Il a tout de suite tenu à nous rassurer : « La fédération va bien et elle continue son engagement dans un axe de développement ». Christian Roudaut, le Directeur technique national (DTN) de la Fédération française de pentathlon moderne (FFPM) n’a même pas laissé le temps à SportBusiness.Club de terminer sa question sur l’avenir de la discipline. Car cet été, aux Jeux de Paris 2024, la discipline connaîtra un gros bouleversement. Présent au programme des Jeux olympiques depuis sa rénovation par Pierre de Coubertin en 1896, le pentathlon moderne change une de ses cinq disciplines : l’équitation part, remplacée par la course d’obstacles.
C’est la conséquence du scandale des Jeux olympiques de Tokyo (Japon) de 2021. Lors de la compétition de sauts d’obstacles l’Allemande Annika Schle, mécontente, avait eu des gestes violents à l’encontre du cheval qu’elle chevauchait. Face à la fronde des défenseurs des droits des animaux, le Comité International Olympique a demandé au pentathlon moderne de faire évoluer ses disciplines et d’abandonner l’épreuve d’équitation. En mai 2022, le choix s’est fait sur la course d’obstacle.
Ce changement est «une vraie opportunité» assure Christian Roudaut. Aujourd’hui, la fédération compte 3 400 licenciés, un nombre « à peu près stable par rapport à l’année dernière et qu’on devrait dépasser un tout petit peu ». L’ambition est justement de s’appuyer sur cette nouvelle discipline pour attirer de nouveaux adeptes. « Des choses vont être mises en place sur la spécificité “obstacles“, indique-t-il. Un cadre technique a été recruté avec comme mission spécifique de soutenir les clubs sur la partie technique et organisationnelle des épreuves d’obstacles ».
La course d’obstacles moins chère que l’équitation
Une infrastructure dédiée au parcours d’obstacles du pentathlon devrait également voir le jour après les Jeux, à l’INSEP. Ce site doit permettre à l’équipe de France de s’entraîner. Dans ce cadre, il faudra trouver des fournisseurs. Pour cette discipline, la fédération internationale (UIPM) a un partenariat avec l’entreprise suisse Hannibal’s Crossing qui fournit le matériel. La fédération française, elle, n’est « figée avec personne dans ce domaine-là pour le moment ».
L’installation d’un parcours de 60 à 80 mètres coûte environ 25 000 euros. Cette somme peut s’amortir sur plusieurs saisons. « Le parcours d’obstacles sert pendant plusieurs années, alors que les chevaux, à chaque compétition, il faut les louer, les préparer et prendre une assurance », précise le DTN. Christian Roudaut est certain : « Dans la durée, ça coûtera beaucoup moins cher que l’épreuve d’équitation,» affirme t-il. Jusqu’à aujourd’hui, la FFPM avait un partenariat avec la gendarmerie au travers de la Garde républicaine pour l’équitation. Changement de discipline oblige, ce contrat prendra donc fin après les Jeux de Paris.
Actuellement, 80% du budget global de la fédération provient des subventions de l’État, via l’Agence Nationale du Sport. « Sans [ces subventions], la fédération vivrait sur le plan national uniquement, observe Christian Roudaut. Elle pourrait faire vivre les employés qui y travaillent, mais ne pourrait pas mettre en place un programme de performance ou un programme “Relève”. Nous n’avons pas l’indépendance de certaines grosses fédérations qui ont un grand nombre de licenciés et donc des rentrées d’argent plus importantes ». Assurée d’être aux Jeux de Los Angeles (États-Unis) en 2028, le pentathlon à quatre ans pour faire ses preuves avec sa nouvelle configuration. Sinon, le risque est de disparaître, littéralement.
Killian Tanguy
© SportBusiness.Club Juillet 2024