Sur les terrains de Staten Island, à New York (États-Unis), des adolescentes bouleversent les lignes d’un sport longtemps réservé aux garçons. Elles pratiquent le flag, une variante allégée du football américain, sans contacts : il suffit d’arracher un ruban accroché à la taille de l’adversaire pour stopper une action. Plus sûr, plus inclusif, ce format a vu sa pratique exploser chez les jeunes filles. Une popularité portée par l’arrivée de la discipline dans le programme des Jeux olympiques de Los Angeles 2028.
Michael Colt, 44 ans, entraîne les Staten Island Giants, championnes nationales des moins de 18 ans en 2024. Il est l’un des artisans de l’ascension de ce sport outre-Atlantique. « À nos débuts, personne ne voulait entraîner des filles. On s’est battu pour tout », résume-t-il. Depuis 2019, ses équipes ont accumulé les titres et plusieurs joueuses ont rejoint l’équipe nationale.
Le flag, qui a la particularité de pouvoir proposer des équipes mixtes, compte désormais près de 270 000 pratiquantes âgées de 6 à 17 ans, selon USA Football. Pour Brielle Caetano, 14 ans, ce sport est une révélation. « Les gens sont choqués quand je leur dis que je joue au flag. Encore plus quand j’explique que ça peut mener à une bourse universitaire, » lâche l’adolescente.
À 16 ans, Annie Falcone insiste : « Le foot [US] a toujours été vu comme un sport de garçons. Le flag change ça. Il plaît aux filles de tous âges. » Joué le plus souvent à cinq contre cinq, la discipline permet de réduire drastiquement les blessures et les commotions cérébrales, fléaux du football américain classique et d’autres sports, comme le rugby ou même le “soccer”.
L’Euro 2025 en France
Toute puissante aux Etats-Unis, la NFL (National Football League), la ligue professionnelle de foot US, peine à sortir de ses frontières. Elle mise sur ce levier pour se développer à l’international. En juillet 2024, la NFL a organisé son propre tournoi de flag, avec sponsors et retransmission TV. « C’est probablement leur meilleure carte de croissance mondiale, sinon la meilleure », analyse Scott Hallenbeck, directeur général d’USA Football. Ce développement est appuyé par la fédération internationale, dont le président, Pierre Trochet, est Français.
Déjà soutenus par la franchise NFL des New York Giants, les Staten Island Giants profitent aussi de familles de joueuses particulièrement investies. « J’aurais aimé avoir ça quand j’étais jeune », confie Amanda Sica-Irizarry, maman impliquée dans le club. À trois ans des Jeux de Los Angeles, l’effet olympique se fait sentir. « C’est une source de motivation pour moi et pour toutes les filles », affirme Annie Falcone.
Mais la NFL voit plus loin : son patron Roger Goodell a révélé en février 2025 que des investisseurs de premier plan avaient manifesté leur intérêt pour créer une ligue professionnelle, féminine et masculine. Michael Colt en est convaincu : « Ce sera un sport pro d’ici 2032. » D’ici là, les Français pourront découvrir la discipline en septembre prochain grâce aux championnats d’Europe disputés dans le Val-de-Marne. (Avec AFP)
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