Certains n’avaient jamais refait de sport depuis leur accident. Samedi 1er et dimanche 2 juin 2024, Ottobock, entreprise spécialisée dans les orthèses et les prothèses, partenaire des Jeux de Paris 2024, a aidé à remettre en piste des personnes en situation de handicap. L’opération baptisée Running Clinics s’est tenue sur la piste d’athlétisme du stade Pershing, à deux pas de l’INSEP, dans le Bois de Vincennes, à l’Est de Paris. Créé il y a 14 ans, l’événement se disputait pour la deuxième édition dans la capitale après celui de septembre 2023.
« L’objectif est de redonner la possibilité à des personnes amputées de courir, expliquait l’ancien champion paralympique Heinrich Popow, co-fondateur du projet avec Ottobock. Elles ne pensent pas qu’elles peuvent être actives et sont souvent contentes de simplement pouvoir marcher à nouveau. Lors de ces journées, nous leur montrons qu’elles peuvent faire des exercices plus intensifs. » Étirements actifs, sauts pieds joints, montée de genoux… les ateliers proposés permettent à ces athlètes amateurs de reprendre progressivement la course à pied et gérer les premières foulées avec leur nouvelle prothèse sportive.
Le frein du prix des prothèses
La marque de prothèses, “Supporteur officiel” de Paris 2024 et associée aux Jeux Paralympiques depuis les Jeux de Séoul (Corée du Sud) en 1988, a mis à disposition, pour le week-end des “runners” une lame destinée à la pratique de la course à pied pour les débutants et expérimentés. Heinrich Popow l’a lui-même utilisé lors de ses participations aux Jeux paralympiques. « Chaque valise comprend différentes pièces, détaillait l’orthoprothésistes Dalila Kemmache. Certaines lames sont plus petites pour les amputés tibiaux, et d’autres plus longues, pour les amputés fémoraux. Il y aussi des adaptateurs pour faire le lien entre l’emboîture et la lame ».
« Ce que vous voyez aujourd’hui est du matériel d’essai, indiquait Jean-Yves Audran, directeur industriel et patient Care d’Ottobock. Ce week-end, certains vont découvrir des sensations extraordinaires et viendront ensuite revoir pour dire “je veux absolument continuer : Comment je fais ?”. C’est à partir de là que ça va commencer à coincer !». Pourquoi ? Parce que ces appareillages sportifs coûtent chers et ne sont pas remboursées par la sécurité sociale et coûtent très cher.
Pour Pierre, 33 ans, qui attendait ce moment avec impatience, le prix de la prothèse qu’il a acheté oscille entre 22 000 et 26 000 euros. Victime d’un accident de la voie publique en 2020 cet ancien coureur de 10 kilomètres espère boucler un 5 kilomètres avant la fin de l’année. « Comme mon amputation a fait suite à un accident, j’ai eu la possibilité d’avoir des fonds par le tiers payant me permettant de m’acheter une. Des personnes qui ont une amputation à cause d’une maladie vont avoir beaucoup plus de difficultés à s’en procurer une. » Une aberration selon lui, surtout en cette année de Jeux à Paris.
Réparation gratuite pour les athlètes
« Oui, les dispositifs sont relativement chers, poursuivait Jean-Yves Audran. Mais si l’on regarde l’ensemble de la prestation qui est fournie, notamment avec le suivi du patient, et de l’autonomie qui est donnée aux patients, le coût n’est rien. Si on le compare au coût de l’acte chirurgical, des coûts thérapeutique ou médicamenteux ou encore le coût de l’équivalent bien être de cette autonomie, les sommes seraient bien plus importantes ».
Cet été, lors des Jeux paralympiques, Ottobock installera un atelier de réparation gratuit au cœur du Village des Athlètes. Cette opération, qui coutera à l’entreprise allemande, doit permettre aux athlètes d’aller chercher la médaille d’or. Un autre objectif dont le niveau apparaît aussi élevé et aussi dur que le challenge de la reprise du sport.
Killian Tanguy
© SportBusiness.Club Juin 2024
