Un an après l’effervescence des Jeux paralympiques de Paris 2024, les acteurs du mouvement handisport oscillent entre fierté et désillusion. La ferveur populaire fut réelle : 2,5 millions de billets écoulés, 13 000 heures de diffusion dans le monde et des stades pleins. « La ferveur, l’engouement, partout», se souvient Alexis Hanquinquant, champion paralympique de triathlon. Le nageur Alex Portal, quadruple médaillé dont trois fois en argent, évoque « un rêve vécu à domicile » et un impact médiatique inédit. Marie-Amélie Le Fur, présidente du Comité paralympique et sportif français (CPSF), insiste sur le programme Club Inclusif qui a permis à des dizaines de clubs d’accueillir des personnes en situation de handicap.
Mais la réalité a vite rattrapé ce succès. Le joueur de cécifoot Gaël Rivière, également président de la Fédération française handisport, confie un « sentiment de déception » face à l’oubli du parasport une fois la flamme éteinte. La baisse envisagée de 18% du budget jeunesse et sports en 2026 est perçue comme une “trahison” par Marie-Amélie Le Fur. Pour elle, ces coupes budgétaires fragilisent la dynamique enclenchée, au risque de pousser certains clubs à se concentrer sur les disciplines jugées plus rentables. « On nous a parlé d’héritage, mais les promesses ne sont pas tenues», tranche Alexis Hanquinquant.
Des sponsors partis
Le retrait des partenaires privés accentue les inquiétudes. Si certains sportifs, comme Alex Portal, ont vu leurs sponsors reconduire leur engagement, beaucoup d’autres constatent une baisse drastique des soutiens. « Il n’y a pas que des mauvais élèves, mais globalement le constat est difficile», résume Alexis Hanquinquant. Flora Vautier, médaillée de bronze en para-tennis de table, admet que sans ressources suffisantes, voyager à travers le monde pour se qualifier reste hors de portée. Le contraste est fort avec la période “dorée” de Paris 2024, où l’élan populaire avait incité de nombreuses entreprises à s’engager.
À trois ans des Jeux de Los Angeles 2028, l’inquiétude grandit : faute de soutien, certains athlètes pourraient abandonner avant même d’avoir l’occasion de se qualifier. « On traverse un petit creux de vague, mais j’espère que début 2026 les chefs d’entreprise comprendront qu’il faut réinvestir», plaide Alexis Hanquinquant. Pour Marie-Amélie Le Fur, l’enjeu est clair : transformer l’élan populaire des Jeux en un véritable projet durable, sans quoi l’héritage paralympique de Paris risque de se limiter à de beaux souvenirs. (Avec AFP)
© SportBusiness.Club – Août 2025