En février 2022, il a été le 20e Français à entrer au Comité International Olympique comme membre. En mars 2025, David Lappartient pourrait-il être le deuxième Français à présider l’instance sportive mondiale, exactement un siècle après la démission de Pierre de Coubertin ? A l’époque le Baron, rénovateur des Jeux olympiques de l’ère moderne, avait été mis en minorité notamment en raison de son opposition à l’arrivée des femmes. Cent ans après, David Lappartient bénéficie d’un Curriculum Vitae beaucoup plus flatteur. Le Français est un candidat sérieux pour le fauteuil encore occupé par Thomas Bach.
« La concurrence est rude, mais il a du crédit, estime Jean-Baptiste Guéguan, expert en géopolitique du sport. Il est considéré comme un des acteurs de la réussite des Jeux de Paris 2024, il a remis en ordre de marche le Comité national olympique français, et même une double carte avec la politique ». Président de la commission e-sport au CIO, David Lappartient, en apparence très apprécié par l’actuel patron du CIO, semble avoir devant lui une route très dégagée. Ce n’est pas le cas.
« Clairement c’est trop tôt pour lui,» assure Alain Lunzenfichter. L’ancien rédacteur en Chef adjoint à l’Equipe connait parfaitement les arcanes du mouvement olympique. « Déjà, il n’est pas membre de la commission exécutive et c’est un gros désavantage, poursuit le journaliste. Ensuite, il est membre en qualité de président d’une fédération internationale, et s’il n’est pas réélu en 2025, il perdra sa qualité de membre et devra quitter le CIO ». Au mieux, David Lappartient pourrait ainsi rester au CIO jusqu’à 2029, après un troisième mandat à l’UCI. Sauf si les membres du CIO “après l’élection du président (…) procédait à un nouveau vote pour un changement du statut de membre,”
Al Hussein, Coventry, Samaranch…
Face à David Lappartient, le nom de Sebastian Coe apparait souvent. Président, comme lui, d’une fédération internationale (World Athletics), le britannique cumule trois contraintes : son âge (68 ans), sa relation avec Nike etdes choix critiqués pour ses récents choix de site pour les mondiaux, notamment au Qatar. Le Japonais Morinari Watanabe et le britannique Johan Eliasch semblent trop tendres pour le poste.
Membre de la Commission exécutive Kristy Coventry parait caser beaucoup de cases. « Mais son pays, le Zimbabwe, n’a pas de poids politique,» résume Jean-Baptiste Guéguan. Lui, parie sur le Prince Feisal Al Hussein, un jordanien. « Il pourrait être porté par les pays du Moyen-Orient, qui ont beaucoup d’ambitions olympiques, et même une partie de l’Asie, juge le géopoliticien. Il pourrait faire consensus. Et puis, il est Prince et il y a aussi beaucoup de têtes couronnés au CIO ».
Pour Alain Lunzenfichter, le favori est Juan-Antonio Samaranch Jr. : « Il est là depuis longtemps et connait parfaitement le CIO,» observe le journaliste. Le passé sulfureux de son père pourrait être un poids pour lui. Il faudra donc batailler sec ces prochains mois pour David Lappartient même si au final, « ce sera Bach qui désignera son successeur,» entend-on régulièrement.
Bruno Fraioli
© SportBusiness.Club Septembre 2024