Interview. Élue jeudi 19 juin 2025 à la présidence du Comité National Olympique et Sportif Français (CNOSF) pour 4 ans, Amélie Oudéa-Castéra dévoile ses premières priorités dans un contexte charnière pour le sport français. Héritage des Jeux de Paris 2024, candidature des Alpes 2030, Livre blanc pour peser sur les Municipales… La nouvelle présidente détaille sa feuille de route et sa méthode, entre ambition, concertation et volonté de replacer le sport au cœur des politiques publiques.
Quels seraient les trois premiers dossiers que vous souhaitez lancer ?
Amélie Oudéa-Castera : « Outre la mise en place complète de la gouvernance – nous allons très vite réunir un conseil d’administration le 26 juin prochain afin de composer le bureau exécutif et ensuite construire les différentes commissions – le premier chantier sera celui de la mise en place d’une gestion par le CNOSF du Fonds de dotation de Paris 2024. Ce fonds, héritage des Jeux, recueillera 60% du boni de liquidation du COJO, dans le cadre d’une gouvernance partagée. C’est un dossier prioritaire, car nous avons besoin que ces moyens soient bien mobilisés au service de projets de développement du sport. Il faut que l’on batte la mesure, notamment en période de décisions budgétaires adverses. Nous avons là une opportunité d’avancer et de financer des projets dans la collégialité à laquelle nous étions habitués. Le deuxième chantier sera évidemment de s’investir pleinement dans le dossier des Jeux des Alpes 2030. Nous avons des échéances très exigeantes dès la semaine prochaine. Cela me permettra de bien comprendre les enjeux, d’entrer dans le détail et de procéder aux arbitrages nécessaires pour ne pas accumuler de retard. Enfin, il y a le programme que j’ai présenté avec nos points clés, forts, utiles et modernes. J’avais identifié un calendrier pour bien lancer l’olympiade et positionner nos chantiers. »
C’est-à-dire ?
A.O.-C. : « Par exemple, les élections municipales approchent, et nous savons que les collectivités revoient actuellement à la baisse leurs budgets et investissements sportifs. Il est important que la voix du sport français se fasse entendre, notamment à travers un Livre blanc. Ce document permettra d’influencer l’agenda des Municipales. Je souhaite aussi organiser une consultation territorialisée pour faire remonter les attentes du terrain, y compris en matière de simplification administrative. Ce chantier devrait aboutir au premier trimestre 2026. Il nous permettra de porter des messages clairs et unitaires sur les besoins du sport, afin de saisir cette opportunité historique de faire évoluer sa place en France. »
Nouvellement présidente, êtes-vous satisfaite du conseil d’administration qui a été élu ?
A.O.-C. : « Oui, plusieurs grandes fédérations font leur retour au sein du conseil d’administration : je pense au handball, au judo, au golf, à l’équitation. Ce sont des fédérations qui en avaient été écartées. C’est une très bonne chose compte tenu de ce qu’elles représentent. Ce conseil d’administration offre une belle diversité disciplinaire : sports de glisse, de nature, sports mécaniques… En parallèle, il y a une continuité avec des profils qui ont tenu la maison dans les moments difficiles du CNOSF ces dernières années. Bénéficier de leur expérience est précieux. Nous avons aussi une forte représentation des sports d’hiver, ce qui était important pour moi dans la perspective des Jeux des Alpes 2030. C’est une très belle équipe. Cela montre que nous avons su exprimer positivement avec qui nous souhaitions travailler, tout en respectant le libre arbitre et le jeu démocratique. Il n’y a pas eu de logique d’ostracisation, ce qui est tout à notre honneur. »
Aviez-vous le souhait de rester dans l’univers du sport ?
A.O.-C. : « J’ai reçu des propositions dans d’autres secteurs, mais j’ai ressenti que le sport était un domaine avec un potentiel inexploité incroyable. Aujourd’hui, le sport est sous-utilisé dans notre société, alors qu’il possède des vertus remarquables. Je me suis dit que c’était là que je pouvais être la plus utile. C’était une conviction, que j’ai laissé mûrir. Je suis vraiment heureuse de pouvoir continuer à aider le sport français. Il a besoin d’être accompagné dans une période difficile. En même temps, une opportunité incroyable s’ouvre entre ces deux éditions des Jeux – Paris 2024 et Alpes 2030 – pour repositionner le sport dans notre société et en débattre pleinement. »
Propos rapportés par Bruno Fraioli
© SportBusiness.Club – Juin 2025