30 janvier 2024

Temps de lecture : 4 min

Alain Carrière : “L’escalade, c’est presque la parité !”

Malgré l’absence du ski-alpinisme, Alain Carrière, le président de la Fédération Française de la montagne et de l’escalade, (FFME), qui détient la délégation de cette discipline en France, était venu comme “observateur” à Gangwon, aux Jeux olympiques de la jeunesse (JOJ) d’hiver. SportBusiness.Club l’a rencontré à Gangneung, à deux pas du “Youth Olympic Park”, il a fait un point sur sa fédération qui dépasse les 120 000 licenciés.

Quelle est la raison de votre présence aux JOJ ?

Alain Carrière : « Malheureusement, le ski-alpinisme, notre discipline compétitive d’hiver, ne faisait pas partie du programme ici cette année. Mais elle sera une des grandes nouveautés des Jeux de Milan/Cortina dans deux ans. La FFME est donc désormais une fédération bi-olympique avec l’escalade l’été et le ski-alpinisme l’hiver. Dans ce contexte, le CNOSF m’a proposé de faire partie de la délégation qui représente le mouvement sportif français dans ces JOJ. Cela me permet d’appréhender, à une petite échelle, ce que sont les Jeux Olympiques ».

Aviez-vous déjà suivi les Jeux Olympiques ?

A.C. : « Je devais aller à Tokyo pour les grands débuts de l’escalade. Malheureusement, j’ai attrapé le Covid une semaine avant de partir et je n’ai pas pu prendre l’avion…»

Quelles sont vos impressions de ces JOJ ?

A.C. : « C’est vraiment une très belle organisation avec un bel accueil. Dommage que les sites soient un peu trop excentrés. Il faut faire deux heures de bus pour aller au ski alpin puis une heure pour le snowboard. C’est un peu compliqué. Les jeunes sont en tous cas super heureux de se retrouver. Il y a une bonne ambiance dans la délégation française et c’est l’occasion pour moi d’échanger avec d’autres présidents de fédérations sur un temps long de plus d’une semaine. C’est une belle expérience ».

Que représente la FFME aujourd’hui ?

A.C. : « C’est une fédération en pleine croissance. On est à 120 000 licenciés. On a une croissance moyenne de 5% par an sur les dix dernières années. On a fait +70% en 12 ans. L’essentiel de nos nouveaux adhérents arrivent par l’escalade urbaine car il y a de plus en plus de murs dans les cités. On est une fédération composée à plus de 50% de moins de 18 ans. On est aussi une fédération quasiment à parité puisqu’on a 48% de femmes ».

Une grande partie de la pratique de vos disciplines est en dehors du cadre fédéral. Comment arriver à les faire venir à la FFME ?

A.C. : « Il y a des millions de randonneurs, il y a entre un et deux millions de pratiquants d’escalade. C’est le cas de toutes les fédérations d’activités de plein air comme par exemple la Fédération Française de randonnée pédestre (FFRP). On travaille le sujet pour essayer de toucher les grimpeurs de salles privées. On envisage de créer des avantages licence comme une assurance ou des partenariats avec des marques pour convaincre les non-licenciés d’adhérer. L’autre cible ce sont les pratiquants de falaise car l’entretien de ces sites réclame du temps et de l’argent ».

L’escalade sera un des sports phares à Paris 2024, mais la compétition se tiendra au Bourget. C’est un site moins prestigieux que Place de la Concorde…

A.C. : « Oui, bien sûr, mais ce qui nous intéresse, c’est que la structure d’entraînement des athlètes va rester à demeure au Bourget. Ce sera un des héritages des Jeux. Un club a été créé dans cette ville qui en était dépourvu ».

Constatez-vous un engouementpour le ski-alpinisme ?

A.C. : « Les compétitions de ski-alpinisme ne sont pas nouvelles. La Pierra Menta existe depuis plus de 30 ans dans le Beaufortain tout comme la patrouille des glaciers en Suisse. Ce qui est sûr, c’est que le format des Jeux est beaucoup plus court. Certains estiment qu’on a dénaturé cette discipline en s’installant sur le front de neige des stations. Malgré tout, l’entrée de ces disciplines aux Jeux permet de les médiatiser davantage, de donner envie à certains de les pratiquer sans compter que cela favorise également la recherche sur le matériel utilisé : cela profitera à Monsieur tout le monde. Il faut voir ce que pèsent aujourd’hui des skis de randonnée et des fixations par rapport à il y a une dizaine d’années. Comme dans d’autre sports, le haut niveau tire tout le monde vers le haut ».

Comment expliquez-vous cette montée en puissance de la discipline ?

A.C. : « La période Covid a servi de déclencheur. De plus en plus de stations ont créé des itinéraires pour remonter les pistes avec des skis de randonnée. Ça rend cette activité accessible à ceux qui ne sont pas très à l’aise avec le ski toute neige. Ça répond aussi à une clientèle qui fait une sorte de footing en ski pour faire monter le cardio. C’est une activité en plein développement ».

Combien y a-t-il de compétiteurs ?

A.C. : « Quelques centaines. Tous nos clubs ne proposent pas cette activité. C’est à peu près la même chose en Suisse, en Italie et en Espagne ».

La France est-elle en pointe dans cette discipline ? 

A.C. : « Oui, la France a terminé première nation aux derniers championnats du monde. Axelle Gachet-Mollaret, Célia Périllat-Peissey, Emily Harrop chez les garçons il y a Thibaut Anselmet, Xavier Gachet. Ils peuvent tous viser des médailles aux prochains Jeux»

SBC : Etre olympique a-t-il permis à la FFME de toucher plus de subventions ?

A.C. : « Non, on est plus dans les 30 glorieuses où l’argent coulait à flots. Les subventions n’ont pas bougé et elles représentent 7% de notre budget. Les licences en représentent 60 %. Ce sont bien les licenciés qui nous font vivre ».

Entretien : Bruno Cuaz, envoyé spécial à Gangwon (Corée du Sud)
© SportBusiness.Club Janvier 2024

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