Pour beaucoup de professionnels français du tourisme, la communication autour des Jeux olympiques de Paris 2024 est jugée trop négative et pas à la hauteur de la “fierté” que devrait inspirer l’événement. Des membres de l’Alliance France Tourisme, un organisme qui réunit de grandes entreprises du secteur comme Accor, Belambra, SNCF Connect ou encore la Compagnie des Alpes, s’en sont émus à l’occasion de la présentation d’un jeu vidéo sur “l’hospitalité à la française” mardi 5 mars 2024.
Ce jeu, a été présenté comme une “initiative optimiste”, “parce qu’elle vient porter un message d’ouverture aux touristes étrangers” et “que notre pays ne saurait se résoudre à commenter les Jeux olympiques sur ce qui ne fonctionnerait pas”. « C’est insupportable pour nous commerçants, hôteliers, cafetiers d’accueillir ce grand événement, de préparer ces JO et d’avoir l’impression de subir,» s’est agacé Alexandre Liot, directeur général des Galeries Lafayette France.
Le jeu immersif, accessible via un QR Code et développé par le groupement d’intérêt économique VR Connection, propose deux modules, l’un de culture générale sur Paris, avec un focus sur les sites des JO, et un autre qui propose d’aider des touristes dans diverses situations (transport, sécurité…). L’Alliance espère diffuser ce jeu au plus grand nombre, en commençant par le million d’employés des entreprises qui la composent, les offices de tourisme, les taxis, mais aussi les 30 000 policiers et gendarmes qui seront déployés pendant les JO, sachant que les questions relatives à la sécurité ont été validées par le ministère de l’Intérieur.
“Accueillir des JO, c’est exceptionnel”
Le jeu sera disponible jusqu’à la fin des Jeux paralympiques, et pourra même être utilisé après, espèrent les commanditaires. Ce projet à 100 000 euros n’a toutefois reçu ni le blanc-seing du comité d’organisation de Paris 2024, ni d’Atout France, l’agence chargée de la promotion du tourisme français à l’étranger, au grand regret de l’Alliance. « Pour nous, il était important de montrer maintenant au reste du monde que oui, nous sommes prêts à accueillir les Jeux,» explique Leslie Rival, secrétaire générale de l’Alliance.
« Accueillir des JO, c’est exceptionnel. Il faut remettre cette fierté chez les Parisiens, chez les Français,» a souligné Patrick Mendes, directeur général Europe et Afrique du Nord chez Accor, qui “a eu la chance” de travailler à Rio pendant les Jeux olympiques organisés là-bas en 2016. Car, aujourd’hui, pour le secteur du tourisme la communication autour des Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024 est jugée trop négative. « Il y a même eu un titre de JT sur la multiplication des MST pendant les JO, c’est du n’importe quoi,» s’emporte une professionnelle.
Des retombées au-delà des Jeux
Déjà en janvier, la première organisation patronale du secteur de l’hôtellerie-restauration en Ile-de-France, le GHR, s’alarmait de la “communication anxiogène” des autorités autour des Jeux olympiques. « Jusqu’à il y a peu, on avait l’impression qu’un typhon allait venir ravager la Ville de Paris : on a dit “il faut télétravailler, faut pas aller dans les transports, il faut quitter la ville…” Alors que c’est censé être une fête populaire, on est censé rassembler les gens,» résumait fin février dernier Vanguelis Panayotis, PDG du cabinet de conseil MKG Consulting, sur Sud Radio.
Au-delà de la communication, les acteurs attendent aussi une nouvelle réunion du comité interministériel du tourisme pour aborder notamment les Jeux olympiques, qui devrait se tenir en avril prochain. « Le tourisme ce n’est jamais gagné, il faut que les partenaires travaillent ensemble sur du long terme,» car les retombées devraient aller bien au-delà de la période des Jeux, fait valoir Dominique Marcel président de l’Alliance.
Début mars, c’est le chef Thierry Marx, président de l’Umih, première organisation patronale de l’hôtellerie restauration au niveau national, qui s’inquiétait dans les colonnes du Figaro : « la France n’en fait pas assez pour assurer l’avenir de son tourisme. Ni sur la formation, ni sur la prise en compte des impacts environnementaux, ni pour assurer une diversité de l’attractivité de la France». (Avec AFP)
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