Dans 6 mois, Paris 2024 promet de nous en mettre plein les yeux. Cela passera par plusieurs innovations en termes de production des images. Celles-ci sont justement testées actuellement en Corée du Sud à l’occasion des Jeux Olympiques de la Jeunesse (JOJ) d’hiver qui s’y disputent jusqu’au 1er février prochain. Laboratoire du Comité International Olympique (CIO) pour le programme sportif et les disciplines, les JOJ le sont aussi pour l’ensemble de l’organisation des Jeux.
Le sujet de la production audiovisuelle est vital : avec des coûts payés par les chaînes pouvant atteindre des milliards d’euros, les droits télé sont la principale source de revenus du CIO. En Corée du Sud, à Gangwon, Yannis Exarchos, le patron d’Olympic Broadcasting Services (OBS), filiale du CIO, a justement dévoilé les innovations mises en place et qui seront opérationnelles l’été 2024 à Paris. Le boss grec, maitre des images, le promet : les Jeux de Paris seront plus rapides, plus digitaux et plus écologiques que les précédents.
L’une des nouvelles technologies testées à Gangwon sont ces caméras gonflées à l’intelligence artificielle. Autonomes, elles sont capables de suivre une action sans l’aide d’un cadreur ou d’une quelconque intervention humaine. Ces caméras UHD (Ultra Haute Définition) HDR, le top pour les images télé, sont utilisées pour les tournois de hockey-sur-glace et les épreuves de curling. Elles seront en action à Paris sur le judo, le taekwondo, la lutte, le tennis et aussi tir, à Châteauroux.
Encore plus de Remote Production
Question télé, l’autre tendance est la Remote, c’est-à-dire la production à distance. L’objectif de cette technique est de réduire au maximum l’utilisation de ces énormes camions régie stationnés à proximité du site de compétition et chargés de signer la réalisation des directs. OBS promet l’installation de “Virtual Production Van”, une solution numérique de production à distance. Pour les Jeux de Paris 2024, OBS produira et réalisera à 44,5% les images à plus de 1000 kilomètres des sites de compétition, depuis son siège à Madrid (Espagne). Les 55,5% restantes seront produites et réalisées depuis l’IBC (International Broadcasting Centre) qui sera installé au Bourget (Seine Saintè-Denis).
Avec l’aide d’Intel, un de ses partenaires mondiaux, le CIO promet de réduire la taille et la voracité des équipements nécessaires à la production des images. Ainsi, l’IBC va baisser de 13% son espace de stockage de données, par rapport celui utilisé aux Jeux de Tokyo. Dans le même temps, l’immense usine télévisuelle du Bourget consommera 44% d’électricité en moins par rapport aux Jeux au Japon et même 73% en moins comparé à Rio. Au prix du kilowatt par heure il n’y pas de petites économies. Sans compter que la production à distance permettra aussi de réduire considérablement les déplacements de milliers de collaborateurs, techniciens et employés d’OBS pendant les Jeux.
Yannis Exarchos a également mis l’accent sur le développement inarrêtable des supports numériques. « Il y a une augmentation de 279% de l’utilisation du cloud par les diffuseurs, a-t-il expliqué. Cela permet de réduire le volume des espaces de stockage des images ». D’autre part, l’intelligence artificielle sera mise à contribution pour la fabrication automatique des innombrables résumés d’épreuves. De quoi augmenter encore le volume de production et permettre aux techniciens qui les éditent de réaliser un gain de temps précieux.
Encore plus de contenus
La diffusion des images des Jeux sur les réseaux sociaux est également un enjeu majeur pour le patron d’OBS. Tout doit être fait pour essayer de séduire la clientèle des 15-25 ans avec de nouveaux formats, des créations spécifiques et un accent sur l’aspect humain des athlètes, les acteurs principaux des Jeux. Cet été, Yannis Exarchos prédit un nouveau record pour la plateforme Olympic.com. Celle-ci a atteint 113 millions de visiteurs uniques en 2023, contre 90 millions en 2022, année des Jeux de Pékin.
Concernant plus spécifiquement les JOJ de Gangwon, le patron d’OBS estime que le bilan est déjà positif avec 170 heures de live diffusées et une plongée innovante dans le métavers proposée par les organisateurs coréens aux fans de sport du monde entier. Via un avatar, chacun s’adonner au saut à ski, au bobsleigh ou au curling… virtuellement. Yannis Exarchos s’est montré très impressionné et intéressé par cette initiative coréenne. Elle pourrait être développée à plus grande échelle à Paris cet été.
Bruno Cuaz, envoyé spécial à Gangwon
© SportBusiness.Club Janvier 2024