4 décembre 2025

Temps de lecture : 4 min

Alpes 2030: “Des objectifs commerciaux ambitieux mais atteignables”

Interview. Cyrille Groll, Directeur des revenus d’Alpes 2030, détaille les ambitions marketing des Jeux d’hiver. Il expose la stratégie partenariale et la volonté de créer une véritable équipe de France engagée.

Directeur des revenus du Comité d’organisation des Jeux olympiques et paralympiques d’hiver des Alpes Françaises 2030, Cyrille Groll pilote un programme marketing qu’il décrit comme “ambitieux mais atteignable”. Arrivé au Cojo durant l’été 2025, cet ancien de l’Olympique Lyonnais a rapidement structuré les équipes et posé une feuille de route fondée sur l’analyse des éditions précédentes. L’objectif est clair : bâtir une “véritable équipe de France de partenaires engagés”, tout en respectant les exigences de transparence propres aux Jeux. Confiant dans le potentiel du projet, il rappelle vouloir “faire les plus beaux Jeux de l’histoire avec les plus beaux partenaires”.

Combien attendez-vous en recettes commerciales ?

Cyrille Groll : « Les trois quarts des revenus du Comité d’organisation sont issus des ressources privées, et plus d’un quart de ces montants provient des partenariats domestiques. Ces objectifs sont ambitieux* mais, à mon sens, atteignables. Certes, le contexte économique et politique peut être compliqué, mais c’est comme pour toute organisation d’événements : nous travaillons sur le long terme. Nous avons quatre ans devant nous et il peut se passer encore beaucoup de choses durant cette période. Nous serons forcément confrontés à des défis et à des éléments conjoncturels. Il y en a toujours. Ce fut aussi le cas pour Paris 2024 qui a notamment dû affronter le Covid. Au final, le programme marketing a été un grand succès. Nous sommes très sereins. »

Comment avez-vous structuré le programme marketing ?

C.G. : « Dès mon arrivée au Cojo, durant l’été 2025, nous nous sommes attachés à travailler une feuille de route et à structurer les équipes. Nous avons réalisé une analyse approfondie des éditions précédentes des Jeux et des différents modèles. À partir de ce travail, nous avons sorti un certain nombre de tendances qui nous ont permis d’affiner un peu notre stratégie. On voit que, généralement, dans le programme domestique, la moitié des revenus provient des partenaires de rang 1. C’est le cas aussi bien pour les Jeux d’hiver que pour les Jeux d’été. Par ailleurs, 70 % des partenaires sont de rang 3. Il y a donc une massification de ces revenus secondaires. Les partenaires de rang 3 répondent plutôt à nos besoins opérationnels. Ce sont généralement des accords d’échange marchandise ou de services. »

Quels sont les trois rangs de partenariat ?

C.G. : « Le rang 1, que l’on appelle Partenaire premium, constitue la majeure partie de nos revenus. Aujourd’hui, c’est une de nos priorités. Au rang 2, des partenariats officiels, nous allons chercher 10 à 12 marques. Enfin, le rang 3, qui devrait rassembler une trentaine d’entreprises, répond à des besoins plus opérationnels sur le territoire national en grande partie. »

La priorité est-elle de séduire les entreprises françaises ?

C.G. : « Oui, clairement. Au total, environ 70% des sociétés partenaires sont des entreprises du territoire national. Edgar Grospiron l’a indiqué plusieurs fois : nous avons la volonté d’aller chercher les fleurons de l’industrie française et de véritablement créer une équipe de France de partenaires engagés autour du projet Alpes 2030. Nous irons les chercher. »

Pourquoi avoir lancé un appel à manifestation d’intérêt (AMI) pour rechercher vos partenaires ?

C.G. : « Cette procédure n’est pas forcément obligatoire dans le cadre de nos démarches commerciales, mais elle nous permet de cocher des cases. Pour le Comité d’organisation, la recherche de partenariats est assimilée à la commande publique. Nous devons donc suivre des règles rigoureuses en transparence et équité. Cette procédure nous permet d’offrir à chaque acteur économique les mêmes opportunités de contribuer à la réussite des Jeux. Tout le monde est sur la même ligne de départ. »

Et cette procédure est ouverte sur plusieurs secteurs ?

C.G. : « Oui. Cet AMI concerne six secteurs : télécoms, énergie, banque, logistique, équipementier sportif, hôtellerie et villages de vacances. Après quelques jours, nous avons déjà de très bons retours pour l’ensemble des catégories. Nous ne voulons oublier personne : en parallèle, nous allons contacter les acteurs clés de certains marchés, s’il n’y a pas eu de réponse de leur part. »

Quels sont les tickets pour devenir partenaire des Jeux ?

C.G. : « C’est une question qui revient souvent, mais c’est compliqué de parler d’un prix. Les accords sont différents, donc les prix varient. Un partenariat, c’est une co-construction avec une entreprise : du sur-mesure adapté à ses besoins, objectifs, critères de communication ou d’activation. Beaucoup d’éléments entrent en compte : durée de l’accord, date de signature, secteur d’activité, élargissement éventuel des catégories. Nous veillerons toutefois à conserver un ordre de grandeur cohérent entre partenaires d’un même rang. »

Allez-vous privilégier l’apport en cash au départ ?

C.G. : « L’apport financier est évidemment important pour le budget du Comité d’organisation. L’essentiel de nos revenus provient du secteur privé. Il est important de valoriser le numéraire, mais nous regardons aussi les échanges marchandise. Les entreprises peuvent aussi apporter une expertise, un savoir-faire technique, de l’innovation. Alpes 2030 sera un laboratoire technologique. Enfin, nous attendons de nos partenaires qu’ils soient nos premiers ambassadeurs, capables de mobiliser leurs réseaux. Nous voulons faire les plus beaux Jeux de l’histoire avec les plus beaux partenaires. »

Que “vendez-vous” aux entreprises ?

C.G. : « Que les Jeux olympiques sont un événement absolument unique et probablement la marque la plus forte au monde. Ils offrent une perception immédiate de leadership aux sociétés qui s’y associent. L’association aux anneaux apporte un supplément d’âme. Le public perçoit immédiatement quelque chose d’extraordinaire. Leur organisation tous les quatre ans, avec des règles spécifiques, renforce cette image. Un partenaire bénéficie aussi d’un accès privilégié à la billetterie et aux offres d’hospitalité. »

Alpes 2030 développera-t-il ses propres “propriétés signatures” ?

C.G. : « Oui. Paris 2024 disposait de territoires d’expression propres, comme le relais de la flamme ou le Marathon pour tous. Les partenaires pourront s’approprier ces espaces. Nous imaginerons nos propres initiatives, à la sauce Alpes 2030. Elles seront identifiables, personnalisées, impactantes. Nous enrichissons nos propositions de valeur. Ce sera du sur-mesure, comme je l’ai expliqué précédemment. »

Entretien : Bruno Fraioli
© SportBusiness.Club – Décembre 2025

(*) Dans le premier budget des Alpes 2030, les recettes commerciales pour le programme marketing domestique s’élève à un peu moins de 500 millions d’euros.

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