23 juin 2024

Temps de lecture : 4 min

Paris 2024. Le jeux des conflits sociaux en ouverture

A près d’un mois du début des Jeux olympiques de Paris, les fonctionnaires d’Etat qui seront mobilisés cet été sur l’événement, sont soulagés. Dimanche 23 juin 2024, ont été publiés les décrets leur garantissant le versement de primes supplémentaires allant jusqu’à 1 500 euros. Plusieurs catégories de fonctionnaires sont concernés par ce “relèvement temporaire (…) des montants maximaux réglementaires de certaines primes et indemnités.” dû à un surcroit d’activité.

À l’approche du début des Jeux, le 26 juillet prochain, plusieurs secteurs professionnels ont profité de l’occasion et de l’ampleur médiatique de l’événement pour faire entendre leurs revendications. Les conflits sociaux ont été nombreux dans plusieurs secteurs publics. Généralement, tous ont obtenu gain de cause. Revue d’effectifs.

RATP. Entre septembre 2023 et janvier 2024, les agents de la RATP ont déclenché grèves et manifestations, causant d’importantes perturbations dans les transport en commun franciliens. Leurs revendications se concentraient autour d’une augmentation de salaire de 10%, mais aussi de meilleures conditions de travail et des embauches supplémentaires. En réponse, les 30 000 salariés de la RATP mobilisés toucheront une prime de 1 000 euros brut en moyenne, avec des montants allant jusqu’à 2 500 euros brut pour les conducteurs de métro et de RER. En plus de cela, ils ont obtenu une augmentation salariale de 5% et l’embauche de 1 500 agents supplémentaires. Toutefois, certains métiers n’ont pas encore obtenu satisfaction, notamment les chauffeurs de bus.

SNCF. En décembre 2023 et début janvier 2024, et même en mai dernier, les employés de la SNCF ont également mené des grèves affectant le réseau TGV mais aussi et les trains régionaux. Ils réclamaient une augmentation de salaire de 10% et des embauches supplémentaires pour gérer l’afflux de visiteurs. La direction de la SNCF a proposé une prime de 95 euros quotidiens pouvant aller jusqu’à 1 900 euros pour les cheminots déployés pendant les Jeux. Cela représente environ 40 à 50 000 personnes. S’ajoutent une augmentation salariale de 5% et l’embauche de 500 agents supplémentaires. Un accord a été signé le 4 juin dernier par la CGT.

Police Nationale. En janvier 2024, des centaines de policiers ont manifesté devant l’Hôtel de Ville de Paris, ainsi qu’à Strasbourg et Bordeaux. Ils réclamaient des primes pour ceux travaillant durant les Jeux et des aides pour la garde d’enfants. En 2023, les policiers avaient déjà organisé des manifestations et même des mouvements de grèves afin de souligner le manque de ressources. Ils pointaient aussi la dangerosité de leurs conditions de travail. Les policiers demandaient une augmentation salariale de 20%, de meilleures conditions de travail et le recrutement de 5 000 agents supplémentaires pour gérer la charge de travail liée aux Jeux. Le gouvernement a accordé aux policiers et gendarmes déployés durant les Jeux une prime exceptionnelle allant jusqu’à 1 900 euros. Par ailleurs, les forces de l’ordre auront aussi le droit à une “prime de voie publique” mensuelle de 50 euros en 2024 qui augmentera à 100 euros en 2025.

Pompiers. En janvier 2023, les pompiers se ont mis en grève et ont manifesté, notamment à Paris, avec même des “défilés” de véhicules d’intervention afin de sensibiliser le public. Ils réclamaient une augmentation de salaire de 15%, une reconnaissance accrue de leur travail et des équipements de sécurité modernes. Les hommes du feu ont obtenu l’extension de la prime des policiers et gendarmes à leur corporation soit 1 000 à 1 900 euros pour les JO.

Éboueurs. En mars 2023, les éboueurs ont mené plusieurs grèves à Paris, perturbant ainsi le ramassage des poubelles et attirant ainsi l’attention sur leurs revendications. Ils demandaient une augmentation salariale de 10% et des améliorations de leurs conditions de travail. Après un accord avec la Ville de Paris, ils ont obtenu des primes allant de 600 à 1 900 euros, en fonction du degré d’intensification de la charge de travail pendant les Jeux.

Contrôleurs aériens. En novembre et décembre 2023, les contrôleurs aériens ont mené des grèves et des arrêts de travail, perturbant le trafic aérien. Ils demandaient des augmentations salariales de 15%, de meilleures conditions de travail et des embauches supplémentaires afin de gérer l’augmentation du trafic aérien. En décembre, les contrôleurs aériens ont obtenu de la part d’Aéroports de Paris (AdP) des hausses de salaire pérennes comprises entre 1,5% et 4,6%, et des primes spéciales mensuelles de 1 000 euros pour la période des Jeux les JO. En contrepartie AdP a demandé une interdiction de faire grève pensant les jeux.

AP-HP. En mars 2023, les soignants de l’Assistance Publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP) ont organisé des grèves et des manifestations pour attirer l’attention sur leurs conditions de travail jugées difficiles. Ils réclamaient des augmentations salariales et de meilleures conditions de travail pour faire face au possible afflux de patients et aux risques sanitaires potentiellement plus importants durant les Jeux. Seul le personnel mobilisé en renfort pourra prétendre à des primes : elles iraient de 800 euros par semaine pour un agent d’entretien à 2 500 euros pour un médecin.

Raphaël Fredou
© SportBusiness.Club Juin 2024

Les cas précédents à Londres (2012) et Rio (2016)

Les Jeux olympiques de Londres en 2012 avaient également été marqués par des conflits sociaux les mois et semaines précédents leur ouverture. En juillet 2012, les agents de sécurité, les employés des transports en commun et d’autres fonctionnaires avaient mené des actions pour exiger de meilleures conditions de travail et des augmentations salariales. Les employés des transports en commun avaient fait grève et manifesté pour réclamer des primes spécifiques et des améliorations des conditions de travail. En réponse, ils ont obtenu des primes de 850 livres sterling pour la durée des Jeux, des engagements pour renforcer les effectifs pendant les périodes de pointe et des promesses d’amélioration des conditions de travail post-Jeux.

Au Brésil, à Rio, les Jeux Olympiques de 2016 avaient aussi généré des tensions sociales importantes. En juin et juillet 2016, les policiers, pompiers et personnels médicaux avaient protesté contre les retards de paiement de salaires et les mauvaises conditions de travail. Ces travailleurs avaient fait grèves et manifesté y compris devant les principaux sites olympiques. Le gouvernement a fini par effectuer des paiements des salaires en retard et avait promis une augmentation salariale de 10%. Cependant, de nombreux engagements n’ont jamais été tenus après les Jeux. Cela a entraîné un sentiment d’amertume parmi les travailleurs.

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