L’enceinte sportive, jusqu’ici propriété de la ville de Lens (Pas-de-Calais), a été cédée pour 27 millions d’euros, bien en deçà de son estimation initiale de 54,9 millions d’euros. Le club rejoint ainsi Lyon et Auxerre parmi les rares formations de Ligue 1 propriétaires de leur stade. Cette vente a été validée lors du conseil municipal présidé par Sylvain Robert (Parti socialiste), maire de la commune.
Le montant final tient compte de plusieurs mécanismes financiers, notamment une décote de 6,5 millions d’euros en échange d’une clause interdisant tout changement de nom pendant 20 ans. Il n’y aura donc pas de naming commercial. S’ajoutent, 8,4 millions d’euros liés aux droits résiduels du bail courant jusqu’en 2052, et 10,1 millions d’euros correspondant au prêt contracté par le club auprès de la région. Le reste du solde est constitué de diverses réductions comptables.
En faire un “lieu de vie”
Présent devant les élus, Joseph Oughourlian, président et propriétaire du club, a souligné l’urgence de rénover la mythique enceinte de 38 223 places, dont les derniers travaux remontent à 2015 pour l’Euro 2016. « Les infrastructures commencent à vieillir,» a-t-il admis, en annonçant son intention d’en faire un “lieu de vie” à l’année. Le projet prévoit l’aménagement de loges VIP, la modernisation des vestiaires, une fan zone, et d’autres installations commerciales.
Le RC Lens, confronté comme toute la Ligue 1 à l’incertitude autour des droits TV, espère ainsi diversifier ses revenus. Joseph Oughourlian était l’un des principaux opposants à l’accord conclu avec DAZN, plateforme britannique qui a obtenu les droits de la Ligue 1 jusqu’en 2029 pour près de 400 millions d’euros annuels.
Cette autonomie nouvelle s’inscrit dans une stratégie plus large de stabilisation financière. Le club s’est séparé cet hiver de plusieurs cadres à forts salaires, dont Brice Samba, Kevin Danso et Przemyslaw Frankowski. Il a aussi enregistré un transfert record avec la vente d’Abdukodir Khusanov à Manchester City pour environ 50 millions d’euros.
Une jauge supérieure à la population
Bollaert-Delelis est un bastion populaire unique en France : son taux de remplissage atteint 99 % cette saison, avec en moyenne 37 936 spectateurs, plus que la population de Lens : 32 600 habitants. Construit en 1933 par 180 mineurs sur une parcelle de la Compagnie des Mines, le stade perpétue l’héritage ouvrier du club. À chaque match, les tribunes vibrent au son des “Corons” de Pierre Bachelet, chanté en hommage aux gueules noires.
L’initiative lensoise fait écho au modèle lyonnais : depuis 2016, l’Olympique Lyonnais exploite son propre Groupama Stadium, au cœur d’un vaste complexe estimé à 450 millions d’euros. Lens emprunte désormais cette voie vers l’indépendance économique, avec son propre projet, enraciné dans l’histoire locale. (Avec AFP)
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