9 juin 2025

Temps de lecture : 4 min

Films. “Le rendez-vous de l’été”, de Valentine Cadic

Venue assister aux Jeux de Paris 2024, Blandine quitte sa Normandie pour retrouver une demi-sœur perdue de vue. Plongée dans une capitale enfiévrée par l'événement, elle cherche des repères, se perd, et tente de retisser un lien oublié.

Blandine, 30 ans, quitte sa Normandie paisible pour assister aux épreuves de natation des Jeux olympiques de Paris 2024. Mais au-delà du sport, c’est un autre objectif qui l’anime : retrouver une demi-sœur qu’elle n’a pas vue depuis dix ans, et dont elle n’a gardé qu’une adresse périmée et quelques souvenirs flous.

Introvertie, habituée au silence et à la stabilité de la province, Blandine se retrouve plongée dans une capitale en ébullition. Paris, transformée par l’événement planétaire, est bruyante, colorée, vibrante — à mille lieues de son quotidien. Les transports bondés, les foules festives, les accents du monde entier, tout la déstabilise.

Elle découvre les sites olympiques, se rend au Club France, flâne aux abords des fan zones, dort mal, marche beaucoup, observe. Au fil de ces journées à la fois exaltantes et désorientantes, elle fait des rencontres inattendues : un bénévole volubile, une athlète en marge, un vieux monsieur passionné de plongeon… autant de figures qui, chacune à leur manière, l’aident à lâcher prise.

Mais le cœur de son voyage reste ce lien familial à renouer. Tiraillée entre l’espoir et la peur d’être rejetée, Blandine hésite, repousse, puis finit par se lancer. Dans un Paris enfiévré, elle explore aussi ses propres fragilités, et tente de se réconcilier avec son passé.

Une nageuse française au générique

Le rendez-vous de l’été est le premier long métrage de Valentine Cadic qui a déjà signé deux courts métrages et deux documentaires. Une grande partie du tournage a été réalisé en extérieur sur des sites officiels de compétition. La production, qui avoue avoir bénéficier d’une grande liberté, a systématiquement fait des demandes d’autorisations d’accès et de tournage, certaines accordées, d’autres non.

La réalisatrice a également tourné dans la rue et a du gérer une masse de droits à l’image auprès des passants auxquels il a été demandé de signé une autorisation. Une contrainte nécessaire selon Valentine Cadic qui souhaitait capter un Paris en pleine effervescence. La nageuse française Béryl Gastaldello, double vice-championne du monde et sélectionnée à Paris 2024, mais sans décrocher de médaille, apparait dans son propre rôle dans le film.

Le rendez-vous de l’été, un film de Valentine Cadic. France. 77 minutes. Sortie en France : mercredi 11 juin 2025


Trois questions* à Valentine Cadic, réalisatrice

À quel moment avez-vous eu envie de filmer pendant cette période particulière et unique des Jeux olympiques à Paris ? L’idée a-t-elle émergé au moment de la confirmation de l’événement dans la capitale en 2017 ?

Valentine Cadic : « Non, ce fut bien plus tard. (…) Cela m’a paru intéressant d’inscrire une fiction dans un contexte exceptionnel. J’ai voulu comprendre comment l’événement sportif pourrait chambouler la vie des personnes qui ne sont pas directement concernées. Il y a d’abord eu une phase de recherches avec Mariette Désert ma coscénariste, pendant laquelle nous avons demandé à des sportifs qui avaient participé aux Jeux olympiques au Japon ou à Londres de nous expliquer comment cela se passait. Ensuite, j’ai commencé à écrire en anticipant ce qui pouvait se passer. J’avais en tête que, pendant le tournage, il y aurait des changements à faire et qu’il fallait s’adapter à ces imprévus. Une de mes sources d’inspiration pour ce tournage, ont été les photographies de Martin Parr, pour son regard décalé porté sur les foules. »

Pouvez-vous nous parler de la préparation et du dispositif mis en place pour le tournage ?

V.C. : « Pour commencer, avec ma co-scénariste, nous nous sommes renseignées sur toutes les activités qui auraient lieu pendant les Jeux olympiques. Il y a eu un travail de préparation de mise en scène et de régie pour insérer notre tournage dans cet événement hors norme. Le plan de travail a été pensé pour tourner toutes les scènes liées aux Jeux olympiques sur la première quinzaine d’août. Nous voulions pouvoir profiter des Jeux paralympiques début septembre dans le cas où nous n’arrivions pas à tout filmer. Il fallait prendre en compte les contraintes d’accès, d’autorisation et de déplacements. Nous avions prévu une équipe assez réduite pour avoir la réactivité nécessaire et s’adapter au réel. Malgré cela, il y a bien eu des imprévus, comme cette scène où le personnage de Blandine rencontre un journaliste. Nous devions tourner pendant la course de natation qui a été annulée car la qualité de l’eau était mauvaise. La scène a quand même été intégrée car elle permettait d’avoir moins de monde autour et nous avons pu faire plusieurs prises. Nous nous adaptions en permanence mais comme nous étions bien préparés nous arrivions à naviguer entre les divers événements. Pendant le tournage, les dispositifs étaient différents pour chaque scène, que ce soit les moments “Jeux olympiques” ou les scènes en intérieur plus classiques. Pour les tournages au Club France, les gens devaient penser que nous étions une équipe de télévision. »

Il y a un personnage singulier : la nageuse Béryl Gastaldello. Elle apparaît comme un leitmotiv pour le personnage de Blandine et ponctue la narration du film. À quel moment est-elle arrivée dans le projet ?

V.C. : « Béryl Gastaldello est arrivée au début de l’écriture. Je voulais que le personnage de Blandine suive le parcours d’une athlète. Après avoir fait des recherches, Mariette Désert m’a parlé d’elle. Je l’ai contactée sur Instagram, elle a accepté de me rencontrer et a été d’une grande générosité. Elle m’a raconté son parcours, son histoire et était très curieuse du projet. Cette rencontre m’a beaucoup marquée et a nourri l’écriture du film car c’est une des rares nageuses qui a communiqué publiquement sur les questions de santé mentale dans le sport. Elle a parlé de sa peur d’entrer dans l’eau et de ses tics. Je trouvais intéressant que Blandine soit touchée par cette nageuse plus pour son courage de prise de parole et sa capacité de résilience que pour son palmarès. C’est aussi une manière de donner accès à un visage plus humain du sport de très haut niveau. Pendant le tournage, elle nous envoyait des vidéos qu’elle tournait avec son téléphone avant et après les compétitions. Béryl Gastaldello marque également le lien aux réseaux sociaux de Blandine, avec cette sensation étrange de se sentir proche de personnalités assez loin de nous en ayant accès à ce qu’ils partagent d’eux et de leur quotidien. Nous devions organiser le tournage en fonction d’elle et des épreuves auxquelles elle participait. »

© SportBusiness.Club – Juin 2025

(*) Extrait du dossier de presse du film.

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