27 août 2025

Temps de lecture : 3 min

Denis Naegelen : “L’US Open, c’est très américain, mais pas toujours raffiné”

De passage à New York pour la réunion des directeurs de tournois WTA, le patron des Internationaux de Strasbourg livre son regard sur l’US Open, entre admiration pour son ampleur et réserves sur ses dérives.

En marge de l’US Open, le directeur des Internationaux de Strasbourg a participé à la traditionnelle réunion des responsables de tournois WTA. Un rendez-vous bisannuel qui permet de faire le point sur la saison, de partager des pratiques et d’évoquer les évolutions de la fédération, marquée par la montée en puissance de WTA Ventures depuis l’arrivée de CVC Capital Partners. L’occasion aussi, pour lui, d’observer le fonctionnement du Majeur américain, véritable vitrine commerciale du tennis mondial.

S’il reconnaît l’impact et la force de frappe du tournoi, notamment en termes de public et de revenus, il nuance son jugement. « L’US Open est impressionnant par son effervescence et la présence des marques, mais ce n’est pas toujours raffiné», confie-t-il. Interrogé sur les innovations, comme l’organisation d’un double mixte stars avant le tournoi, il se montre critique, jugeant l’opération trop mercantile. Concernant la répartition des gains, il défend le principe d’une prime importante au vainqueur, en opposition aux revendications des joueurs, tout en reconnaissant que le sujet reste sensible entre directeurs de tournois.

Pourquoi étiez-vous à l’US Open ?

Denis Naegelen : « J’étais à New York pour participer à la réunion des directeurs de tournois internationaux de la WTA, qui se tient deux fois par an, dont traditionnellement avant le début de l’US Open. La seconde se déroule au printemps, à Rome ou Madrid, mais je l’ai déjà organisée une fois à Strasbourg. Durant trois jours, c’est l’occasion de faire le point sur la saison et d’échanger sur les perspectives. J’y vais aussi pour me tenir informé de la réorganisation de la WTA, notamment de sa filiale WTA Ventures après l’arrivée de CVC Capital Partners, qui connaît une croissance exponentielle. Ces réunions permettent également de partager entre directeurs de tournois sur les innovations mises en place par chacun. »

L’US Open est-il un tournoi inspirant ?

D.N. : « Je dirais plutôt que c’est un tournoi impressionnant. Il l’est par le nombre de spectateurs, par son effervescence et par l’omniprésence du business. Les boutiques sont partout, les marques aussi. En un mot : c’est très américain, mais pas toujours très raffiné. »

L’US Open a lancé une compétition de double mixte avec des stars quelques jours avant le tournoi. Qu’en pensez-vous ?

D.N. : « Je pense que c’est avant tout une façon de générer encore plus de revenus. Sur le plan économique, c’est une réussite car cela a permis de vendre davantage de billets, et plus chers. Mais, à titre personnel, je trouve cela choquant : l’US Open n’avait pas besoin de cet événement qui relève plus de l’exhibition que du sport. Il existe des manières plus pertinentes de valoriser le tennis, par exemple en mettant mieux en avant les qualifications. Je ne crois pas que Roland-Garros s’engagera dans cette voie. »

L’US Open est le tournoi du Grand Chelem le mieux doté, mais la répartition des gains est critiquée par les joueurs. Quelle est votre position ?

D.N. : « Pour moi, philosophiquement, le juge de paix, c’est la victoire. Dans un match, il y a un vainqueur et un perdant, et il est logique que le gagnant remporte plus. Je n’adhère pas à ce discours égalitariste, porté notamment par Novak Djokovic, qui se présente comme le défenseur des battus du premier tour. J’ai un immense respect pour le joueur, mais pas pour ce combat-là. C’est trop facile de s’attaquer aux Grands Chelems. Oui, ces tournois génèrent beaucoup d’argent, mais cet argent est ensuite redistribué par les fédérations dans le développement du sport sur leur territoire. »

Parlez-vous de cette polémique entre directeurs de tournois ?

D.N. : « Bien sûr, car c’est un vrai sujet d’inquiétude. D’une part car peut-être faudra t-il sans doute augmenter encore les primes de manière significative. Surtout, nous redoutons d’entrer dans des procédures juridiques dont personne ne peut prévoir l’issue, mais qui pourraient coûter très cher. »

Entretien : Bruno Fraioli
© SportBusiness.Club – Août 2025

Denis Naegelen (Internationaux de Strasbourg)

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