Trente ans après l’entrée dans l’ère professionnelle, le rugby français s’appuie sur un modèle dominé par les clubs. Toulouse, La Rochelle et Bordeaux-Bègles ont remporté les cinq dernières Coupes d’Europe, l’affluence progresse et le Top 14 attire toujours les investisseurs. Même la Pro D2 séduit des joueurs en fin de carrière. Mais cette puissance, bâtie sur la densité de l’élite et des moyens financiers conséquents, pèse parfois sur le XV de France.
Pour Xavier Sadourny, entraîneur de Castres, « tout est fait aujourd’hui pour que le joueur soit performant ». Encadrement médical, nutrition, vidéo : les moyens n’ont plus rien à voir avec ceux des années 1990. Pourtant, la cadence reste le danger majeur, entre saisons chargées et mise à disposition des internationaux, source de tensions entre Ligue et Fédération. Malik Hamadache, président du syndicat des joueurs Provale, insiste néanmoins sur les progrès réalisés dans le suivi des joueurs.
Des décalages
Le décalage demeure important entre statuts. Les stars comme Antoine Dupont ou Louis Bielle-Biarrey bénéficient d’une forte exposition médiatique, quand d’autres internationaux peinent à trouver des partenaires. En Pro D2, malgré des salaires en hausse, la reconversion reste une préoccupation. « Le niveau de rémunération ne permet pas d’envisager sereinement l’après-carrière sans préparation rigoureuse », avertit l’agent Jérôme Chabran.
La professionnalisation a aussi consacré le rôle des agents, devenus indispensables dans la gestion des carrières. Pour Jérôme Chabran, la qualité de la formation française laisse espérer l’émergence de nouveaux talents. Mais l’équilibre reste fragile : la santé financière des clubs et les résultats du XV de France conditionneront la pérennité du modèle. (Avec AFP)
© SportBusiness.Club – Août 2025