A quatre mois du début des Jeux olympiques de Paris 2024, le montage financier du Club France, lieu de célébration du sport français qui sera installé dans la Grande Halle de la Villette, est loin d’être bouclé. L’augmentation importante de certaines dépenses, notamment de sécurité, a fait monté le coût de cet événement. Et les recettes ne sont pas au niveau des espérances, a admis David Lappartient, le président du Comité National Olympique et Sportif Français (CNOSF).
« Il est vrai qu’entre le moment où l’opération a été lancée et aujourd’hui il y a eu quelques changements, notamment dans les aspects sécuritaires« , a expliqué le président du CNOSF en marge d’un séminaire olympique organisé sur ce même site lundi 18 mars 2024. Celui-ci confirmait ainsi des informations publiées le matin même par Le Parisien. Le budget prévu pour cette opération est estimé à 22 millions d’euros. Le CNOSF et le Comité Paralympique et Sportif Français (CPSF) ont d’ores et déjà prévu de dépenser près de 7 millions d’euros à eux deux : respectivement 4,5 et 2,5 millions.
« Il ne vous a pas échappé que les enjeux sécuritaires sont beaucoup plus importants, et que la sécurité par exemple nous coûte beaucoup plus cher que prévu, a précisé David Lappartient. Donc oui au jour d’aujourd’hui, l’équilibre financier que nous avions prévu n’est pas encore atteint. Aujourd’hui le modèle économique fait qu’on est au-delà. Donc on est en train de travailler pour limiter cela au maximum et que la réussite du club France n’augure pas de temps plus difficiles (…) après la fête« .
Le déficit du Club France pourrait dépasser 4 millions d’euros. « Il pourrait manquer plusieurs millions d’euros au final si ça ne bouge pas, assure une source proche du dossier à l’AFP. Si les recettes ne rentrent pas, c’est notamment parce que beaucoup de fédérations trouvent le ticket d’entrée trop cher. » De fait, plusieurs fédérations ont déjà prévu leur propre espace de célébration durant les Jeux, et pas forcément avec le CNOSF. C’est le cas de celle d’athlétisme qui s’installera à côté du Stade de France, dans les locaux de son partenaire Randstad.
Un coût pris en charge par le Cojo ?
Les sponsors rechigneraient aussi à investir en hospitalités au sein du Club de France. Là encore les tarifs seraient jugés trop chers… et le lieu trop excentré. Ainsi, EDF a préféré s’installer avec son espace propre au Pavillon Gabriel, en bas des Champs Elysées. Toutefois, Marie-Amélie Le Fur, la présidente du CPSF, a assuré que « 15 partenaires » avaient déjà signé. Mais seules les marques liées officiellement avec les Jeux peuvent s’afficher dans le Club France.
Coté fréquentations, le lieu événementiel, situé dans le nord-est de Paris, prévoit d’accueillir près de 700 000 visiteurs sur toute la durée des Jeux, soit 600 000 pour les Jeux olympiques, du 26 juillet au 11 août prochains, et et 100 000 autres durant les Jeux Paralympiques, du 28 août au 8 septembre. Mais le modèle économique ne prévoit pas recettes de billetterie. L’entrée sera gratuite, exceptée une sorte de « participation aux frais » inférieure de 5 euros lors des Jeux oympiques.
Site étendard de la France lors des derniers Jeux olympiques, le Club France n’a jamais été un événement rentable. Même à Londres en 2012 où l’ancienne Halle aux Poissons avait reçu 90.000 visites payantes. C’était quasi autant en 2016 au Centre hippique de Rio. Dans les deux cas, le CNOSF s’en était sorti avec une ardoise. Le prix à payer pour ce type d’événement vouée aussi au rayonnement du sport français. Lundi, David Lappartient a suggéré que les coûts liés à ce type d’espace soit pris en charge par le comité d’organisation des Jeux. Un message pour 2030, mais difficile à mettre en œuvre.
Bruno Fraioli (avec AFP)
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