Directeur commercial de la Fédération Française de Tennis (FFT), Arnaud Delaplace explique comment se structure le modèle marketing de l’Alpine Paris Major Premier Padel, tournoi phare du circuit mondial de la discipline organisé au Stade de Roland-Garros du 8 au 14 septembre 2025. Il détaille les logiques de partenariat, la hiérarchie des sponsors et les opportunités encore ouvertes. Des passerelles marketing existent entre les Internationaux de France de tennis et l’événement de padel.
Comment fonctionne le marketing de l’Alpine Premier Padel (APM) ?
Arnaud Delasalle : « Le principe est globalement classique. Côté revenus, en tant qu’organisateur, nous gérons la billetterie, les hospitalités et les partenariats marketing sur un certain de nombre de catégories non bloquées par Premier Padel. Premier Padel possède les droits TV et vient avec un certain nombre de partenaires marketing également, comme Qatar Airways par exemple. Les organisateurs locaux, comme nous, peuvent signer des accords sur des catégories préalablement définies avec Premier Padel. Chaque tournoi dispose de ses propres droits marketing, valables au niveau mondial. Par exemple, Alpine, notre partenaire titre, peut communiquer et activer à l’échelle internationale, partout dans le monde sur ses marchés clés. C’est notable : nos partenaires ont des droits marketing mondiaux au même titre que les partenaires Premier Padel. Les couloirs de nage entre Premier Padel et l’organisateur sont délimités au niveau des catégories. »
Avez-vous fait le plein en nombre de partenaires ?
A.D. : « Nous aurons, comme l’an passé environ une quinzaine de partenaires pour l’APM. Nous continuons à finaliser des contrats avec de nouvelles marques. Six de ces partenaires, Wilson, Rolex, BNP Paribas, ABInBev, Engie, notamment, le sont également du Tournoi Roland-Garros, et cela est très intéressant. Nous avons convaincu ces marques de nous suivre sur l’Alpine Paris Major. Mais, ce qui est signe de singularité, c’est qu’environ les deux tiers de nos partenaires sont spécifiques au padel, et ne sont donc pas présents en mai-juin à Roland-Garros. »
Quelle est la pyramide des rangs de partenariat pour l’APM ?
A.D. : « Tout en haut se retrouve Alpine, le partenaire titre. Ensuite viennent les partenaires premium, comme, l’an dernier, Wilson ou Veolia. Puis les partenaires officiels, tels que BNP Paribas, Le Parisien ou Fun Radio. A ces trois niveaux, ces partenaires bénéficient de visibilité sur les courts. Enfin, il y a les fournisseurs officiels qui eux n’ont pas de visibilité courts, mais disposent de stands, de droits marketing, de billetterie ou d’espaces d’hospitalité. »
Y a-t-il encore de la place disponible ?
A.D. : « Oui, un peu. Même si c’est déjà bien rempli, nous pouvons encore tout à fait accueillir un partenaire premium. Cela dépendra des opportunités. Idem pour les partenaires officiels. Quant aux fournisseurs officiels, c’est plus souple, car il n’y a pas de contraintes de visibilité sur le court. On peut facilement créer des stands, proposer de la billetterie, etc. »
Quels sont les tickets d’entrée ?
A.D. : « Ils varient beaucoup. C’est très dépendant des dispositifs proposés à chaque marque. Globalement, on parle de plusieurs centaines de milliers d’euros pour un partenariat officiel ou premium. Pour les fournisseurs officiels, c’est plus accessible, car il n’y a pas de visibilité court. On peut envisager des premiers dispositifs autour de 100 000 euros. »
Quels secteurs vous intéressent en prospection ?
A.D. : « Plus d’une centaine de marques sont actives dans l’univers du padel au niveau mondial. Les secteurs les plus représentés sont : automobile, sport, textile, banque, assurance, distribution/e-commerce, les équipements de terrain, hôtellerie, tourisme, télécoms, etc. Certains sont déjà pris chez nous, en revanche, des catégories comme la santé, les cosmétiques, les télécoms, l’hôtellerie sont encore disponibles. Et on voit aussi un fort potentiel du côté du food & beverage. »
Qui nourrit le plus l’autre en image : la marque ou l’évènement ?
A.D. : « C’est un cercle vertueux dans lequel les 2 partenaires se nourrissent mutuellement. Alpine apporte ainsi modernité, dynamisme, et une image premium au tournoi. Nous comptons sur nos partenaires pour renforcer l’image du tournoi et surtout le promouvoir. L’Alpine Paris Major a besoin de notoriété. L’implication des partenaires contribue grandement à cet objectif. »
Existe-t-il des passerelles marketing entre Roland-Garros et l’APM, entre le tennis et le padel ?
A.D. : « Déjà, il y a des points communs entre les disciplines : ce sont des sports de raquette pas si éloignés. Le padel se joue avec des balles dépressurisées proches de celles utilisées au tennis, possède un circuit professionnel majeur, le “Premier Padel Tour”, d’environ 25 tournois par an, des “finals” à Barcelone, une fédération internationale (la FIP) et des ambitions olympiques… Mais il y a aussi des différences, en premier lieu sur les items d’image : le tennis, surtout via Roland-Garros, incarne l’élégance, le prestige, l’histoire. Le padel, et notamment l’APM, se positionnent davantage sur la convivialité, l’accessibilité, et un aspect fun. »
Quel sera l’enjeu de l’édition 2025 de l’APM ?
A.D. : « Ce sera notamment la “démocratisation” du profil des visiteurs. Il faudra attirer également des non-pratiquants. Aujourd’hui, 8 à 9 visiteurs sur 10 sont eux-mêmes joueurs de padel. Il faut élargir cette base, même si celle-ci est elle-même en forte augmentation. C’est la même chose pour la consommation télé. Paradoxalement, la discipline est très accessible en pratique, mais est moins consommée en média. Il va falloir un peu de temps pour développer cette audience. J’en reviens aux visiteurs : le profil est CSP+, jeune et mixte. Environ 30% n’étaient jamais venus au stade Roland-Garros avant de découvrir l’APM, ce qui permet de toucher un nouveau public. »
Entretien : Bruno Fraioli
© SportBusiness.Club Avril 2025