Jean-Baptiste Guégan : “Le CIO ne peut pas avoir un président faible”
Jeudi 20 mars 2025, le Comité International Olympique (CIO) élira un nouveau président. Réunie sur les bords de la mer Ionienne dans un luxueux complexe hôtelier du Péloponnèse, en Grèce, la centaine de membres de l’institution mondiale devra départager sept candidats*, dont le Français David Lappartient, pour succéder à Thomas Bach. Une élection qui, selon le spécialiste de la géopolitique du sport, Jean-Baptiste Guégan, revêt des enjeux inédits et importants.
« Aujourd’hui, le CIO est, avec la FIFA, un des acteurs majeurs de la géopolitique mondiale, explique le journaliste et auteur. Tout choix d’un candidat faible ou inféodé à un pays affaiblirait l’influence du CIO, notamment face à la FIFA. Le prochain président devra comprendre ces enjeux et être en mesure d’y répondre. » Le contexte mondial, marqué par la guerre en Ukraine et le rapprochement entre la Russie de Vladimir Poutine et les États-Unis de Donald Trump, déstabilise l’ordre international et la gouvernance du sport.
Un président “par défaut”
« Le sport est un élément de puissance pour les États, et nous assistons à son “arsenalisation”, affirme Jean-Baptiste Guégan. Cela prend de l’ampleur à mesure que les tensions montent. Il est désormais impossible de parler de neutralité sportive. » D’où, selon l’expert, la nécessité d’un président fort pour préserver l’indépendance du CIO. « La crainte est d’avoir un mauvais candidat qui ne verrait le développement que sous l’angle marketing », ajoute-t-il.
À la lecture des programmes des sept candidats, Jean-Baptiste Guégan se dit inquiet. « Nous sommes dans la communication politique, sans promesses concrètes, avec des programmes creux, juge-t-il. Où sont les engagements environnementaux ? » Dans un contexte où les États-Unis, premier financeur des Jeux via les droits TV et le sponsoring, ne seraient plus “l’allié du CIO”, l’expert redoute l’élection d’un président par défaut. « J’ai peur d’un président “par intérim”», lâche-t-il.
