Organisation. La colère gronde dans l’univers de la course à pied. A l’occasion de la publication de sa nouvelle stratégie dans le running, vendredi 14 novembre 2025, la Fédération Française d’Athlétisme (FFA) a annoncé vouloir faire évoluer l’année prochaine le Parcours Prévention Santé (PPS). Ce document qui remplace progressivement le certificat médical permettant de participer à une course à pied en France devrait être facturé 5 euros alors qu’il est actuellement gratuit.
Dans le même temps, le document sera valable un an contre trois mois actuellement. La FFA va faire évoluer sa plateforme qui deviendra Pass Prévention Santé. Contacté par SportBusiness.Club, Adrien Tarenne, responsable du service développement des pratiques au sein de l’instance sportive, se défend : « Cette plateforme est un investissement financier,» affirme-t-il.
« Les modifications sont faites à partir des retours des organisateurs, poursuit-il. Economiquement, si nous voulons continuer de répondre favorablement à leurs demandes, il fallait passer à une version 2, payante. Cette solution permettra de faciliter la vie des organisateurs et des pratiquants ». Depuis la fin du certificat médical obligatoire, plus de 2 millions de pratiquants non licenciés ont réalisé un PPS. En imaginant que chacun paye cinq euros, ce seraient près de 10 millions d’euros qui seraient dégagés.
Le PPS, levier de développement du running ?
« Ce qui est aberrant dans ce projet, c’est l’absence totale de concertation préalable avec les organisateurs de course que nous représentons, s’étonne Gilbert Ysern, président de France Outdoor. La Fédération a fait tout cela dans le dos des organisateurs. La délégation de l’Etat dont bénéficient les fédérations les place dans une situation de quasi-monopole. Il doit tout de même y avoir des limites. Tous les événements n’appartiennent pas à la Fédération ».
Face à cette réaction, Adrien Tarenne se dit surpris. « C’est assez contestable car nous avons échangé avec la plupart, assure-t-il. Ce qui est vrai, c’est que l’on peut communiquer seulement lorsque les décisions ont été votées par le comité directeur. Mais nous l’avons fait en collaboration avec les organisateurs. Il y en a même qui sont présents au sein du comité directeur. Et puis, si le marché de l’événementiel du running fonctionne aussi bien c’est aussi grâce au PPS. C’est assez marrant de voir les organisateurs râler maintenant ».
Consultation d’agences à venir
Avec cette nouvelle source de revenus, la FFA compte approfondir ses investissements dans la sensibilisation et la prévention autour de la pratique et de la santé. Des campagnes de communication vont ainsi être déployées, notamment à travers des partenariats médias ou sur les réseaux sociaux. « Je crois surtout que la Fédération essaye de rattraper le virage qu’elle n’a pas sur prendre il y a plusieurs années, estime un observateur du secteur. La France est le seul pays à demander un certificat médical pour faire une course et le PPS ne sert clairement à rien. Personne ne regarde les vidéos. Le running représente une manne financière incroyable et la fédération veut sa part du gâteau ».
Sur les réseaux sociaux, les premières réactions ne se sont pas faites attendre. « Payer un médecin oui, payer pour le PPS non, écrit par exemple une internaute. Avant on payait une consultation chez le médecin, certes remboursée par la sécurité sociale, mais là c’est cinq euros par an… autant dire pas grand chose quand je pense à ce que je débourse en équipements et dossards, observe Dimitri, un runner amateur contacté par SportBusiness.Club.
Boom infini du running
Parallèlement à cette évolution du PPS, la FFA a annoncé la création de DataRunning une plateforme dont la vocation est d’exploiter les quantités importantes de données recensées par les organisateurs de courses labélisées FFA. « La Fédération est assise sur une base de données incroyable, indique Adrien Tarenne. Avec 5 000 événements et 12 000 courses, il y a de la matière pour créer une plateforme permettant aux pratiquants d’observer leur progression durable. Pour la fédération, c’est aussi une porte d’entrée vers les clubs ». Pour mener à bien ce projet, la FFA s’apprête à lancer une consultation auprès d’agences et de prestataires extérieurs.
Ces querelles s’expliquent évidemment par l’essor incroyable de la course à pied en France depuis plusieurs années. En 2025, le pays compterait 12,4 millions de pratiquants réguliers selon le 7ᵉ Observatoire du Running de l’Union Sport & Cycle. L’année 2024 a par ailleurs été marquée par le nombre record d’inscriptions aux épreuves pédestres. Au total, 11 334 courses sont organisées. Près de 3 millions de personnes (2,96 millions) ont franchi une ligne d’arrivée, fois, soit une augmentation de 27% par rapport à 2023.
© SportBusiness.Club – Novembre 2025