Interview. Diffuseur de l’intégralité des matchs du tournoi, Bein Sports a eu seulement six jours pour préparer son Euro 2024. Six jours pour mettre en place toute la logistique autour de l’événement : réserver les déplacements et l’hébergement des équipes en Allemagne, sécuriser les liaisons vidéo, préparer la promotion antenne, vendre l’espace commercial… Pour autant ,Florent Houzot, directeur des antennes, des programmes et de la rédaction de la chaîne de sport qatarie ne propose pas “une couverture au rabais”. Une petite dizaine de journalistes et consultants a été dépêchée dare-dare outre-Rhin.
Comment avez-vous vécu l’acquisition tardive des droits de l’Euro 2024 ?
Florent Houzot : « Nous l’avons appris sept jours avant le match d’ouverture [7 juin au soir]. Il a fallu gérer l’aspect technique et les accréditations en échangeant avec les autorités allemandes et l’UEFA. Cette dernière connait la qualité de notre travail. Cela a été un atout. Mais je dois reconnaître que cela a été du travail ».
Avez-vous dû faire des choix éditoriaux face à cette contrainte de temps ?
F.H. : « J’avais une priorité : les matchs de l’équipe de France. Nous avons réussi puisque nous avons obtenu des accréditation bord terrain pour offrir les meilleurs avant-matchs et après-matchs possibles aux abonnés de Bein Sports. Nous avons également un duo de commentateurs sur place pour les matchs des Bleus. Si nous avions acquis les droits plus tôt, nous aurions envoyé probablement davantage de journalistes et de consultants. Pour autant, Bein Sports ne fait pas une couverture au rabais de l’Euro 2024. Notre force c’est l’intégralité et l’exclusivité ».
Quel bilan tirez-vous de cette phase de poule ?
F.H. : « Nous sommes ravis des audiences réalisées. Elles sont en hausse de 34% pour l’instant par rapport à celles enregistrées lors de l’Euro 2021. Notre travail est récompensé. L’exclusivité de certains matchs nous permet de dépasser le million de téléspectateurs. Je pense notamment à la rencontre entre l’Espagne et la Croatie ou celle opposant les Pays-Bas à la Pologne. Depuis le début de l’euro, plus de 13 millions de personnes ont suivi Bein Sports ».
Quels sont vos objectifs en termes de recrutement d’abonnés ?
F.H. : « Ces grandes compétitions nous permettent de recruter en moyenne 500 000 abonnés. L’enjeu est de les conserver au-delà du coup de sifflet final de la finale. Nous verrons cela après l’Euro ».
Quels sont les retours commerciaux de la régie publicitaire ?
F.H. : « Vu les délais d’acquisition, les retours sont très satisfaisants. Pendant cette phase de poule, les écrans publicitaires étaient très bien remplis, notamment pour les matchs des Bleus. Les annonceurs connaissent la qualité de notre couverture et ont été au rendez-vous. Maintenant cela dépend aussi du parcours de l’équipe de France. Notre atout reste tout de même l’exclusivité de certains matchs, notamment trois huitièmes de finale dont celui opposant la Suisse à l’Italie ».
Comment gérer vous la concurrence avec TF1 et M6 sur certains matchs ?
F.H. : « Nous ne sommes pas concurrents. Nous sommes complémentaires. Les téléspectateurs de Bein Sports sont des puristes. Ils savent qu’en allumant nos chaînes, ils auront de l’analyse avant et après les matchs, ce qui n’est pas le cas sur TF1 et M6. Commercialement, cette co-diffusion n’est pas un handicap car les annonceurs savent que nous avons un fidèle public ».
Entretien : Titouan Laurent
© SportBusiness.Club juin 2024