France Télévisions sur le Tour : un exploit technique quotidien
Chaque jour, France Télévisions installe et démonte un dispositif technique lourd pour assurer la production du Tour de France. Une logistique millimétrée.
Installés sur des transats au pied d’une remorque transformée en salle de rédaction, quelques collaborateurs de France Télévisions s’accordent un moment de répit. Le calme avant la tempête. Les coureurs approchent de Dunkerque (Nord), où sera jugée l’arrivée de la 3e étape du 112e Tour de France. Bienvenue dans la zone technique de la Grande Boucle. Cet espace interdit au public concentre les installations itinérantes des diffuseurs télé et radio.
Des kilomètres de câbles serpentent entre de semi-remorques dont les flancs se déploient pour se transformer en studios ou régies mobiles. Afin d’organiser cet ensemble proche du Tetris, Amaury Sport Organisation (ASO) applique une méthode stricte. « L’ordre d’installation est immuable, explique Laurent Simon, régisseur général chez France Télévisions. Cela débute vers 6h du matin par les tribunes commentateurs, puis viennent les postes d’énergie, au centre. Ensuite, c’est notre tour. »
Producteur du signal international du Tour avec Euromedia comme prestataire exécutif, France Télévisions est le principal acteur du dispositif audiovisuel. Cinq camions sont mobilisés et deux cents personnes travaillent sur place. « Parfois, l’espace manque et nous devons diviser nos installations sur deux sites techniques : un à proximité de la ligne d’arrivée, l’autre à plusieurs kilomètres», détaille Laurent Simon, vétéran du Tour depuis 1999. « À l’époque, on était encore avec des camping-cars. Le commentateur, c’était Patrick Chêne ! » rappelle-t-il.
Des camions embourbés
Juste à côté de la zone technique, le groupe audiovisuel dispose aussi de son espace de vie, une vaste zone de restauration. Tous les jours, deux cents repas sont servis à des horaires décalés. C’est l’agence événementielle Bivouac qui en assure la logistique avec une cuisine ambulante. Techniciens, opérateurs, cameramen et journalistes de France Télévisions y prennent leurs repas. Quelques autres partenaires du Tour, comme Doublet qui assure le barriérage ou Orange pour la connectivité, profitent aussi de cette cantine mobile.
Chaque étape amène son lot de contraintes, selon la configuration des lieux. Toutefois, comme dans Lucky Luke où “la Wells Fargo passe toujours”, malgré les imprévus, les images du Tour sont toujours livrées. Laurent Simon se souvient d’anecdotes tendues, comme à La Planche des Belles Filles (Haute-Saône), « où nos camions s’étaient embourbés », ou du retour du départ en Angleterre, « avec le tunnel sous la Manche fermé. On a tout embarqué sur un ferry ! Franchement, s’il fallait faire un direct depuis Mars, il faudrait prendre les équipes d’ASO. »
Dès que les derniers coureurs ont franchi la ligne d’arrivée, les équipes techniques démontent tout : caméras, câbles, studios…. Les installations redeviennent des semi-remorques prêtes à prendre la route vers la prochaine ville-étape. Chaque jour, environ 300 kilomètres sont parcourus. « C’est un savoir-faire unique, insiste Laurent Simon. Aucune autre compétition de cette ampleur n’est aussi mobile. » Une expertise que ce professionnel de l’image met parfois au service du cinéma.