RSE. Depuis 2022, Patagonia n’appartient plus à Yvon Chouinard, mais à deux structures créées pour garantir la pérennité des valeurs de son fondateur. Le Patagonia Purpose Trust détient 2% du capital et les droits de vote, tandis que le Holdfast Collective, une organisation à but non lucratif, possède les 98% restants. Ce montage juridique assure que tous les profits non réinvestis dans l’entreprise sont utilisés pour financer la lutte contre la crise climatique et la protection de la biodiversité.
Trois ans après cette décision forte, la marque américaine de vêtements outdoor confirme sa solidité économique selon le rapport Progress Report 2025 publié le 13 novembre 2025. Patagonia enregistre un chiffre d’affaires de 1,47 milliard de dollars sur le précédent exercice clos fin avril. Les ventes restent majoritairement concentrées aux États-Unis, mais la part internationale progresse, représentant 39% du total. L’entreprise a par ailleurs versé 14,7 millions de dollars à des associations environnementales dans le cadre de son engagement au programme 1% for the Planet, qu’elle a cofondé en 2002.
Assumer ses échecs
Malgré ces résultats, la marque californienne refuse de s’inscrire dans une logique de croissance illimitée. « Les entreprises doivent exister pour résoudre des problèmes, pas pour enrichir quelques individus » rappelle Yvon Chouinard dans le rapport. Dans ce cadre, Patagonia a renoncé depuis 2020 à toute publicité sur les plateformes du groupe Meta, considérant que la diffusion de désinformation y était incompatible avec ses valeurs. « Etre en affaires pour sauver notre planète » martèle la marque.
L’entreprise reconnaît toutefois que la neutralité carbone, initialement visée pour 2025, ne sera pas atteinte. Elle s’est fixé une nouvelle cible : parvenir à zéro émission nette d’ici 2040, sans recours aux mécanismes de compensation. Ses émissions ont d’ailleurs légèrement augmenté de 2 % cette année. La direction explique ce recul par l’évolution de sa gamme de produits vers des articles plus complexes et plus émetteurs à fabriquer. Patagonia reconnaît aussi ses échecs sur le recyclage des fibres synthétiques. Seulement 6 % d’entre elles proviennent de déchets textiles secondaires, loin de l’objectif de 50 %.
Bousculer les codes du sport business
En 2025, la marque emploie 3 716 personnes dans 45 pays à travers le monde et les femmes représentent un peu plus de la moitié (52,5%). Le rapport évoque tout de même une année 2025 difficile, marquée par une conjoncture économique tendue et des restructurations internes.
En assumant de placer le futur de la planète au sommet de ses priorités, et non les profits, Patagonia a bousculé les codes du sport business. Là où la plupart des équipementiers misent sur la croissance et la conquête de nouveaux marchés, la marque californienne s’efforce de prouver qu’un autre modèle, fondé sur la transparence et la responsabilité, peut aussi être viable. Economiquement, les résultats donne raison à Patagonia.
© SportBusiness.Club – Novembre 2025