« Bien dormir ? Non, ça c’est fini… Mais le moment est exaltant ». Attablé devant un verre de rosé frais, Thierry Reboul n’a pas la mine du gars qui rentre de vacances. Le patron des cérémonies de Paris 2024 compte les jours, et les nuits. Dans moins de 60 jours, vendredi 26 juillet 2024, il sera aux commandes de la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques. Ce sera du jamais vu : un stade à ciel ouvert de douze kilomètres, six de chaque côté de la Seine, en plein centre de la capitale. Le défi à relever est immense. Thierry Reboul, qui a déjà accroché une tyrolienne au deuxième étage de la Tour Eiffel et fait flotter une piste d’athlétisme sur la Seine, sait qu’il n’a pas le droit à l’erreur.
Et pourtant, l’enfant terrible de l’événementiel le voulait ce challenge. « Dès le début, je voulais sortir du stade, et les Champs-Elysées étaient trop convenus,» confie-t-il à quelques médias du groupe Influencia, dont SportBusiness.Club. « L’idée de cette cérémonie m’est venue en me promenant le long de la Seine,» relate-t-il. Et c’est avec Thomas Jolly, son Directeur artistique, qu’il écrit la partition. « Thomas et moi nous nous entendons extrêmement bien, avec un niveau de complicité et de confiance qui, plus qu’un atout, est une condition sine qua non pour réussir, assure Thierry Reboul. Nous avons aussi en partie les mêmes défauts, comme ne pas savoir s’arrêter pour pousser une idée à son meilleur, ce qui peut rendre notre entourage parfois hystérique ! »
Un dossier de deux mètres de haut
Cette cérémonie, c’est l’événementiel XXL qu’il aime et revendique. Malgré les contraintes « Je n’ai jamais voulu me laisser imposer de contraintes, en dehors des très nombreuses inhérentes à ce type d’événements, affirme-t-il. Tony Estanguet [le président de Paris 2024] est venu me chercher en sachant que la contrainte serait pour moi un moteur créatif, et non un carcan dans lequel je resterai enfermé ». La seule règle du jeu avec laquelle composer, c’est la limite sécuritaire. « Le dossier technique, ce sont des dizaines de milliers de pages, et deux mètres de hauteur,» rigole-t-il.
Et qui l’aurait cru ? Même le Comité International Olympique (CIO), souvent très tatillon sur le respect des règles et de la tradition, à pratiquement donner carte blanche. « Honnêtement, ils adorent, affirme Thierry Reboul. Au travers de ces cérémonies, et en particulier celle de l’ouverture des Jeux olympiques, je pense qu’ils y voient une ouverture et une forme de renouveau ». Du coup, même le protocole est bouleversé. On sait ainsi, que les animations événementielles se succéderont en plein défilé des athlètes. Une révolution !
Quelles surprises ?
Pour plus de détails, il faudra attendre. Thierry Reboul est une tombe à propos de son bébé. « Il faut bien garder quelques surprises, non ?» lance-t-il malicieusement. Des surprises, il en promet durant sa cérémonie. Qui allumera la vasque ? « Nous ne sommes que deux à le savoir », sourit-il. Même un second verre de rosée ne le fera pas parler plus. Tout juste sait-on que la cérémonie “raconteras la France à travers ses valeurs”. Et ses clichés ? « A l’international, ils verront trois heures de Paris, de la France, peut-être dans ses clichés, ou alors, peut-être que nous nous en servirons dans notre narration,» indique t-il.
Quatre auteurs, dont les noms seront dévoilés prochainement, ont écrit la cérémonie, avec un récit “spectaculaire et décalé” avec, sans doute, des passages qui pourront faire débat. En tout cas parler dans les chaumières. Aujourd’hui, tout serait prêt. La principale difficulté, ce sont les répétitions. Impossible de le faire sur la Seine. « C’est un véritable “Rubik’s Cube” à monter en toute discrétion,» reconnait il. Mais il ajoute : « Je suis là parce que je peux m’éclater et m’amuser, clame-t-il. Il faut être fou, oui…». Les nuits vont être de plus en plus courtes. Comme celles d’un gamin qui sait qu’il va aller à Disneyland.
Bruno Fraioli
© SportBusiness.Club Mai 2024