Médias. Une nouvelle saison de Formule 1 s’apprête à démarrer dimanche 16 mars 2025 en Australie, premier Grand Prix de l’année. Pour Frédéric Vasseur, Directeur général de l’écurie Ferrari, ce sera également le coup d’envoi de week-ends marathons mêlant la coordination technique des voitures, l’organisation sportive de la course et la gestion des médias. « Avec l’expérience, on nous apprend à faire un peu plus attention aux journalistes et à leurs questions, parce que les propos sont parfois déformés,» a affirmé le patron français de la Scuderia lors du Festival du journalisme sportif, qui s’est tenu du mardi 4 au jeudi 6 février 2025 à Laval (Mayenne).
Pour prévenir au mieux ces possibles dérapages, l’écurie italienne organise, avant chaque course, le mardi et le jeudi, une réunion avec ses pilotes et attachés de presse afin d’examiner ensemble les “sujets chauds” du moment. « Cela permet de préparer les réponses, mais aussi d’être alignés, car les pilotes sont parfois en conférence de presse d’un côté et moi d’un autre », explique le dirigeant fort de plus de 35 ans d’expérience dans le sport automobile.
Autant pour gérer les médias que les réseaux sociaux
Frédéric Vasseur confie néanmoins “se servir” parfois des médias pour transmettre des messages. « Ce serait une faute professionnelle de ne pas le faire, a-t-il lâché, déclenchant ainsi les rires dans la salle. Nos concurrents, nos pilotes et la FIA [Fédération Internationale de l’Automobile] nous écoutent. Ce que l’on va dire peut influencer le prochain règlement ou la qualité des pneus de Pirelli sur la course suivante. Il n’y a rien d’anodin. »
Le patron de Ferrari F1, qui dirige une équipe de 1 500 personnes, s’appuie sur un dispositif de six à sept attachés de presse spécialement dédiés aux relations médias. Il y en a autant s’occupant des réseaux sociaux. « Il y a deux ans, nous avions une personne en intermittence sur les réseaux sociaux. Maintenant, on en a tous six ou sept et cela prend des proportions démesurées », a ajouté Frédéric Vasseur.
Des questions en direct
Absent des réseaux sociaux – Facebook, Instagram et X – le manager de l’écurie italienne entend les différencier des médias traditionnels, même si leurs audiences ne sont plus comparables : lorsque, selon Nielsen Sports, une photo de Lewis Hamilton devant la maison d’Enzo Ferrari cumule un milliard de vues, à la télévision, les courses attirent entre un million et un million et demi de téléspectateurs sur Canal+ en France. « Les réseaux sociaux permettent de communiquer sur l’image et les sponsors, a expliqué Frédéric Vasseur. A contrario, si l’on veut transmettre un message, on le fait via les journalistes présents sur le circuit. »
Et puis, le patron de l’écurie, comme ses homologues, doit aussi composer avec la diffusion à la télévision de leurs conversations avec les pilotes. « C’est le plus dur, a-t-il avoué. Répondre à une question quand on est concentré sur la course est déstabilisant. J’ai constamment peur de dire une “connerie” (sic). » Après la course, pour assurer ses réponses, Frédéric Vasseur utilise un autre stratagème. Le dirigeant a des notions d’italien, mais il préfère communiquer uniquement en anglais : ainsi il bénéficie du temps de la traduction pour préparer sa réponse. Malin.
Killian Tanguy, envoyé spécial à Laval (Mayenne)
© SportBusiness.Club Février 2025