10 janvier 2024

Temps de lecture : 3 min

Marc Madiot (Groupama-FDJ) : “Le modèle du cyclisme n’est pas pérenne”

Interview. Le regard et la voix sont toujours aussi déterminés. Marc Madiot, le patron de l’équipe cycliste française Groupama-FDJ a présenté ce mercredi 10 janvier 2024 à Paris (Ile-de-France) les contours de la saison à venir. Amputé de sa vedette Thibaut Pinot, néo-retraitée, le dirigeant français souhaite concurrencer les mastodontes du peloton international. L’équipe disposerait d’un budget avoisinant les 21 millions d’euros, selon les informations de SportBusiness.Club. A quelques jours du début de la saison 2024, Marc Madiot évoque les ambitions de Groupama-FDJ, mais aussi de ses limites auxquelles. Il évoque aussi l’avenir du cyclisme professionnel, avec un certain pessismisme.

Comment abordez-vous la saison 2024 ?

Marc Madiot : « Avec confiance et détermination. Nous bénéficions d’un budget stable, fidèle aux saisons précédentes. L’objectif est de jouer le classement général sur le Tour de France, de briller sur les classiques et de concurrencer les très gros du peloton ».

Le départ de Thibaut Pinot a-t-il eu des conséquences vis-à-vis de vos partenaires ?

M.M. : « Non aucune. Les partenaires étaient au courant. Cet épisode a été traversé naturellement par toutes les parties. C’est comme ça ».

Quel regard portez-vous sur l’arrivée de Decathlon comme sponsor titre d’une autre équipe française ?

M.M. : « Je suis concentré sur la vie de mon équipe et les moyens qui sont à ma disposition. Nous serons devant Decathlon-AG2R et pas seulement eux ».

Etes-vous favorables à l’introduction d’indemnités de transfert dans le cyclisme ?

M.M. : « Je suis absolument contre les indemnités de transfert. Je ne veux surtout pas que le cyclisme ressemble au football. Ce serait abominable. Je pense que l’Union Cycliste International (UCI) a un rôle important à jouer pour réguler notre sport et remettre un peu d’équilibre entre les équipes. Je pense qu’une régulation à travers un salary cap pourrait être une meilleure initiative ».

Comment survivre économiquement sans ces potentiels revenus ?

M.M. : « C’est extrêmement délicat. Il faut rappeler haut et fort qu’en France, les charges [sur les salaires] sont 30% plus élevées qu’ailleurs. Cela nous pénalise fortement à l’international. Je ne vais pas faire la révolution contre notre système économique mais il faut en être conscient. Nous avons besoin de moyens supplémentaires à l’avenir. Sinon, à terme nous sommes amenés à disparaître ou au mieux à régresser. J’attends beaucoup de l’UCI. Nous ne pouvons pas demander de plus en plus de moyens à nos partenaires pour leur donner en face moins de résultats ».

Le système global est-il à revoir ?

M.M. : « Absolument. Il n’y a plus d’équipe World Tour en Italie. La meilleure équipe belge a failli s’associer à la meilleure équipe néerlandaise. Les difficultés, que connaissent et ont connu des structures plus fragiles comme B&B Hôtels en France, existent donc aussi tout en haut de l’échelle. Cela veut dire que l’écosystème n’est pas pérenne et qu’il repose sur du sable ».

Comment jugez-vous vos résultats sportifs face à une concurrence toujours plus puissante financièrement ?

M.M. : « Je me tue à répéter que nous sommes la septième équipe mondiale. Nous sommes les premiers derrière les équipes soutenues par les Etats, les Emirats et les milliardaires. Pour autant, ce que nous faisons n’est pas valorisé. Je le regrette car ce que nous réalisons mérite d’être souligné ».

Quelle est la situation contractuelle avec vos deux sponsors titre ?

M.M. : « Groupama et FDJ sont en fin de contrat à l’issue de la saison 2024. Aucune décision n’a encore été prise. Cela suit tranquillement son cours. Je n’ai reçu aucun appel d’autres annonceurs pour l’instant ».

Vous voyez vous poursuivre votre activité à la tête de l’équipe encore longtemps ?

M.M. : « Je n’ai pas de date en tête. Tant que j’aurais l’énergie, l’adrénaline et les frissons qui apparaissent lorsque je colle mon dossard à l’arrière de ma voiture, je serai opérationnel ».

Entretien : Titouan Laurent
© SportBusiness.Club Janvier 2024

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