Les dépenses publiques de Paris 2024 réévaluées à la hausse
La Cour des comptes réévalue à 6,6 milliards d’euros les dépenses publiques pour Paris 2024. Elle salue une gestion maîtrisée, tout en soulignant des retombées économiques directes limitées.
La Cour des comptes a confirmé dans son rapport définitif sur les Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024 rendu au Parlement un montant de 6,6 milliards d’euros d’investissement public. Ce chiffre est en hausse par rapport à l’estimation de 5,9 milliards publiée en juin dernier. Dans son document définitif, dévoilé lundi 29 septembre 2025, la facture se décompose en 3,02 milliards pour l’organisation, dont près de la moitié pour la sécurité, et 3,63 milliards pour les infrastructures (Solideo). À ces montants ont été ajoutés les dépenses engagées par les collectivités pour les zones de célébration et les aménagements liés à la baignabilité de la Seine. Malgré cette réévaluation, la Cour souligne “l’absence de dérapage budgétaire”, un point rare pour ce type d’événement.
Le rapport évoque des recettes fiscales estimées à 293 millions d’euros pour la seule organisation : les infrastructures n’ayant généré aucune rentrée budgétaire directe. Le bénéfice net du Comité d’Organisation (COJO), financé majoritairement par des ressources privées, s’élève à 75,7 millions d’euros. Ce boni sera destiné à soutenir la pratique sportive en France. Mais l’impact économique global est jugé limité par la Cour des Comptes : l’effet sur la croissance en 2024 n’a représenté que +0,07 point de PIB. L’inflation en période de préparation et l’éviction partielle du tourisme habituel expliqueraient ce résultat. Pour la Cour, qui ne valorise pas l’héritage immatériel induit des Jeux, les retombées à long terme restent incertaines.
Un coût sécuritaire “erratique”
Le rapport pointe aussi la gouvernance et la sécurité. Près de 42 000 bénévoles ont été mobilisés, encadrés par une charte, mais sans stratégie nationale de “valorisation du volontariat”, pourtant réclamée par le mouvement sportif. Plus de 35 000 policiers et gendarmes, épaulés par 8 500 militaires, ont assuré la sûreté, avec un recours accru aux technologies innovantes. Si l’essentiel des dispositifs a fonctionné, la Cour juge que la budgétisation des dépenses de sécurité a été “erratique”. Le coût global atteint 1,7 milliard d’euros, incluant 305 millions d’investissements durables. Il n’est pas comparé aux coûts de sécurité d’une période “hors Jeux”.
Enfin, la Solideo a supervisé 70 ouvrages pour un coût de 2,49 milliards d’euros, livrés dans les délais. L’héritage est multiple : infrastructures sportives, baignades, insertion sociale, méthodes de gestion publique et premiers Jeux “100 % cyclables”. Toutefois, la Cour estime que cet héritage devra être évalué dans la durée. À titre de comparaison, en 2023 les prévisions tablaient sur 2,44 milliards d’euros de dépenses publiques, et Pierre Moscovici évoquait un coût compris entre 3 et 5 milliards. Tony Estanguet, l’ancien président du Cojo, critique des comptes dont le périmètre dépasse le simple cadre de l’organisation des Jeux ou la prise en compte en intégralité d’investissements laissés en héritage et pouvant être amortis sur plusieurs années.