Interview. Dans l’immense salle de presse du stade Roland-Garros, Fabrice Jouhaud se rappelle peut-être ses souvenirs de journaliste. L’ancien reporter de L’Equipe, aujourd’hui directeur général de la Ligue Nationale de Basket (LNB), pilote à côté du président Philippe Ausseur la stratégie du basket professionnel français. Le dirigeant se réjouit de la dynamique et de la refonte des plateformes numériques de la Ligue. Il s’agace aussi du manque de lisibilité des compétitions européennes.
Dans quel état d’esprit abordez-vous cette saison ?
Fabrice Jouhaud : « Nous allons lutter contre l’illisibilité du basket. Je suis très content de notre nouvelle identité et de nos nouvelles compétitions. Tout se met en forme. Notre chantier principal est maintenant la refonte de notre plateforme digitale. Cela devrait voir le jour à la fin du mois de septembre 2025. Cette initiative va nous permettre de créer une “Content Factory” pour alimenter ces outils et exister sept jours sur sept. L’objectif est de faire parler beaucoup plus du basket français et de mieux le raconter.»
Que représente la première organisation de cette Supercoupe à Roland-Garros ?
F.J. : « C’était l’opportunité pour les fans de basket de découvrir Roland-Garros. Ce n’est pas si simple de venir ici pendant la quinzaine de tennis. Lancer notre saison porte d’Auteuil, c’est aussi donner un bel écrin à cette nouvelle compétition avec nos meilleures équipes de la saison précédente. Débuter la saison à Paris c’est important car c’est là qu’il y a les médias et les décideurs. »
Quel est votre regard sur l’exposition de la Betclic Elite via son diffuseur DAZN ?
F.J. : « Nous sommes confiants sur la saison à venir. La co-diffusion d’une affiche par semaine avec l’Equipe nous satisfait. C’est un privilège d’être diffusé par un acteur comme DAZN. Nous allons travailler avec eux pour conquérir de nouveaux publics.»
Comment se porte l’attractivité commerciale de la Ligue ?
F.J. : « Nous sommes ravis de l’accord commercial qui vient d’être annoncé avec Lotus. Nous avons plusieurs touches pour d’autres partenaires potentiels. Nous sommes surtout heureux d’avoir renouvelé tous nos partenaires, en commençant par Betclic, Gedibois et Rent a Car. Nous sommes ravis de leurs activations et campagnes de communication qui mettent en avant notre produit. Avec notre futur Content Factory, nous voulons leur proposer du sur-mesure en termes de contenus.«
La création d’une filiale commerciale par la LNB est-elle d’actualité ?
F.J. : « Non, ce n’est pas à l’ordre du jour. Nous n’avons pas les mêmes enjeux que la Ligue de Football Professionnel (PFL) par exemple. La LNB est en croissance et nous devons poursuivre cette dynamique. Pour cela, nous devons essentiellement nous inscrire dans l’industrie du divertissement. Nos clubs ne dépendent pas des droits TV et des transferts donc il y a une forme de sérénité.»
Quels sont les enjeux autour de la NBA Europe ?
F.J. : « Pour l’instant, rien n’est fait. Après, si vous avez, les championnats nationaux, l’Euroligue, la NBA Europe et les compétitions FIBA… cela validera le fait que le basket soit illisible. Si les gens n’y comprennent rien, ce sera la seule responsabilité des instances. Parallèlement les objectifs de croissance seront inatteignables pour tout le monde. Les décideurs, nous compris, doivent s’entendre pour davantage de clarté. »
Le basket a-t-il atteint un plafond de verre en France ?
F.J. : « Absolument pas. Le drame du basket c’est qu’en France il en a encore beaucoup sous la pédale. Ce sport n’est pas là où il devrait être. Les explications sont nombreuses à commencer par l’illisibilité des compétitions comme je l’indiquais précédemment. Les équipes de France marchent bien et nous avons de bons joueurs. Le plafond est encore très haut ! »
Entretien : Titouan Laurent
© SportBusiness.Club – Septembre 2025
