Le basket universitaire américain attire de plus en plus de jeunes joueurs européens grâce à des rémunérations inédites. Récemment libérées du strict amateurisme, les universités proposent désormais des salaires allant jusqu’à deux millions de dollars par an (environ 1,85 million d’euros). Une somme équivalente à celle d’un top joueur d’Euroligue, comme le souligne Philippe Ausseur, président de la Ligue Nationale de Basket (LNB). Une dizaine de jeunes Français ont déjà cédé à l’appel des campus américains, dont Wilson Jacques, MVP du championnat Espoirs Elite, recruté par Fresno State (Californie, États-Unis).
Ce changement de paradigme résulte de deux décisions juridiques majeures aux États-Unis : la reconnaissance d’un droit à l’image pour les étudiants-athlètes, et le partage des revenus entre universités et sportifs de haut niveau. Le championnat NCAA génère à lui seul plus d’un milliard de dollars par an (environ 920 millions d’euros), désormais partagés avec les joueurs. Ainsi, des infrastructures de qualité, un encadrement professionnel et des promesses salariales font pencher la balance en faveur des États-Unis.
La mort des centres de formation
Pour l’instant, les jeunes européens les plus proches de la NBA privilégient encore les championnats professionnels du continent, pariant sur le Draft. Joan Beringer, justement récemment “drafté” par Minnesota après un passage en Slovénie, justifie ce choix par un niveau plus exigeant et une meilleure lecture du jeu. Mais il reconnaît l’attractivité du système universitaire américain : « Tout est fait pour séduire les joueurs, et il y a de l’argent, il ne faut pas se mentir.»
La LNB s’inquiète des conséquences sur les clubs formateurs. Contrairement à la NBA, qui prévoit des compensations pour les clubs d’origine, la NCAA ne reverse rien. Philippe Ausseur alerte : « Les clubs européens finiront par ne plus vouloir former. Et on sera tous perdants.» Selon Marca, le Real Madrid et le FC Barcelone envisagent même de fermer leurs centres de formation, faute de garanties.
Des pistes de solutions émergent pourtant. Le scout Marin Sedlacek mise sur un possible reflux du phénomène si les résultats sportifs ne sont pas au rendez-vous. L’agent Yann Balikouzou appelle à repenser le traitement des jeunes en Europe : plus de temps de jeu, meilleure reconnaissance salariale, et accompagnement éducatif. Philippe Ausseur plaide pour un premier contrat exonéré d’impôts afin de limiter les départs. Pour que le basket européen puisse encore croire en son avenir. (Avec AFP)
© SportBusiness.Club – Juillet 2025