Le manque à gagner lié à la diffusion illicite de matchs est estimé à 290 millions d’euros par an pour le secteur du sport, a indiqué jeudi 28 novembre 2024 l’Arcom, le régulateur de l’audiovisuel, qui s’inquiète de la progression des IPTV pirates dans le football. « Ce montant représente 15 % du marché de la diffusion des contenus sportifs et pèse sur l’ensemble du secteur, les clubs, les fédérations (…) et le sport amateur,» a détaillé Pauline Combredet-Blassel, directrice générale adjointe de l’Arcom, lors d’une conférence à Paris.
Selon elle, ces contenus pirates entraînent également un manque à gagner de 420 millions d’euros par an pour l’État en termes de recettes sociales et fiscales. Mme Combredet-Blassel s’est toutefois félicitée que « le piratage baisse de manière structurelle », notamment grâce aux blocages de sites de « live streaming » (diffusion en direct), dont le nombre d’utilisateurs a diminué de 18% en France entre 2023 et 2024. Plus de 7 000 noms de domaine illégaux ont été bloqués en 2022, a-t-elle fait valoir.
Cependant, la situation est bien moins encourageante concernant les utilisateurs d’IPTV illégales via des boîtiers connectés, qui permettent d’accéder à un bouquet de chaînes pour un abonnement bien moins élevé que l’offre légale. « On en a bloqué plus de 1 600 depuis le début de 2024, mais la question est de savoir si cela sera suffisant,» s’est interrogée la responsable, évoquant un « enjeu majeur ».
À ses côtés, Benjamin Morel, directeur général de LFP Media, filiale commerciale de la Ligue de football professionnel, s’est montré très alarmiste. « Depuis le début de la saison 2024-2025, nous faisons face à un phénomène d’ampleur inédite,» a-t-il déclaré, citant une étude d’Ipsos selon laquelle 37% des personnes ayant regardé la Ligue 1 cette saison l’ont fait illégalement. Selon cette enquête, 55% des spectateurs du dernier classico OM-PSG, fin octobre, ont eu recours à des sources illicites.
Benjamin Morel a également tenté de contrer l’argument selon lequel l’offre légale du principal diffuseur de la Ligue 1, DAZN, controversée en raison de son coût initial élevé, depuis revu à la baisse, aurait pu favoriser ce phénomène. « Les tarifs ne peuvent en rien justifier le piratage, qui est du vol,» a-t-il affirmé, expliquant le succès des boîtiers par leur offre « tout compris », alors que l’offre légale de diffusion des championnats européens est fragmentée entre plusieurs diffuseurs. «Le risque avec l’IPTV [illégale] est qu’elle se substitue à l’ensemble des plateformes et chaînes existantes,» a estimé le dirigeant de LFP Media. (Avec AFP)
© SportBusiness.Club Novembre 2024