2 octobre 2025

Temps de lecture : 4 min

“Problématique et ridicule”. Antoine Dupont critique le salary cap

Antoine Dupont s’exprime pour la première fois sur les limites du Salary Cap et son impact sur les contrats publicitaires individuels des joueurs.

« C’est une chasse à la sorcière qui devient problématique et ridicule ». Dans les studios de Canal+ à Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine), Antoine Dupont a décidé, à la surprise générale, de monter au créneau pour dénoncer le modèle, selon lui obsolète, du Salary Cap. Il estime qu’en raison de cette règle, instaurée par la Ligue Nationale de Rugby (LNR) en 2018, qu’aucun partenariat individuel ne peut être pris en compte dans le calcul de la rémunération des joueurs. Interrogé par nos soins à ce sujet à l’occasion d’un point presse consacrée au Stade Toulousain et au renouvellement du partenariat avec Peugeot, la star de l’équipe de France de rugby a poursuivi sa réflexion en aparté.

« Votre question me donne l’occasion de parler de ce sujet pour la première fois, a confié le champion olympique à quelques journalistes dont SportBusiness.Club. Les règles du Salary Cap sont de plus en plus strictes. Elles nous empêchent d’utiliser notre image individuelle à travers des contrats publicitaires. Cela représente un manque à gagner important pour les joueurs. Cela nous fait moins d’argent car c’est décompté de nos salaires. Le tout alors que l’économie du rugby a changé avec une audience et une exposition qui n’ont jamais été aussi élevées ».

Un manque à gagner

Fixé à 10,7 millions d’euros par club jusqu’au début de la saison 2026/2027, le Salary Cap vise à préserver l’équité sportive et la stabilité économique des clubs professionnels. Toutes rémunérations versées par le club aux joueurs pour leurs services sportifs ou liés à leur activité rugby entrent dans ce plafond. Cela concerne notamment les contrats de sponsoring des athlètes pour une marque qui serait partenaire du club employeur. « Cette règle existe pour éviter les faux contrats et que les joueurs soient payés via des sociétés d’image,». nous a-t-on précisé.

Le demi de mêlée du Stade Toulousain présente ainsi un cas précis avec, justement, Peugeot. Son club est associé au constructeur, et vient de prolonger son accord. En parallèle, lui-même est l’ambassadeur de la marque auto à titre individuel. « Ce contrat avec Peugeot me prend du temps, explique Antoine Dupont. J’ai dû aller au Mondial de l’Automobile à Paris, j’ai tourné une publicité pendant quatre heures pour eux. Ils utiliseront mon image à l’international. Et au final ce ne sera pas de l’argent pour moi mais pour mon club, alors que j’ai signe un contrat individuel. Ce système est un manque à gagner pour les joueurs ».

L’image d’Antoine Dupont sera en effet utilisée dans le cadre de la nouvelle campagne publicitaire de Peugeot. Celle-ci sera dévoilée à l’occasion d’un spot télé dimanche 5 octobre 2025. « C’est ubuesque,» s’exclame Sébastien Bellencontre, fondateur de l’agence 4Success et en charge de l’image de Louis Bielle-Biarrey. « Dans ce cas précis il n’est pas directement associé au Stade Toulousain, remarque-t-il. Il n’y a donc aucune raison que cela soit pris en compte dans le Salary Cap ». Les contrats de sponsoring d’Antoine Dupont signés avec le groupe LVMH ou Adidas ne sont pas concernés.

Une frustration

Le sujet est sensible. Il serait très régulièrement évoqué lors des rassemblements de l’équipe de France masculine de rugby. La majeure partie des joueurs du XV de France rencontreraient de grosses difficultés dans la gestion de leur droit à l’image individuel. « C’est évident que le Stade Toulousain met la pression à Antoine Dupont pour qu’il reste ambassadeur de Peugeot pour pas grand chose, alors qu’il pourrait signer un contrat de sponsoring XXL avec Toyota ou Renault : cela n’entrerait pas dans le cadre du Salary Cap car sans lien avec le club,» explique un expert de ce type de dossier.

Antoine Dupont compte sur les médias pour faire entendre sa position. « La Ligue ne veut rien entendre pour l’instant, regrette le joueur. C’est très frustrant. Je dirais même qu’elle essaye d’être de plus en plus invasive en voulant tout savoir de nos contrats de sponsoring. C’est une chasse à la sorcière qui en devient problématique et ridicule. Nous voulons simplement utiliser notre image comme bon nous semble. L’économie du rugby est grandissante et au final nous ne sommes pas bénéficiaire de ça puisque le salaire stagne, voire baisse. »

La menace du projet R360

Quelques minutes après ces déclarations, la LNR a réagit dans un communiqué. “Le Salary Cap est essentiel pour préserver à la fois l’équité sportive et l’équilibre économique de nos clubs, rappelle l’instance avant de poursuivre. La LNR n’interdit en aucun cas à un joueur de disposer de son droit à l’image. Ce qui est prévu, c’est que les contrats conclus avec une entreprise partenaire du club soient déclarés dans le Salary Cap par les clubs. C’est un principe de transparence, récemment renforcé, qui vise à éviter tout contournement du plafond salarial par des rémunérations indirectes. »

Plusieurs réunions seraient prochainement prévues, notamment avec le syndicat des joueurs Provale. « Le message a peu de chance d’être entendu, assure toutefois un observateur. Les modalités pourraient amener à changer. Il serait envisageable de décider qu’un joueur par équipe ne soit pas concerné par le Salary Cap. Toutes ces discussions crédibilisent encore davantage le projet de Ligue R360 qui veut chambouler les codes et organisations du rugby avec la création de franchises à travers le monde. » En rejoignant cette potentielle ligue alternative Antoine Dupont pourrait signer tous les contrats de sponsoring qu’il souhaite. Aujourd’hui, les contrats personnels du joueur représenteraient chacun plus de 100 000 euros par an.

© SportBusiness.Club – Octobre 2025

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