Badminton: avec ses Mondiaux, la fédération vise un nouvel élan
La Fédération Française de Badminton, forte d’un record de licenciés, accueille à Paris les Mondiaux 2025. Un test sportif et financier pour prolonger l’élan post-Jeux.
Tous les indicateurs sont au vert pour la Fédération Française de Badminton (FF Bad) à la veille des championnats du monde organisés à Paris, du 25 au 31 août 2025. L’instance boucle sa saison 2024/2025 avec un record historique : 241 827 licenciés, soit une progression de 20% en un an. « Ce résultat s’explique par la pratique désormais généralisée du badminton à l’école et par les performances de nos athlètes, qui gagnent en popularité», souligne son président, Franck Laurent, élu en décembre 2024. Pour lui, la dynamique enclenchée depuis les Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024 ne s’est pas essoufflée.
Le badminton a en effet franchi un cap de notoriété dans l’Hexagone grâce à l’événement planétaire organisé l’été dernier. La médaille d’or paralympique de Charles Noakes a marqué les esprits. « Il a contribué autant à la visibilité du badminton pour les valides que pour le handisport, affirme Franck Laurent. Son parcours a montré l’accessibilité et l’inclusivité de notre discipline ». Absent des Mondiaux parisiens, disputés à l’Adidas Arena de la Porte de la Chapelle, le champion incarne néanmoins cette nouvelle image. L’organisation simultanée des compétitions valides et handi a été écartée : trop complexe sur le plan logistique et budgétaire.
Car le budget reste contraint : 3 millions d’euros. La répartition repose pour un tiers sur la billetterie (50 000 places déjà écoulées sur 60 000), pour un tiers sur le marketing et le merchandising, et pour un tiers sur les subventions publiques. « L’événement sera équilibré», assure le président. Mais la Fédération n’a pas obtenu le soutien financier officiel de la Ville de Paris. Celle-ci a décliné son aide, en raison de la présence de Total Energies comme partenaire titre, fidèle à la position qu’elle avait déjà adoptée en 2019 contre l’arrivée de l’entreprise française dans le programme des Jeux 2024.
Une organisation contrainte mais ambitieuse
« Paris nous aide sur un petit bout», tempère toutefois Franck Laurent. La Ville met à disposition des infrastructures : gymnases pour l’entraînement, locaux administratifs, a déployé et une campagne publicitaire et a aussi acheté des billets. Le Comité d’organisation local, accompagné par l’agence Spartner pour la logistique, n’a signé qu’un seul partenaire marquant : la société horlogère Sillmach, basée à Besançon (Doubs). Car l’essentiel du volet marketing, droits audiovisuels et sponsoring, est dans les mains de la fédération internationale.
La Badminton World Federation (BWF) conserve en effet la gestion exclusive des droits médias et commerciaux de ses championnats. Cette centralisation garantit une exposition mondiale. Le badminton revendique la place de deuxième sport le plus pratiqué au monde, derrière le football. Discipline majeure en Chine, en Inde et en Indonésie, il génère plusieurs centaines de millions de dollars de recettes marketing. En France, l’écosystème reste plus modeste, mais la perspective de Mondiaux organisés dans la capitale alimente l’ambition d’élargir la base de pratiquants et d’attirer de nouveaux partenaires.
« Nous voulons prolonger cette séquence positive amorcée depuis Paris 2024», souhaite Franck Laurent. Avec près d’un million de pratiquants en fédérations omnisports ou structures non affiliées, le potentiel de croissance demeure élevé. Encore faut-il accompagner cette demande. Les créneaux dans les gymnases municipaux ne suffisent plus. La Fédération veut donc aider financièrement ses clubs à investir dans leurs propres infrastructures, afin de consolider cette dynamique. Le président mise sur un cercle vertueux enclenché avec Paris 2024.
