Clemquicourt, le créateur de contenu venu dépoussiérer l’UTMB
À Chamonix, Clemquicourt a transformé l’UTMB en véritable show, alliant performance sportive, marketing et humour pour séduire une nouvelle audience.
Oubliez Toulouse : la nouvelle “ville rose” c’est…Chamonix ! Fin août, dans les rues de la cité de Haute-Savoie, des tee-shirts roses frappés au dos de l’inscription Killcam* ont envahis les rues. Des tenues voyantes essentiellement portées par des jeunes prêts à patienter deux heures pour obtenir ce précieux. Toutes les tuniques imaginées par l’équipementier Brooks et le créateur de contenus Clemquicourt, coureur amateur à ses heures, ont été vendues. « Je m’identifie tellement à lui ! Il est génial,», confie une fan de 25 ans.
Cet anti-héros du trail, installé à l’île Maurice depuis la fin de ses études d’école de commerce, a réellement retourné la station alpine alors à l’heure de l’UTMB. Avant de s’élancer pour sa course de 174 kilomètres dans l’épreuve reine, vendredi 29 août 2025, le Nordiste d’origine s’était préparé physiquement mais aussi à proposer un divertissement inédit sur l’événement. « Clément ne fait pas du trail, il divertit,» glisse malicieusement son agent Goulven Cornec, fondateur de l’agence Fraich’Touch : « Avec ses initiatives, il casse les codes d’un secteur un peu lisse. Et cela ne fait que commencer ».
Viral sur les réseaux
Pour dérider tout cela, Clément Deffrenne, le nom d’état-civil de Clemquicourt, a partagé sa course de l’intérieur via Instagram et TikTok. Malgré les efforts intenses et les intempéries, le créateur a enchaîné les contenus humoristiques mêlant « réf » d’internet et scénette improvisée. Chaque vidéo publiée cumule plusieurs millions de vues. Sur le parcours de l’UTMB, il a même bénéficié de sa fan zone à lui. « Au regard de sa popularité et de l’engagement de ses fans, nous avons fait des réunions avec ses équipes pour lui rappeler qu’il ne fallait pas non plus faire n’importe quoi dans la nature,» nous a soufflé l’organisation. Le message a été entendu : aucun débordement n’a été signalé.
Les images partagées sur les réseaux sociaux sont devenues virales et ont permis à Clemquicourt d’engranger de bonnes ondes lui permettant de boucler la course. Il franchit la ligne d’arrivée samedi soir vers 23 h 00 dans une ambiance survoltée. Au-delà du divertissement proposé, le créateur de contenu a terminé en 144e position. Une performance. Car sur les 2 492 concurrents de l’UTMB un tiers a abandonné. Dans le même temps Clemquicourt a engrangé 100 000 nouveaux abonnés : il se rapproche maintenant des 400 000 followers… quatre fois plus que Tom Evans, lauréat de l’édition 2025.
Le gros coup de Brooks
« Ce garçon est très intelligent,» assure Yoann Stuck, vainqueur de la MCC (Martigny-Combe-Chamonix) variante de l’UTMB. « Il est extrêmement créatif pour amener du divertissement autour de la discipline, poursuit le coureur. Il ne se prend pas au sérieux mais montre un super niveau sportif. Il casse vraiment les codes. C’est une bonne chose pour l’équipementier qui l’accompagne dans cette aventure. Cela lui donne une nouvelle image et dynamique. J’espère que cela durera le plus longtemps possible pour lui.»
Car Brooks, son partenaire, en profite bien aussi. La marque américaine collabore avec le jeune français depuis le printemps 2025 après l’avoir repéré sur l’UTOI (Ultra Trail de l’Océan Indien). « C’est un profil unique !, affirme juge Joanna Servet, communication & digital specialist chez Brooks. Il nous permet de capter une audience différente du cœur de cible de l’ultra trail, plus jeune et plus engagée avec les codes du football et de l’esport notamment sur l’idée du maillot collector. Avec lui, nous adoptons une stratégie multicanale avec un fil rouge tout au long de l’année.»
Démocratisation de l’ultra trail
Brooks a paraphé un contrat d’ambassadeur avec Clément Deffrenne jusqu’à la fin de l’année 2025. L’objectif pour la marque est de poursuivre la collaboration au-delà. « Le but est évidemment de le conserver dans nos rangs, indique Joanna Servet. Nous allons devoir agir rapidement car il est très sollicité. Il y a une vraie émergence de ces profils à haute visibilité. Néanmoins, d’un point de vue stratégique pour Brooks, cela ne prendra pas le pas sur notre relation avec les athlètes de haut niveau qui donne de la crédibilité à nos nouveaux produits.»
Avec son positionnement inédit dans l’univers de l’ultra trail, Clemquicourt attire des marques endémiques à la discipline comme Campus, Oxsitis et Meltonic mais aussi des annonceurs grand public comme La Poste pour lequel il a fait la promotion des timbres numériques. « Nous sommes ouverts à toutes les propositions commerciales mais elles doivent coller à l’ADN authentique de Clément, nous a indiqué son agent. Nous n’allons pas nous précipiter et accepter n’importe quoi. De belles choses arrivent.»
