Interview. Réélu par acclamation à la présidence de l’Union Cycliste Internationale (UCI) jeudi 25 septembre 2025, David Lappartient entame un troisième mandat à la tête du cyclisme mondial. Le Morbihannais à la tête de l’instance depuis 2017, a, aussitôt son élection actée, lors du Congrès de l’UCI qui se tenait à Kigali, au Rwanda, répondu aux questions de SportBusiness.Club. Il détaille les priorités de sa nouvelle mandature, explique la relation entre l’UCI et Amaury Sport Organisation et évoque les menaces auxquelles va devoir faire face le cyclisme mondial.
Félicitations pour votre réélection. Quels sont les chantiers prioritaires de votre troisième mandature ?
David Lappartient : « Nous voulons consolider tout ce que l’on a fait. Notamment sur les championnats du monde groupés, le cyclisme féminin, la sécurité et la pacification des relations avec les acteurs du cyclisme professionnel. Nous devons trouver des solutions convergentes pour l’ensemble des membres. La crédibilité à travers la lutte contre le dopage a toujours été une priorité et elle va le rester. C’est évident. Enfin, le développement du cyclisme partout dans le monde est prioritaire également. Ici, à Kigali, nous voyons bien l’éveil de certain pays au vélo ».
Regrettez-vous d’avoir attribué l’organisation des Mondiaux sur route 2025 au Rwanda ?
D.L. : « Non. Il n’y a aucun regret à avoir. Au contraire ! Je suis heureux et fier d’avoir mené à bien ce projet. C’était un rêve comme je l’ai dit lors du Congrès ce jeudi. L’organisation est parfaite, bien huilée. C’est une grande satisfaction ».
Quel avis avez-vous d’ASO (Amaury Sport Organisation) organisateur et propriétaire du Tour de France ? N’est-ce pas un contre-pouvoir trop puissant pour l’UCI ?
D.L. : « Nous sommes, en tant que fédération internationale, très heureux d’avoir un évènement comme le Tour de France. Il représente un poids énorme au niveau mondial et 50% de la visibilité du cyclisme. Peu de fédérations internationales peuvent se targuer d’avoir un événement phare comme celui-ci, qui est vu partout dans le monde. Nous n’y sommes pas liés. C’est une organisation privé, mais c’est une chance tout de même. Ceci étant dit, quand une entreprise privée est propriétaire d’un événement de cette taille, cela peut aussi occasionner des relations difficiles avec l’institution fédérale. Mais ici, ce n’est pas le cas. Nos relations sont bonnes. Cela ne veut pas dire que nous sommes d’accord sur tout et nous pouvons avoir parfois des relations un peu tendues. Toutefois, la vision sportive de la famille Amaury rejoint aussi la notre sur le fait de ne pas aller dans un système fermé, de promouvoir la sécurité et la lutte contre le dopage. Je reste persuadé que pour conserver une certaine stabilité, la solution n’est pas la guerre entre les acteurs principaux ».
Justement, comment vous situez-vous par rapport à One Cycling et le projet de création de ligue professionnelle fermée ?
D.L. : « L’UCI a refusé le projet. Il y a des choses qui sont inacceptables. Nous pouvons toujours trouver des compromis, mais jamais sur les principes. Cependant, ce projet nous incite à discuter peut-être davantage avec les équipes professionnelles ».
L’idée d’une édition d’un Tour de France par équipes nationales est-elle toujours d’actualité ?
D.L. : « Cela me paraît compliqué. Les équipes professionnelles fonctionnent très bien et se développent avec des partenaires privés. L’UCI est plutôt là pour consolider tout cela. Pour les affrontements entre nations, il y a les championnats du monde et les championnats d’Europe qui sont devenus importants. Il peut toujours y avoir une nouvelle course par étapes sous le maillot national, mais le Tour de France a pour vocation à se courir par équipes de marques ».
Entretien : Titouan Laurent, envoyé spécial à Kigali (Rwanda)
© SportBusiness.Club – Septembre 2025