Interview. Ancien capitaine du XV de France, Thierry Dusautoir stationne désormais en gare d’Auber à Paris. Enfin, seulement ce 11 mars 2025, juste le temps d’une apparition dans le cadre d’une opération orchestrée par la RATP pour célébrer les 20 ans de son partenariat avec la Fédération Française de Rugby (FFR). À cette occasion, un espace événementiel ouvert au grand public a été installé, proposant divers ateliers rugbystiques interactifs. Aujourd’hui reconverti dans l’entrepreneuriat, Thierry Dusautoir a, entre deux tests des différents ateliers, partagé avec SportBusiness.Club son regard sur l’évolution du rugby-business.
Quel est aujourd’hui l’attractivité du rugby pour les marques, selon vous ?
Thierry Dusautoir : « Le rugby s’impose comme un terrain de jeu pour les marques. Il y a de plus en plus d’entreprises qui s’associent au championnat de France et à la fédération. Ces nouvelles ressources financières permettent de développer le discipline auprès du plus grand nombre et notamment la pratique amateure. Plus la fédération gagne d’argent, mieux c’est pour le rugby français. »
Les sponsors étaient-ils aussi nombreux à votre époque ?
T.D. : « Peut-être pas. Cela montre la place du rugby aujourd’hui dans la société française. Les audiences autour des matchs des Bleus sont très élevées. Cet engouement attire naturellement les annonceurs. Et c’est mérité. »
Comment les rugbymen gèrent-t-ils leur après-carrière ?
T.D. : « Les rugbymen sont des citoyens comme les autres. Il y a une nécessité de se projeter sur l’après carrière. On s’appuie sur nos expériences et notre réseau pour se lancer dans différents projets. Il y a des reconversions dans le domaine de l’encadrement sportif, en entreprise ou dans l’entreprenariat. J’ai d’ailleurs fait ce choix. J’avais commencé à entreprendre pendant ma carrière dans l’univers de la tech et de la data. Je poursuis cela maintenant avec passion à travers mon fonds d’investissement Cap10. Le rugby c’est une étape importante de nos vies, mais ce n’est qu’une étape. »
N’est-ce pas compliqué de conserver des sponsors après sa carrière ?
T.D. : « Cela repose essentiellement sur la relation que l’on a tissé durant notre carrière sportive. Si on ne propose que l’image de joueur de rugby, c’est difficile de capitaliser dessus sur le long terme. Maintenant que ma carrière est derrière moi, je ne suis plus sur le devant de la scène. Je peux marcher dans la rue, personne ne va m’arrêter. Il faut donc proposer autre chose que son image. »
Personnellement, avez-vous conservé des sponsors ?
T.D. : « Je suis ambassadeur Société Générale depuis 2012. Cette année, je suis parrain de la célébration des 20 ans de partenariat entre la RATP et la Fédération Française de Rugby. Quand on est en activité, ce n’est pas simple de se projeter sur la vie d’après. On y pense lorsqu’on est de l’autre côté. »
Que pensez-vous de l’arrivée d’Etats souverains dans le rugby, comme l’Arabie Saoudite ?
T.D. : « Il y a une nécessité de faire la promotion du rugby. En toute objectivité, le rugby est un sport régional. Si ce sport veut atteindre la globalité, il faut regarder toutes les options. Celles provenant des sports riches, mais pas à n’importe quelle condition. Le rugby est souvent associé à des valeurs, qui sont utiles pour en faire la promotion, mais elles nous rendent comptables des actions que nous faisons. Il ne faut pas perdre en crédibilité auprès du grand public. »
Entretien : Titouan Laurent
© SportBusiness.Club Mars 2025