13 octobre 2025

Temps de lecture : 3 min

Mandelieu, ville sportive depuis 135 ans

Interview. Mandelieu-la-Napoule qui accueille le Congrès international du tourisme sportif confirme son positionnement : faire du sport un moteur de son attractivité, entre nature, élégance discrète et dynamisme économique.

La troisième édition du Congrès international du tourisme sportif s’est ouvert lundi 13 octobre 2025 à Mandelieu-la-Napoule (Alpes-Maritimes), une ville qui a fait du sport son véritable credo. Pour Pierre-Louis Roucaries, Directeur général Tourisme et Congrès de la ville, cette orientation s’inscrit dans une histoire ancienne et une stratégie assumée. Connue pour son mimosa et son cadre naturel entre mer et massif de l’Estérel, la station mise depuis plus d’un siècle sur le tourisme sportif pour maintenir une activité touristique à l’année.

Aujourd’hui, Mandelieu ne se contente plus d’offrir un terrain de jeu idéal pour le golf, le vélo, la randonnée ou les sports nautiques : la ville accueille aussi des événements sportifs majeurs, comme la descente urbaine en VTT, des trails, la Graaalps, une course cycliste extrême en gravel, ou encore en 2026 une étape du circuit voile Ocean Fifty. Une politique cohérente, selon Pierre-Louis Roucaries, qui conjugue qualité de vie pour les habitants, attractivité pour les visiteurs et désormais soutien affirmé aux athlètes de haut niveau.

Qu’apporte à Mandelieu-la-Napoule le fait d’avoir l’image d’une cité sportive ?

Pierre-Louis Roucaries : « Mandelieu est une ville touristique qui vit toute l’année, ce qui est assez rare pour une station balnéaire. Depuis les années 1990, nous avons structuré notre offre autour de deux axes qui font partie de l’ADN de la destination : d’abord le mimosa, qui anime la saison hivernale, et ensuite le sport, avec une stratégie de développement du tourisme sportif. Cela permet à nos hôtels et restaurants de rester ouverts à l’année. Nous disposons d’un espace de jeux exceptionnel pour une ville de 22 000 habitants, sur une Côte d’Azur encore peu urbanisée. On peut y pratiquer tous types de sports : golf, vélo, randonnée, trail, sports nautiques… à tous les niveaux. »

Cette identité sportive ne doit rien au hasard, il y a un historique…

P.-L.R. : « Tout à fait. L’histoire sportive de Mandelieu remonte à la Belle Époque. À la fin du XIXᵉ siècle, la Côte d’Azur se construit et Mandelieu attire déjà les aristocrates européens et russes qui viennent ici pratiquer de nouveaux loisirs venus d’Angleterre : football, polo, cricket, aviron ou golf. Le Grand duc Michel de Russie a d’ailleurs joué un rôle important dans le développement de la ville. Les Anglais et les Russes ont contribué ensemble à façonner ce territoire. »

Cette image de ville sportive permet-elle de se différencier de vos voisines comme Cannes ou Nice ?

P.-L.R. : « Oui, clairement. Nous ne sommes pas en concurrence directe : les notoriétés sont très différentes. Mandelieu se positionne comme une destination plus sécurisée, plus discrète, plus “cool” mais tout de même chic. Ici, on vient pour se ressourcer, passer de bonnes vacances en famille ou entre amis, loin du tumulte des grandes stations voisines. »

Avez-vous mesuré l’impact économique du tourisme sportif sur la commune ?

P.-L.R. : « Pas encore précisément. Nous commençons seulement à disposer d’outils pour évaluer les retombées économiques globales du tourisme, grâce aux données numériques. Mais il est encore difficile d’isoler celles liées au sport, sauf lors d’événements majeurs pour lesquels nous menons des études spécifiques. »

Alors, comment justifiez-vous les investissements liés au sport ?

P.-L.R. : « C’est avant tout une question de cohérence politique : on ne change pas l’ADN d’une ville. Nous faisons la promotion de Mandelieu à travers des preuves, pas seulement des promesses. Ici, on peut jouer au golf le matin, faire du VTT dans l’Estérel l’après-midi, et finir la journée en bateau entre les îles de Lérins. Peu d’endroits offrent une telle diversité dans un cadre aussi préservé. »

Vous privilégiez donc le sport pour tous plutôt que le sport d’élite ?

P.-L.R. : « Historiquement, oui. Mais les choses évoluent. Depuis les Jeux olympiques, la commune soutient aussi des athlètes de haut niveau, comme Louise Cervera, championne du monde de voile en 2024, ou Mickaël Zézé, finaliste sur le relais 4×400 m. Notre stratégie lie désormais tourisme, congrès et développement économique. On ne peut pas construire un plan de tourisme sportif sans politique locale adaptée : pistes cyclables, infrastructures, accueil… Ce qui est bon pour les touristes l’est aussi pour les habitants. »

Entretien : Bruno Fraioli, à Mandelieu-la-Napoule (Alpes-Maritimes)
© SportBusiness.Club – Octobre 2025

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