Coupe du monde France 2023 : entre succès populaire et désastre financier
La Coupe du Monde masculine de rugby organisée durant l’automne 2023 en France a été un réel succès populaire et sportif, mais la gestion de l’événement est sévèrement critiquée dans un rapport de la Cour des Comptes publié mardi 8 avril 2025. Le mondial “a été un incontestable succès (…)“ grâce à “la progression de 15% du nombre de licenciés de la FFR et l’effet positif de cette compétition sur l’image de la France”. Toutefois, note l’institution, des “dysfonctionnements ont conduit à des choix stratégiques hasardeux qui ont entraîné des pertes substantielles”. L’événement a en héritage “de moindre ressources (…) pour le développement du rugby en France”.
Le document financier affirme que World Rugby a dégagé un bénéfice record, tout comme le comité d’organisation “France 2023”. Mais les pertes enregistrées par le programme de formation d’apprentis “Campus 2023” et, surtout, le GIE “Rugby Hospitalités et Voyages” viennent plomber les comptes et réduire de moitié le bénéfice escompté de l’événement passant de +29,8 millions d’euros à +15,2 millions.
Le GIE spécialement dédié aux hospitalité est en perte de 35,7 millions d’euros. Un déficit qui pourrait atteindre 53 millions en intégrant les avis de redressement fiscaux, précise la Cour des Comptes. Or, cette entreprise est détenue à 55% par la Fédération Française de Rugby (FFR) qui, au final, accuse une perte estimée entre 19,2 et 28,9 millions d’euros avec ce mondial.
La Cour pointe “une gouvernance et une organisation initiales défaillantes, une absence de contrôle par la FFR et l’État, une reprise en main à la suite de la crise de gouvernance de l’été 2022”. La FFR, accuse “l’ancienne gouvernance” de l’instance sportive d’avoir obtenu “l’attribution de la Coupe du Monde 2023 à la France (…) au prix d’engagements financiers inconsidérés pris”. Jacques Rivoal et Julien Collette, président et directeur général de France 2023 dénoncent “l’absence d’une direction spécifique au GIE, assistée d’un service administratif et financier propre, [qui] a clairement retardé l’évaluation des défaillances structurelles du modèle économique du GIE”.
Enfin, Claude Atcher, Directeur général destitué durant l’été 2022, il se défend en invoquant un “audit [réalisé après son départ] manipulé pour justifier une explosion des coûts et créer de nouveaux prétextes à [son] éviction” un projet Campus 2023 “saboté par des décisions politiques” et un “modèle hospitalités et voyages dévoyé après [son] départ” ainsi que “l’explosion injustifiée des dépenses du GIP après [son] départ”.