Les Jeux olympiques d’hiver 2030 dans les Alpes françaises doivent laisser un héritage concret en matière de transports. Le gouvernement et la région Provence-Alpes-Côte d’Azur ont présenté un plan de 520 millions d’euros, dont 342 millions pour moderniser le ferroviaire. L’objectif affiché est d’améliorer l’accès aux sites, notamment en réduisant le temps de trajet Marseille-Briançon et en créant un pôle d’échanges multimodal à Briançon. Pour la SNCF, ce projet doit “bouleverser la vie” des habitants d’un département enclavé et privé d’autoroute. Mais sur le terrain, l’enthousiasme reste mesuré, notamment à Veynes, “étoile ferroviaire” des Alpes, où l’histoire du rail se mêle désormais aux incertitudes.
Blottie dans une vallée, la petite ville de 3 200 habitants fut au XXe siècle un centre ferroviaire majeur, abritant jusqu’à 700 familles cheminotes. Elle fête cette année les 150 ans de l’arrivée du train, mais ses infrastructures témoignent d’un lent déclin : guichet SNCF fermé depuis décembre 2024, services remplacés par une équipe mobile, et bientôt une voie d’aiguillage hors service pendant un an. Même le Buffet de la gare s’est reconverti en épicerie associative. Dans ce contexte, les promesses olympiques apparaissent comme une opportunité, mais beaucoup redoutent des aménagements limités aux besoins du grand événement.
Un enjeu qui dépasse les Jeux
Les associations locales se montrent vigilantes. Le collectif Mobil’Hautes-Alpes rappelle qu’en 2021, 82% des habitants disaient vouloir utiliser davantage le train, faute d’offres adaptées. À Veynes, le collectif de l’Étoile ferroviaire réclame depuis des années des ajustements simples pour fluidifier les correspondances. « On a vraiment de quoi remplir des trains du matin au soir, mais les annonces restent trop floues», regrette Nicole Tagand. Pour elle, l’enjeu dépasse les Jeux : il s’agit de maintenir une étoile ferroviaire capable de desservir efficacement les habitants.
À l’approche de 2030, l’avenir dépendra aussi de la mise en concurrence d’une partie des lignes locales, dont l’exploitation sera attribuée fin 2025 pour une entrée en vigueur en 2029. SNCF et Transdev sont candidats, mais l’échéance interroge sur la continuité du service au moment des Jeux. Pour Gérald Griffit, conducteur de train et élu à Veynes, un minimum suffirait déjà à changer le quotidien : « Si nous avons deux ou trois trains pour rejoindre Gap avant 8h00, ce sera énorme. » Derrière les anneaux olympiques se joue donc une partie moins visible : celle d’un héritage ferroviaire durable, capable de relier les habitants autant que les spectateurs. (Avec AFP)
© SportBusiness.Club – Août 2025