Et de huit ! Le Hellas Vérone devient le huitième club de Serie A à passer sous pavillon américain après son rachat à 100 % par le fonds d’investissement Presidio Investors. Le club de football, actuellement 18e du championnat italien, sera désormais dirigé par Italo Zanzi, un Américain d’origine italienne et ancien collaborateur de la Concacaf et de la MLB (Major League Baseball), précise un communiqué publié le 15 janvier 2025. Le montant de la transaction serait légèrement supérieur à 100 millions d’euros, selon la presse économique italienne.
Près de la moitié des clubs de Serie A (AC Milan, AS Rome, Atalanta, Fiorentina, Inter Milan, Parme, Vérone, Venise) sont désormais sous gestion de capitaux américains. « Il y a un besoin de financement des clubs italiens, rappelle Jean-Baptiste Guégan, spécialiste de la géopolitique sportive. La Serie A offre un assez bon compromis pour les investisseurs américains : c’est moins cher qu’en Premier League ou en Bundesliga. De plus, il existe une proximité historique et culturelle entre les États-Unis et l’Italie, notamment à travers les diasporas, ce qui peut expliquer cette appétence. »
“Le football : un terrain de jeu pour milliardaires”
Avec cet afflux d’argent, le championnat italien, dont DAZN est le diffuseur domestique jusqu’en 2029 pour 4,5 milliards d’euros, pourrait gagner en compétitivité, selon Jean-Baptiste Guégan. « C’est positif en termes de rayonnement et de concurrence sportive. Cela augmente la notoriété et la visibilité des clubs, y compris des plus modestes, » estime-t-il. Toutefois, l’arrivée de ces fonds étrangers suscite des interrogations en Italie. Certains craignent une perte d’identité des clubs. « Cela peut générer une rupture avec les supporters, qui ont une vision plus nostalgique du football,» explique l’expert.
Ce phénomène dépasse l’Italie. Partout en Europe, les fonds d’investissement américains, étrangers ou souverains multiplient les acquisitions dans le monde du football. « Le football est un terrain de jeu pour milliardaires, affirme Jean-Baptiste Guégan. Cela reste un levier politique et une lutte entre États. Les objectifs deviennent de moins en moins sportifs, mais de plus en plus économiques, politiques, voire géopolitiques. La multipropriété favorise les holdings de clubs, et pour l’instant, ce point n’est absolument pas régulé par les instances. La gouvernance mondiale du football est en jeu. »
Titouan Laurent
© SportBusiness.Club janvier 2025