Khunying Patama (BWF) : “La France vit un âge d’or du badminton”
Interview. Un an après les JO, les Championnats du monde de badminton investissent l’Adidas Arena. Pour la présidente de la BWF, l’événement illustre la croissance du sport en France et prépare de nouvelles conquêtes internationales.
Interview exclusive. Les Championnats du monde de badminton 2025 se disputent à Paris du 25 au 31 août, un an après les Jeux olympiques et paralympiques. La présidente de la Fédération internationale, Khunying Patama, y voit la prolongation d’un héritage fort, rappelant que l’Adidas Arena, site de Paris 2024, accueillera à nouveau la compétition, souligne-t-elle dans cet entretien accordé à SportBusiness.Club.
Pour la dirigeante, la France est aujourd’hui l’un des moteurs du badminton mondial, portée par une nouvelle génération de champions et une pratique en plein essor. Avec 384 millions de pratiquants dans le monde, la discipline mise sur ses innovations comme l’AirBadminton et ses partenariats commerciaux pour renforcer son attractivité et poursuivre sa croissance internationale.
Les Championnats du monde de badminton ont lieu à Paris un an après les Jeux. Qu’est-ce que cela vous inspire ?
Khunying Patama : « Nous sommes extrêmement enthousiastes à l’idée de ces Championnats du monde BWF Total Energies 2025 à Paris. Il y a tout juste un an, cette ville accueillait le monde pour les Jeux olympiques et paralympiques, des moments qui continuent d’inspirer profondément la communauté sportive mondiale. Avec Paris 2024 encore en mémoire, l’excitation reste vive et ces Championnats du monde vont prolonger cet héritage exceptionnel, d’autant qu’il s’agit du seul grand événement international organisé dans un site hérité des Jeux à Paris en 2025 ».
Que représente la France pour le badminton sur la scène internationale ?
K.P. : « La France est devenue l’une des plus belles histoires du badminton. Une nouvelle génération de joueurs s’impose, rivalise avec les meilleurs et décroche des titres prestigieux. Thom Gicquel et Delphine Delrue ont marqué l’histoire en remportant le premier titre français HSBC BWF World Tour Super 1000 à l’Indonesia Open cette année, tandis qu’Alex Lanier, Toma Junior Popov et Christo Popov façonnent ce qui pourrait être un âge d’or pour le badminton français. Au-delà de l’élite, la progression de la pratique chez les jeunes et dans les clubs illustre que la France cultive non seulement les champions d’aujourd’hui mais aussi une base durable pour demain. L’Adidas Arena, emblématique lors de Paris 2024, sera à nouveau le théâtre de cette compétition. »
Quelle place occupe aujourd’hui le badminton dans le monde du sport ?
K.P. : « Le badminton reste le sport de raquette le plus rapide au monde et son engouement grandit partout. Je suis ravie de voir de nouveaux joueurs issus de nouvelles régions participer pour la première fois aux Championnats du monde. Notre forte position dans le mouvement olympique et nos innovations pour accroître le spectacle et l’accessibilité garantissent que le badminton restera un sport populaire et pertinent dans un avenir proche. »
La discipline reste-t-elle encore fortement ancrée en Asie.
K.P. : « Le badminton est un sport véritablement mondial, avec environ 384 millions de pratiquants actifs. Parmi les dix pays comptant le plus de fans, on retrouve les États-Unis, la France et l’Espagne, aux côtés des nations traditionnelles comme la Chine, l’Inde, l’Indonésie, la Thaïlande, le Japon, la Malaisie et la Corée. Lors des Jeux olympiques de l’an dernier, la France figurait d’ailleurs parmi les cinq premiers territoires de diffusion mondiale. Trois nouveaux CNO ont fait leurs débuts olympiques en badminton à Paris 2024 et sept CNP en para-badminton. La diversité des médailles confirme aussi cette ouverture : huit nations différentes ont été récompensées aux JO. »
Souhaitez-vous développer la discipline dans d’autres régions ?
K.P. : « Los Angeles 2028 est une cible importante. Le réseau de clubs et d’académies y est solide, notamment au sein des communautés issues de la diaspora asiatique. Nous élaborons des stratégies d’héritage pour que notre impact en Amérique du Nord soit durable. Nous avons déjà des expériences réussies avec Rio 2016 et aux Émirats arabes unis où le badminton a beaucoup progressé, y compris au plus haut niveau. »
Quelles sont les autres voies que vous souhaiteriez développer ?
K.P. : « Nous misons aussi sur l’AirBadminton, notre version en plein air, qui ouvre la voie à davantage de nations et d’athlètes dans nos compétitions. Cette année, nous organisons la première Coupe du monde d’AirBadminton. Enfin, nous travaillons sur des innovations pour rendre le sport plus abordable, comme les volants synthétiques, et sur la diffusion auprès des jeunes via notre programme Shuttle Time. Tout cela garantit que le badminton reste global, inclusif et accessible. »
Quel rôle joue le sponsoring privé dans le financement du badminton ?
K.P. : « Le sponsoring représente environ 40% de nos revenus grâce à notre partenariat avec Infront Sports & Media. Nos partenaires cherchent un sport universel, qui touche toutes les générations et attire autant les femmes que les hommes. Avec 80% de nos audiences télévisées basées en Asie, l’essentiel pour nos sponsors est de valoriser leurs marques auprès de ce marché stratégique. Toutefois, nos compétitions, organisées toute l’année dans le monde entier, offrent une visibilité incomparable. Le badminton est accessible à de grands groupes comme à des sponsors plus modestes. Environ 57% de notre audience a entre 18 et 44 ans, une cible commerciale clé pour les marques ».
Qu’offrez-vous à vos partenaires ?
K.P. : « Nous proposons un large éventail de dispositifs : visibilité sur les terrains et dans les salles, contenus digitaux sur nos réseaux, billets et hospitalités VIP, espaces d’exposition, accès privilégié aux athlètes. Le badminton offre aux entreprises une porte d’entrée unique vers l’Asie – l’un des plus grands marchés de consommation au monde – tout en les connectant à une audience mondiale en forte croissance grâce aux événements en direct et aux plateformes numériques. »