Trente ans après le début de l’exploitation par le consortium Vinci-Bouygues, le Stade de France change officiellement de mains. Dès mardi 5 août 2025, la gestion de l’enceinte de Saint-Denis (Seine-Saint-Denis) revient au groupe lyonnais GL Events. Le concert du groupe AC/DC, programmé les 9 et 13 août, marquera symboliquement le coup d’envoi de cette nouvelle ère. Cette transition s’est faite au terme d’un long bras de fer judiciaire entre l’État et le concessionnaire sortant.
Deux années de procédures et de recours infructueux n’auront pas empêché l’attribution du contrat pour une durée de trente ans. Le passage de relais reste toutefois sensible. Une source proche du dossier parle d’un processus “compliqué”, et rares sont ceux qui osent s’exprimer publiquement. Un communiqué conjoint du ministère de l’Économie et de celui des Sports évoque seulement la nécessité d’assurer la “continuité du service” pour les événements à venir.
GL Events, nouveau maître des lieux, doit intégrer une partie du personnel de l’ancienne structure, soit une centaine de salariés. Coincées entre deux gestions, les équipes ont déjà préparé les deux concerts d’AC/DC, prévus à peine une semaine après les dernières représentations du groupe sud-coréen BlackPink (2 et 3 août), qui, eux, clôtureront le chapitre Vinci-Bouygues. Le défi est autant logistique qu’humain.
“Le job sera bien fait”
Dans un message transmis à l’AFP, Christophe Cizeron, directeur général de GL Events Venues, fixe les priorités : “Une intégration réussie avec des équipes sereines, et la réussite des concerts avec des visiteurs et artistes satisfaits.” Alexandra Boutelier, directrice générale du consortium sortant, s’est quant à elle exprimée dans une simple lettre d’adieu, assurant que le Stade de France continuerait d’incarner un lieu “fédérateur et porteur d’émotions inoubliables”.
Peu d’éléments avaient filtré sur les propositions des différents candidats. Le projet du tandem Vinci-Bouygues incluait davantage de travaux de rénovation, un enjeu important pour cette enceinte inaugurée en janvier 1998. Depuis sa nomination, GL Events a levé le voile sur ses ambitions : ouvrir le Stade à de nouvelles disciplines comme le baseball ou le football américain, créer un musée, un restaurant, ou encore une salle immersive dédiée à la musique. Un investissement de 120 millions d’euros est prévu, sans interruption de l’activité.
L’entreprise lyonnaise, qui se targue d’avoir relancé l’ancien Stade Gerland à Lyon (Rhône), s’appuie aussi sur son expérience lors des Jeux de Paris 2024 pour rassurer sur sa capacité à gérer des sites de grande envergure. Son président, Olivier Ginon, est réputé proche d’Emmanuel Macron, une proximité qui a suscité des critiques au moment de l’attribution du contrat. « Le job sera fait, il sera bien fait,», a promis Christophe Cizeron pour couper court à la polémique.
Accord avec la FFR
Côté terrain, GL Events a signé un accord avec la Fédération Française de Rugby et la Ligue Nationale de Rugby pour accueillir cinq matches par an dans des conditions économiques améliorées. Selon le président de la FFR, Florian Grill, cet accord permettrait “5 à 6 millions d’euros d’amélioration”. La programmation future mêlera donc spectacles et toujours grands événements sportifs.
En revanche, aucun accord n’a encore été trouvé avec la Fédération Française de Football (FFF), malgré l’attachement symbolique de l’institution à cette enceinte du sacre de 1998. Son président, Philippe Diallo, a laissé entendre qu’il reprendrait les discussions. La FFF, qui utilise actuellement d’autres stades régionaux, pourrait revenir dans le giron du Stade de France à moyen terme.
L’histoire du Stade de France reste marquée par une concession initialement attribuée dans l’urgence entre les deux tours de l’élection présidentielle de 1995. Entre contentieux, subventions et indemnités, la facture publique a été lourde. La Cour des comptes estimait en 2018 à 778 millions d’euros le coût total du stade et de ses infrastructures. La prise en main du Stade de France par GL Events, qui a gagné 360 millions d’euros avec les jeux, sera scrutée de près par le monde du sport. (Avec AFP)
© SportBusiness.Club – Août 2025