Interview. L’édition 2025 du tournoi de Wimbledon, qui débute ce lundi 30 juin à Londres (Grande-Bretagne), sera un laboratoire d’intelligence artificielle (IA) pour IBM. Partenaire historique du Grand Chelem anglais, l’entreprise américaine de technologie y teste de nouveau de nouveaux outils technologiques à destination du public.
Parmi eux, “Match Chat”, un assistant IA capable de répondre en direct aux questions des spectateurs pendant les matches, jusqu’à la finale prévue le 13 juillet 2025. Autre innovation : “Likelihood to Win”, un outil de prédiction de résultats. En calculant les chances de victoire en temps réel, il promet d’enrichir le suivi des matches… au risque d’embêter er les opérateurs de paris sportifs.
De passage au salon Vivatech en juin à Paris, Jonathan Adashek, vice-président marketing et communication d’IBM, a confié à SportBusiness.Club que son entreprise avec ses solutions liées à l’IA compte bien peser sur l’avenir du sport et ses usages numériques.
Quel est le lien entre IBM et le sport ?
Jonathan Adashek : « IBM a une longue histoire dans le sport. Nous avons plus de 30 ans de partenariats dans le monde. Avec Wimbledon, l’US Open ou encore le Masters de golf*. En 2024, nous sommes également devenus partenaires de l’écurie de Formule 1 Ferrari et de l’UFC. Nous travaillons avec bien sûr avec d’autres clubs et organisations. Ces collaborations nous permettent de donner vie à notre technologie d’une manière différente. Parfois, lorsque nous parlons de la technologie, elle peut être abstraite et difficile à suivre. Le sport permet IBM de vulgariser ses actions ».
Quels sont les enjeux de ces contrats de sponsoring ?
J.A. : « Je souhaite établir des partenariats. Pour moi, il y a trois volets. Premièrement, comment les équipes, les ligues ou les organisations peuvent elles mieux impliquer leurs fans. Deuxièmement, comment aider ces mêmes organisations ou ces mêmes équipes à améliorer leur back-office. C’est-à-dire devenir des organisations plus efficientes et plus efficaces. Troisièmement, comment les aider à améliorer leurs performances sportives. Dans un monde idéal, nous disposerions de ces trois éléments, mais ce n’est pas toujours le cas. C’est toutefois ce que je veux essayer de faire ».
De quelles initiatives êtes vous particulièrement fier ?
J.A. : « Je suis fier de tout le travail que nous faisons. Avec l’UFC, nous apportons des informations et des données en temps réel sur les matchs aux fans et aux commentateurs afin que les gens comprennent mieux ce qui se passe sous leur yeux. Sur le Masters, nous avons pratiquement huit années d’analyses de coups de golf. Ces données permettent de comprendre ce qu’il va se passer. Nous travaillons également sur l’application de l’événement. Celle-ci est considérée par beaucoup comme l’une des meilleures de l’univers du sport. Vous pouvez regarder chaque coup de chaque joueur ».
Et avec l’écurie Ferrari en F1 ?
J.A. : « J’adore ce que nous faisons avec eux en ce moment. Notre partenariat a donné naissance à une nouvelle plateforme d’engagement des fans de la Scuderia. Il y a 400 millions dans le monde. Il faut fidéliser et faire vivre cette communauté avec de l’interaction. C’est ce que nous avons mis en place. Toutes les technologies déployées dans le sport par IBM permettent de faire changer de dimension le sport ».
Certaines personnes sont perplexes face à l’utilité des nouvelles technologies le sport. Qu’en pensez-vous ?
J.A. : « Oui c’est vrai. De nombreux observateurs, des journalistes et même des fans ont des doutes sur ce que nous faisons. Mais ce qui est intéressant c’est que lorsque nous les guidons et leur montrons les coulisses, ils finissent par dire : “C’est la chose la plus intelligente que j’aie jamais vue”. Je suis enthousiaste de faire partie de tout cela ».
Pensez-vous que la France a un retard sur ce sujet ?
J.A. : « J’ai vécu en France lorsque je travaillais pour le groupe Renault. Je connais ce pays et je l’apprécie. Je pense que globalement, beaucoup de clubs, d’événements ou stades dans le monde n’en sont qu’au balbutiement de l’utilisation de l’IA. Cela ne s’arrête pas qu’au sport d’ailleurs. C’est aussi le cas dans le monde des affaires. Seulement 1% des données d’entreprise sont aujourd’hui intégrées dans un modèle d’IA. Pour revenir au sport et à la France, je peux vous dire que plusieurs clubs français de différentes disciplines m’ont contacté pour savoir comment nous pourrions les aider avec l’IA. C’est notamment le cas en matière de fan expérience. Petit à petit, cela va devenir la norme. La France n’est pas en retard : pas plus qu’un autre pays européen ».
Avec quels clubs français discutez-vous ?
J.A. : « Ca, je ne peux pas le révéler. C’est encore au stade des discussions »
Le sport doit-il faire mieux en termes de fan expérience ?
J.A. : « Oui. Le sport doit offrir des expériences beaucoup plus personnalisées et pertinentes aux fans. Que ce soit dans le stade ou devant un écran. C’est le seul moyen de les fidéliser car les résultats sportifs ne sont pas toujours là. Il faut s’assurer de garder des fans engagés même lorsque c’est plus difficile. Il y a des leviers à utiliser autour des récompenses par exemple »«
En s’appuyant sur les données par exemple ?
J.A. : « Mais évidemment ! La recette secrète de votre entreprise ce sont vos données. Vos données sont votre avantage concurrentiel. C’est l’utilisation optimale de vos données qui permettra à une entreprise sportive ou non à d’aller de l’avant et connaître davantage de succès. C’est également sur vos données que peut s’appuyer l’IA pour vous donner cet avantage. »
Quel est l’avenir du sport, avec l’IA ?
J.A. : « Je pense que les opportunités sont immenses. De grands changements vont intervenir et je ne m’arrêterais pas à l’IA. Les nouvelles technologies en général vont fondamentalement bouleverser l’approche du sport. Du point de vue de la consommation mais aussi de la performance. Le paysage sportif sera encore plus compétitif et donc attractif. IBM sera un acteur majeur de cette transformation. »
Entretien : Titouan Laurent
© SportBusiness.Club – Juin 2025
(*). IBM a été partenaire officiel de Roland-Garros durant 34 ans, jusqu’en 2018