Trois mois de course, c’est long. Tant pour les skippers du Vendée Globe, partis dimanche 10 novembre 2024 des Sables-d’Olonne, que pour les journalistes chargés de faire vivre cette aventure hors du commun. « Nous allons assurer un suivi en direct de 7h00 à 22h00 sur notre site internet,» détaille Jacques Guyader, responsable du pôle voile de Ouest-France. Deux rédacteurs se relaieront quotidiennement, soutenus par cinq journalistes spécialisés en voile. « Et la nuit, il y aura des astreintes… dont l’essentiel de la veille que j’assurerai moi-même », précise-t-il.
Le Vendée Globe représente un enjeu majeur pour le grand quotidien de l’Ouest, notamment parce que l’événement se déroule sur son territoire de diffusion. Le départ a été couvert par une équipe de 24 rédacteurs et photographes. « L’appétence du public est forte, et cela se traduit par un trafic web important », souligne Jacques Guyader. Les deux tiers de l’audience internet de Ouest-France proviennent de l’extérieur de ses territoires historiques.
Le Télégramme, autre grand journal de l’Ouest, ne pouvait lui non plus manquer l’événement. « Notre groupe est historiquement tourné vers la mer, et notre premier poste de reporter dédié à la voile a été créé il y a 35 ans », rappelle Philippe Eliès, grand reporter du quotidien qui possède également OC Sport, principal organisateur de courses à la voile en France. Aux Sables-d’Olonne, trois journalistes et un reporter d’images (JRI) sont arrivés 12 jours avant le départ. Pendant la course, deux journalistes se relaieront, jour et nuit, pour assurer une couverture continue.
Trouver les histoires humaines
Radio France, partenaire officiel comme Ouest-France, a également déployé un dispositif ambitieux. La radio disposait de son propre studio au village départ où les 40 skippers sont venus témoigner. Quatre reporters ont couvert le départ en direct, depuis la mer. « Pendant la course, nous privilégierons “l’actu chaude”, explique Catherine Pottier, responsable du dispositif. Nous utiliserons les enregistrements des skippers lors des vacations radio ».
Comme pour ses confrères de la presse écrite, la journaliste de Radio France devra trouver, tout au long des trois mois de course, des récits à raconter. « Ce sont avant tout des histoires humaines, et aujourd’hui, la plupart des skippers ont été coachés sur la prise de parole,» explique Catherine Pottier. « Il faudra aussi être très vulgarisateurs car nous nous adressons à un large public », ajoute Philippe Eliès du Télégramme.
Jacques Guyader de Ouest-France attend également ces “belles histoires” qui naîtront au fil de la course. « Nous adapterons le récit au rythme de la course, et nous veillerons à rester accessibles», précise-t-il. Le journal bénéficiera en exclusivité des carnets de bord de neuf skippers. Le Télégramme, de son côté, proposera une chronique vidéo de Jean Le Cam et de Benjamin Ferré. Michel Desjoyeaux, surnommé “Le Professeur” et seul double vainqueur du Vendée Globe, décrypta également en exclusivité les faits de course et les stratégies.
En veille jusqu’à l’arrivée
Toutefois, un excès de communication pourrait diluer le côté exceptionnel de la course, avertit Catherine Pottier : « L’ultra-communication peut parfois nuire à la magie de l’aventure ». Dans trois mois, tous ces journalistes reviendront aux Sables-d’Olonne pour couvrir les arrivées. « Aux arrivées, plus encore que pendant la course, les images seront essentielles pour transmettre l’émotion », indique Jacques Guyader de Ouest-France. Tous devront encore avoir un peu d’énergie. « En 2021, sept bateaux sont arrivés en 48 heures : j’ai dû veiller sans dormir », se souvient Philippe Eliès qui n’aura pas son bateau sur Virtual Regatta : « Si je fais ça en plus, je suis mort !»
Attention cependant à ne pas trop en faire, prévient Catherine Pottier : « L’ultra-communication peut atténuer la magie de l’aventure ». Dans trois mois, tous ces journalistes seront de retour aux Sables-d’Olonne pour couvrir les arrivées, un moment où l’émotion est plus forte encore qu’au départ. « À l’arrivée, les images sont primordiales pour faire vivre l’intensité des retrouvailles », explique Jacques Guyader.
Il faudra encore un peu d’énergie pour cette ultime étape. « En 2021, sept bateaux ont débarqué en 48 heures : j’ai dû veiller sans fermer l’œil », raconte Philippe Eliès, qui avoue aussi éviter d’avoir à gérer un bateau sur le jeu Virtual Regatta cette année : « Si je m’y mets en plus, je suis mort »
Bruno Fraioli
© SportBusiness.Club Novembre 2024