15 septembre 2024

Temps de lecture : 4 min

David Lappartient candidat au CIO ? “Vous verrez lundi !”

Interview. Avenir du sport en France après les jeux de Paris 2024, dossier Jeux d’hiver 2030 et candidature éventuelle à la présidence du Comité International Olympique : David Lappartient, le président du Comité National Olympique et Sportif Français (CNOSF) s’est confié à quelques médias, dont SportBusiness.Club, samedi 14 septembre 2024 sur les Champs-Elysées alors qu’allait débuter la Grande Parade chargée de célébrer les athlètes tricolores,

Cette Grande Parade boucle les Jeux de Paris 2024 et les festivités. Finalement, le vrai challenge n’est-il pas à venir : maintenant cet enthousiasme pour le sport et permettre aux clubs d’accueillir dans de bonnes conditions les nouveaux adhérents ?

David Lappartient : « Oui, il y a un grand challenge. Maintenant, après une fête aussi énorme il est difficile de maintenir un tel degré d’euphorie. L’idée, et on en a parlé avec le Président de la République, est de capitaliser sur tout ce qui a été fait. La première chose est que la France soit durablement plus sportive au sens le plus large du terme, c’est-à-dire qu’il y ait plus de gens pratiquant du sport, de tous les âges, que soit les enfants à l’école ou dans les clubs, ou que ce soit avec des personnes un peu plus âgées. Ensuite, il faut faire de la France une Nation durablement plus compétitive au haut niveau. Le souhait ce n’est pas un “One Shot” dans les cinq premiers : c’est de se maintenir à ce niveau-là. L’idée est que la France soit durablement dans les nations qui comptent au niveau de la performance sportive ».

La Ministre des Sports a indiqué que l’on pouvait s’attendre à l’arrivée de 2,5 millions de nouveaux licenciés. Les fédérations sportives sont-elles dimensionnées pour pouvoir accueillir un tel afflux de néo-licenciés ?

D.L. : « Déjà, j’attends de voir car 2,5 millions c’est quand même énorme par rapport aux 17 millions de licenciés actuels. Ce serait effectivement fabuleux si l’on atteignait ces chiffes-là. Toutes les fédérations ne sont pas forcément dimensionnées pour. Il y a deux éléments limitants. D’une part les infrastructures sportives dans les communes. Même si le plan d’équipements nouveaux lancé par le gouvernement est un vrai succès, et même si les communes investissent aussi dans de nouveaux équipements, il y a aussi la réalité. Quand vous avez 250 enfants au handball et une seule salle de sport, cela génère de petits problèmes d’utilisation. D’autre part, il y a aussi le nombre d’encadrants diplômés pour s’occuper de jeunes ou pas. Tout cela ne se fait pas en cinq minutes. Il y a une monté en puissance du moment sportif à avoir. Beaucoup de fédérations ont ouvert un institut de formation pour ces encadrants. Je leur tire mon chapeau. Il y a des salariés, et on a besoin de ces millions de bénévoles qui, d’une manière générale, tiennent le mouvement sportif ».

A la lumière du succès des Jeux de Paris 2024, peut-on dire que maintenant la France est une Nation sportive ?

D.L. : « Naturellement, je dirai oui. Mais, peut-on dire “maintenant”. Pour moi elle l’a toujours été. Toutefois, objectivement, elle l’est plus sportive maintenant qu’elle ne l’était avant. Tout cela se regarde aussi dans le temps. Il faudra se donner rendez-vous dans un, trois, cinq ou dix ans pour voir s’il y a eu un effet J.O. ou si finalement on était comme avant. On voit bien qu’il aura des restrictions budgétaires parce que la situation de notre pays l’impose et les moyens alloués aux fédérations ne sont pas si énormes que ça au final. Il faudrait que ces moyens soient maintenus. Cela n’évoluera pas à la hausse, mais il faut bien garder des moyens. J’espère aussi que les partenaires privés, fort du succès [de Paris 2024] accompagneront aussi plus durablement les fédérations, les athlètes. Il y a des sports moins visibles et pour un certain nombre d’athlètes, ceux qui refont surface à l’occasion des Jeux, ce n’est pas facile. Il peut y avoir des moments compliqués financièrement, même si tout ce qui a été mis en place fait qu’aujourd’hui nous n’avons plus d’athlètes de haut niveau sous le Smic. Ca c’est une bonne chose ».

Avez-vous déjà appelé le Premier Ministre Michel Barnier pour lui faire signer vite la lettre d’engagement de l’Etat pour les jeux olympiques d’hiver des Alpes françaises 2030 ?

D.L. : « Je n’ai pas appelé Michel Barnier, mais je lui ai écris dès le lendemain de sa nomination. Il ne m’a pas encore répondu, mais cela ne serait tarder. C’est un courrier qui a été co-écrit avec Fabrice Pannekoucke, le président de la Région Auvergne-Rhône-Alpes, avec Renaud Muselier, le président de la région Côte-d’Azur, avec Marie-Amélie Le Fur, la présidente du Comité Paralympique et Sportif Français. Nous avons officiellement saisi le Premier Ministre pour lui demander de signer cette garantie ».

Michel Barnier comme Premier Ministre, c’est un “bon casting”, non ?

D.L. : « Je réponds en tant que sportif. Vous avez bien compris que je peux aussi avoir un autre avis. C’est un très bon casting. Au nom du sport qui est politiquement neutre, c’est le meilleur que l’on puisse avoir. Il aime les Jeux olympiques, il les a présidés [Albertville 1992], il est dans une commission de durabilité au sein du CIO. C’est quelqu’un qui est bercé par l’olympisme. On l’a vu lors des Jeux de Paris 2024. Je ne suis pas trop inquiet sur le fait que l’on puisse avoir cette garantie. Bien sûr il y a des conditions. Bien sûr il y a un travail sérieux. Mais le 1er octobre [prochain] qui est la date fixé me semble [un objectif] atteignable ».

Avez-vous préparé votre lettre de candidature pour la présidence du CIO ?

D.L. : « Je vous invite à lire lundi 16 septembre 2024 les communiqués du CIO : ils vous donneront les noms des candidats. Parfois il faut savoir attendre un peu. Je ne ferai pas de commentaire avant lundi. Ce qui est certain c’est que continuer à service le mouvement olympique au sens large du terme, dans ma fédération internationale [Union Cycliste Internationale], au CNO [Comité National Olympique et Sportif Français], au CIO, ce sont des choses qui m’intéressent. Maintenant, à quelle place ? On verra…»

Que pensez-vous des critères établis par le CIO qui pourraient écarter les présidents de fédérations internationales, comme vous, de la présidence ?

D.L. : « La démocratie doit s’exercer à plein. Il y a 111 membres du CIO. Ils sont tous égaux et ont les mêmes droits. Toute organisation quelle qu’elle soit a toujours à gagner d’une pluralité d’opinion, d’un débat. Quel que soit le lauréat, celui ou celle qui sera élu(e) président(e), on sera par définition derrière lui ou elle ».

Propos recueillis par Bruno Fraioli
© SportBusiness.Club Septembre 2024

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