Kim Arram sait déjà où il sera cet été : à Paris ! Directeur du programme héritage des Jeux de PyeonChang 2018, le dirigeant viendra en France pour expliquer les bienfaits de ce programme mis en place avant l’événement et qui porte ses fruits, ici dans la même région de Corée du Sud, lors des Jeux olympiques de la Jeunesse de Gangwon 2024. A l’époque, Grenoble s’était grandement développée dans les années 1960-70 grâce à l’impact des Jeux de 1968. Ceux d’Albertville en 1992 ont permis de désengorger la vallée de la Tarentaise avec la création d’une route à quatre voies.
Ici, en Corée du Sud, l’héritage des Jeux de PyeongChang 2018 est une idée. Une idée toute simple qui donne de merveilleux résultats. « Dès 2011, en montant le dossier de candidature de PyeongChang, nous avons décidé de créer la fondation “Nouveaux Horizons”, explique avec bonhomie et dans un excellent anglais Kim Arram. L’idée était de faire connaître les sports d’hiver à des enfants venus de toute la Corée et même des pays voisins ».
Un budget de 55 millions de dollars
Grâce aux subsides provenant des bénéfices des Jeux d’hiver de 2018, la fondation s’est dotée d’un capital de 55 millions de dollars. « L’argent a été investi et les dividendes qu’il génère alimentent les caisses de la fondation, précise le dirigeant. Nous sommes une trentaine de salariés permanents sans compter tous ceux qui travaillent sur des projets ponctuels ». Parmi ceux-ci se trouve des “camps de vacances”. Plus de 35 000 enfants sud-coréens y sont passés ces trois dernières années. Ils ont pu tester et pratiquer différents sports comme le bobsleigh, le curling ou le ski de fond.
« Nous voulons que nos installations servent à Monsieur tout le monde, insiste le dirigeant. Pas seulement au top-athlètes ». Mais il y a eu également une volonté de faire venir des jeunes du monde entier dans la région avec la “New Horizon Academy”. Celle-ci a réuni il y a deux ans une centaine d’athlètes venue de pays sans réelle tradition de sports d’hiver. « Ils venaient d’autres disciplines, précise Kim Arram. On a testé leurs aptitudes dans différentes disciplines. L’année dernière, ils sont revenus et sur les 30 que l’on avait présélectionné, 25 se sont qualifiés pour les JOJ de Gangwon 2024 ».
Un Tunisien médaillé en bob
Et là, l’aventure se transforme en conte de fées. Deux de ces “néophytes ” sont montés sur le podium de ces Jeux. Jonathan Larrimi est devenu le tout premier Tunisien à obtenir une médaille dans des Jeux olympiques d’hiver : argent en Monobob. Idem pour la Thaïlandaise Agnese Campeol, dans la même discipline. « C’est énorme pour nous, s’enthousiasme le directeur du programme. C’est la preuve que l’on n’a pas besoin de dépenser des centaines de millions en équipements pour former des athlètes de haut niveau ».
Depuis 2018, toutes les infrastructures des Jeux de Pyongchang ont été utilisées en permanence, même l’ovale de patinage. Il s’est transformé en salle de spectacle et studio de cinéma. Les patinoires tournent grâce à ce cocktail d’équipes locales et de grand public. Le tremplin de saut sert hiver comme été comme base d’entraînement. Son observatoire est devenu une attraction touristique courue.
Kim Arram reconnaît quand même que l’objectif de la fondation est aussi et surtout de développer le tourisme dans la région. Il se félicite notamment qu’après les deux années de Covid la fréquentation dans la région en hiver a été relancée. Le constat est là : la foule est présente dans les nombreuses stations de ski, surtout le week-end : Séoul est à moins de deux heures grâce au KTX, le TGV local ou au nombreuses infrastructures routières rénovées avec les Jeux de 2018. La voie vers les podiums.
Bruno Cuaz, envoyé spécial Gangwon (Corée du Sud)
© SportBusiness.Club Janvier 2024