagné au loto ».

Pour ce professionnel, Loïs Boisson a tout pour devenir une icone féminine du sport français. « Elle va pouvoir capitaliser sur sa notoriété, assure-t-il. Si elle parvient à faire un deuxième Roland-Garros comme celui de 2025, ce serait phénoménal en terme d’impact. Sinon le soufflet risque de retomber. Elle est bien entourée par un des meilleurs entraîneurs physiques du circuit et un agent français qui connait très bien l’univers ».

Le nouveau visage du sport féminin en France

L’années 2025 de Loïs Boisson n’a toutefois pas bouleversé l’écosystème du tennis. « Ses performances n’ont eu aucun impact en magasin, observe Charles Viard, dirigeant de l’enseigne Ecosport. En fait, c’est difficile de s’identifier à une joueuse de tennis et tout de suite après d’aller acheter la raquette avec laquelle elle joue. La seule qui a eu un tel impact, c’était Marie Sharapova ».

Avec son nouveau statut, Loïs Boisson se positionne naturellement comme un des visages du sport féminin en France. « Cela serait logique et la conséquence de qui elle est, estime Jonathan Dasnières de Veigy. Après, on ne va pas créer cela de manière artificielle. Tout va venir naturellement. Elle est arrivée au bon moment dans un sport féminin français qui manquait d’icones. Même si Pauline Ferrand-Prévot et d’autres sortent du lot ».

Pour parfaire son image et « rendre ce qui lui a été donné,» selon son agent, l’athlète tricolore devrait s’associer prochainement à une association caritative et à une cause qui lui tient à cœur. En revanche, une participation au concert des Enfoirées n’est pas prévue. Enfin, malgré les demandes de nombreuses plateformes, il n’y aura pas de documentaire sur les coulisses de la carrière de Loïs Boisson : l’entourage de la championne a décliné toutes les propositions. Pour l’instant. Après l’année de l’explosion, l’heure est au retour au calme et au repos.

© SportBusiness.Club – Décembre 2025

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