1 novembre 2025

Temps de lecture : 1 min

Les femmes restent exclues des équipements sportifs

Les femmes restent largement absentes des city stades et espaces sportifs extérieurs. Entre gêne, pression sociale et initiatives locales, elles tentent d’y reprendre place.

À Pantin (Seine-Saint-Denis), Lyna Abbaoui, 14 ans, observe les agrès d’un square où les hommes enchaînent pompes et tractions. « Comme d’habitude, il n’y a pas une seule fille,» constate-t-elle. Ce constat l’a poussée à agir : la collégienne a proposé, dans le cadre du budget participatif 2025, la création d’un espace sportif réservé aux femmes. Le projet, financé à hauteur de 50 000 euros, permettra à celles qui n’osent pas s’exposer dans les parcs de pratiquer en toute tranquillité. « J’ai pensé à ma mère, qui aimerait faire du sport dehors mais n’aime pas être regardée,» explique Lyna. Une initiative qui répond à un ressenti partagé.

Selon Corinne Luxembourg, professeure à l’Université Sorbonne Paris Nord, beaucoup de femmes renoncent à ces espaces par crainte du regard des autres : « Même sans agression ni harcèlement, le simple fait d’être observée reste inconfortable ». Une étude du Centre Hubertine Auclert en 2024 confirme ce déséquilibre : les city stades sont fréquentés à 95% par des garçons. À Aubervilliers (Seine-Saint-Denis), Anne-Sophie Hagi Suleiman et Véronique Valenzuela se souviennent de leur équipe de foot féminine, les Hyènes, qui devait “négocier en permanence” sa présence face aux jeunes du quartier. « C’était presque politique d’être là,» confie Véronique.

Un espace public mixte

Pour d’autres militantes, comme Maguy Ly, 76 ans, membre du collectif “Place aux Femmes”, la responsabilité incombe aussi aux élus. « J’ai demandé que les appareils soient moins hauts et pas visibles de la rue, mais personne n’a écouté,» regrette-t-elle. Une opinion partagée par la géographe Édith Maruéjouls, fondatrice de l’Atelier Recherche Observatoire Égalité : « Construire un équipement sportif n’est jamais neutre. On ne peut pas dire qu’il est ouvert à tous si les femmes n’osent pas venir ».

Certaines initiatives locales montrent pourtant la voie. À Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis), le Comète Club, équipe de basket féminine, a obtenu de la mairie une convention d’occupation hebdomadaire d’un city stade. « On a eu seulement trois accrochages,» indique Carole Cicciu, sa fondatrice. La municipalité a aussi installé un éclairage pour garantir la sécurité des joueuses et prolonger les séances en hiver. « Ces projecteurs profitent à tous, y compris aux hommes,» sourit-elle. Des gestes concrets qui pourraient inspirer d’autres communes pour rendre enfin l’espace public vraiment mixte. (Avec AFP)

© SportBusiness.Club – Novembre 2025

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