25 novembre 2024

Temps de lecture : 2 min

Une campagne électorale sous tension

La campagne électorale de cette année au sein des fédérations sportives françaises s’annonce particulièrement tendue. Entre invalidation de listes, attaques personnelles et complexités administratives, cette élection a pris un tour inattendu, exacerbant les fractures au sein du mouvement sportif français. En toile de fond, la loi Sport de 2022, censée clarifier la gouvernance, est jugée responsable des nombreuses difficultés rencontrées par les fédérations dans la constitution de leurs listes.

L’un des incidents marquants a été le retrait de l’ex-championne de boxe Sarah Ourahmoune, victime de racisme et de sexisme après avoir annoncé sa candidature pour co-présider la Fédération française de boxe (FFB). Une autre figure du sport, Estelle Mossely, ancienne championne olympique et candidate elle aussi à la présidence de la FFB, a vu sa liste invalidée par la commission de surveillance électorale pour une erreur administrative concernant l’éligibilité d’une de ses colistières. Mossely a immédiatement annoncé son intention de contester cette décision en justice, précisant : « Vous ne m’empêcherez pas. »

Augmentation des recours

Cette invalidation des listes n’est pas un cas isolé. De nombreuses candidatures ont été rejetées, notamment en canoë-kayak, en équitation et en haltérophilie, poussant certains candidats à solliciter l’aide du Comité National Olympique et Sportif Français (CNOSF). Toutefois, ces recours ne suffisent pas à résoudre les problèmes administratifs complexes créés par la loi Sport. « Jamais la conciliation au CNOSF n’avait été autant sollicitée,» confie une source proche du mouvement sportif, bien que l’instance sportive n’ait pas pu confirmer le nombre exact de dossiers en souffrance.

La loi Sport, votée en mars 2022, impose des exigences strictes en matière de gouvernance, notamment la parité dans les instances dirigeantes et l’intégration de nouveaux représentants comme les athlètes de haut niveau ou les arbitres. « Le cahier des charges de la constitution des listes est trop lourd, et les gens font des erreurs,» affirme un cadre du mouvement sportif. Selon lui, « les élections sont tombées dans le droit commun, et cela entraîne un climat de méfiance et de contestation. »

Complexité administrative

Cette complexité administrative engendre des frustrations, notamment lorsque les listes sont rejetées pour des raisons techniques. « Certains rament pour remplir toutes les catégories demandées,» explique une source proche du CNOSF. Dans certaines fédérations comme le volley-ball ou le golf, une seule liste est en lice, ce qui suggère qu’il devient difficile de créer une véritable opposition.

Les tensions sont palpables. « C’est parfois très rugueux,» confie un cadre sportif. Cette atmosphère a conduit le ministre des Sports, Gil Avérous, à demander aux fédérations de “rester à la hauteur” et de préserver l’intégrité du processus électoral. Il déplore que “certains épisodes ternissent ce moment essentiel dans la vie du mouvement sportif”, soulignant que des attaques personnelles ont eu lieu. Une source ministérielle tempère néanmoins en précisant que “cela ne se passe pas mal partout”.

Très récemment, le président du CNOSF, David Lappartient, candidat, lui, à la présidence du Comité International Olympique, a condamné des propos “inacceptables” échangés pendant cette campagne, appelant au respect et à la dignité dans les échanges. Selon lui, « le sport est gravement malade, et ces élections le prouvent ». Trois mois après les Jeux à Paris cette campagne électorale met en lumière des fractures profondes du sport français, aggravées par la mise en œuvre d’une loi complexe. Censée renforcer la gouvernance, elle pourrait plonger le mouvement sportif dans une crise de légitimité. (Avec AFP)

© SportBusiness.Club Novembre 2024

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