Des milliers de matelas, oreillers, tables, matériel sportif… depuis la mi-septembre 2024 et le départ des derniers athlètes des jeux le Village olympique de Saint-Denis est vidé de ses équipements. Tout est démonté une grande partie de ce mobilier prend la direction d’une seconde vie. Meubles et matelas sont notamment offerts à Emmaus : 54 000 meubles, 9 000 matelas, 11 000 oreillers. Les 16 000 lits Airweave iront entre autres à l’armée, à l’école de l’Opéra de Paris ou encore à l’école hôtelière Tsuji.
Les Jeux sont finis, mais rien n’est jeté. C’était même un des axes majeurs du Comité d’organisation. Une directive écrite noir sur blanc sur le contrat de Lyreco, qui veut en profiter. Supporteur officiel de Paris 2024, l’entreprise nordiste spécialisée dans le mobilier de bureau débarrasse aussi les 300 000 chaises, tables, armoires ou lampes installées sur les différents sites. « Les trois principaux, rassemblant 40% de ces pièces, sont les deux villages, des athlètes et des médias, et l’IBC (International Broadcast Center),» indique Sébastien Melot, chargé de mission Paris 2024 chez Lyreco.
Moins de 10% du matériel dégradé
Les vastes halls du Parc des expositions du Bourget, au Nord de Paris, qui ont accueilli durant les Jeux les télévisions du monde et leurs 10 000 journalistes ou techniciens, sonne désormais creux. Fin octobre, Paris 2024 devra rendre les clés du site. Alors, les équipes de Lyreco s’activent pour démonter, trier, reconditionner et réacheminer dans des entrepôts tout le matériel installé avant l’été dont 18 000 chaises et autant de tables. Tout est réemballé dans les cartons d’origine qui avaient été conservés : 70 tonnes. « Finalement, moins de 10% du matériel était trop dégradé et n’a pas été conservé, commente Sébastien Melot. Concernant les armoires, seules 90 n’avaient plus de clés ».
Désormais, c’est un autre challenge qui attend Lyreco : la revente de cette quantité considérable de mobilier de bureau d’occasion. « Courant auprès des consommateurs, l’usage de produits de seconde main ne l’est pas encore au sein des entreprises, explique Gauthier Delannoy, Directeur marketing produits et services chez Lyreco. Une acculturation à la seconde main pour du matériel de bureau est nécessaire auprès des services généraux des sociétés ». Avec des tarifs pouvant descendre à -80% par rapport au neuf, les dirigeants de sociétés devraient rapidement voir l’intérêt économique.
Le défi pour Lyreco est important car la revente du matériel loué à Paris 2024 est un élément clé du double contrat signé avec le Comité d’organisation : d’un coté celui marketing qui confère à Lyreco le statut de Supporteur officiel, de l’autre celui de prestataire technique. A priori, le montant du second ne compense pas l’investissement du premier. D’où la nécessité de réussir la partie vente. « Ce modèle vit sur plusieurs années, confirme Gauthier Delannoy. Tout dépendra de ce que l’on vendra en seconde main, mais nous sommes déjà au -dessus de nos objectifs ». A ce jour, 20% des produits auraient déjà été revendus.
Un marché d’un milliard d’euros
Rien n’est acquis, car rien ne dit que le marché du mobilier professionnel puisse absorber autant de matériels arrivés d’un coup sur le marché. « Nous avons 42 000 chaises à revendre et sur ce modèle cela représente 20 ans,» reconnait Gauthier Delannoy. « Nous serons forcément cannibalisés sur la vente du neuf, mais pas à 100% car la seconde main va intéresser une partie de la clientèle qui n’avait pas les moyen de s’acheter du neuf,» rassure Simon Tancré, Directeur marque et communication de Lyreco.
L’héritage de Paris 2024 pour Lyreco, et le pari de l’entreprise, qui n’a pas vocation “a devenir partenaire de l’événementiel » et donc d’autres compétitions sportives internationales, est donc de créer et développer une véritable filière de seconde main de matériel de bureau en France, un marché qui devrait représenter un milliard d’euros à horizon 2027. Pour Lyreco, ce serait au moins 10% de son chiffre d’affaires. Avec l’expérience de Paris 2024, l’entreprise nordique a pris une foulée d’avance sur ses concurrents.
Bruno Fraioli
© SportBusiness.Club Octobre 2024