Interview. En attendant que Tadej Pogačar ne tente le même défi fou, Cervélo a, comme en 2023, réussi à s’imposer sur les trois grands tours cyclistes en 2025 en fournissant les vélos de Simon Yates, vainqueur du Giro d’Italia, Jonas Vingegaard, premier de Vuelta et de la Française Pauline Ferrand-Prévot, qui a décroché sur le Tour de France femmes. Trois coureurs de Visma-Lease a Bike. Une fierté pour la marque.
En octobre dernier, au Roc d’Azur organisé à Fréjus (Var), Cervelo elle a exhibé sur son stand les trois vélos rose, rouge et jaune enfourchés par les trois champions. De quoi attirer les visiteurs de ce salon du cycle qui n’hésitaient pas à prendre des photos en nombre. Un beau coup marketing, notamment orchestré par Yann Simon, responsable marketing de la marque en France. SportBusiness.Club l’a rencontré.
Les trois vélos exposés attirent le public, n’est-ce pas ?
Yann Simon : « C’est impressionnant. Déjà le Team Visma Lease a Bike en lui-même attire. Nous avons beaucoup de cyclistes qui viennent en magasin demander un Cervélo grâce à l’aura et l’image de l’équipe. En termes marketing, c’est hyper important. Et puis, c’est vrai que cette année a été assez incroyable avec ces trois victoires sur les trois grands Tours. »
À quel point ces victoires apportent-elles de la visibilité à la marque ?
Y. S. : « C’est un peu contrasté. D’un côté, il y a les passionnés de cyclisme auprès desquels ces victoires permettent de développer la notoriété de Cervélo. C’est encore plus le cas en France avec le Tour de France : une marque qui n’est pas sur le Tour aura du mal à vendre sur le marché. Les non passionnés, eux, ne font pas encore le lien. Ils connaissent Visma, ils connaissent Jonas Vingegaard, mais ils ne savent pas forcément qu’ils roulent avec un Cervélo. »
Comment mesurez-vous l’impact pour la marque ?
Y. S. : « Ce n’est pas toujours évident. Nous fournissons les vélos à l’équipe depuis plusieurs années, donc nous avons remarqué progressivement cette montée en puissance. Mais récemment un autre équipementier (Sram) est arrivé comme partenaire de l’équipe. Eux, nous ont affirmé qu’il y avait eu un effet immédiat en notoriété, que ce soit en magasin ou en nombre de visites sur le site. »
Vous ne cherchez donc à attirer que des cyclistes visant la performance ?
Y. S. : « Exactement. Nous cherchons avant tout à faire des produits pour les cyclistes qui vont aller chercher les gains marginaux sur l’aérodynamisme et qui sont sensibles aux beaux produits, à la qualité, à des vélos rapides. C’est principalement de la route : l’effet Vismaprofite principalement à la gamme route. Mais aujourd’hui, Cervélo fait aussi des vélos de gravel. Forcément, cette gamme bénéficie aussi de cette notoriété. Cervélo est aussi connu pour être une marque technique et c’est davantage cette aura qui va attirer les cyclistes sur le gravel. »
Vous ne vous intéressez donc pas aux pratiquants de VTT, majoritaires ici au Roc d’Azur ?
Y. S. : « Cervélo fait partie du groupe Pone.Bike Performance, qui est une grosse entreprise néerlandaise propriétaire de la marque depuis 2012. Elle possède également Santa Cruz, qui est une marque dédiée aux VTT, que ce soit le cross-country, la descente ou l’électrique. Nos deux stands se touche,nt d’ailleurs ici ».
Il y a-t-il des synergies entre les deux marques ?
Y. S. : « Si, effectivement, il y en a puisque c’est Pone.Bike Performance qui gère les deux marques, que ce soit pour le marketing, la vente ou le service après-vente. Ce sont les mêmes personnes qui travaillent sur les deux marques. Avant Cervelo, j’ai, par exemple, débuté chez Santa Cruz. Ces deux marques sont très complémentaires. »
Que représente le marché fran8*çais pour Cervélo ?
Y. S. : « Je ne donnerais pas de chiffres, d’abord parce que je suis très mauvais en chiffres et que je ne les maîtrise pas toujours. Je peux juste dire que la France est un marché assez important. Mais en Europe, le plus important reste l’Allemagne. La France n’est pas loin derrière avec l’Italie. Autrefois l’Angleterre était un marché très porteur, mais il l’est moins aujourd’hui à cause du Brexit. »
Quelles sont les perspectives de développement dans les prochaines années ?
Y. S. : « Depuis la création de l’entité en France, il y a cinq ou six ans, nous sommes en constante progression, mais nous ne souhaitons pas exploser (sic). Nous ne voulons pas devenir une marque avec des centaines et des centaines de revendeurs en France. Cervelo bénéficie d’un réseau d’une centaine de revendeurs qualifiés et nous voulons essayer de travailler avec eux car ils connaissent bien la marque et les produits. »
Et pour le gravel ?
Y. S. :« C’est comme pour la route, nous avons choisi un segment très particulier : le gravel de performance. Notre gamme est composée de vélos vraiment dédiés à la vitesse et la compétition. Ce n’est pas le plus développé du marché aujourd’hui, mais sur ce secteur là, nous fonctionnons plutôt bien. »
Entretien : Killian Tanguy
© SportBusiness.Club – Décembre 2025