Virgile Caillet, délégué général de l’Union Sport et Cycle, alerte sur les effets potentiels de la hausse des droits de douane américains. Selon lui, une augmentation importante décidée par les États-Unis aurait forcément un impact sur le marché du sport en France et en Europe. Les répercussions peuvent être directes ou indirectes, a-t-il déclaré à SportBusiness.Club.
La très forte augmentation des droits de douane que les États-Unis souhaitent mettre en place pour leurs importations peut-elle avoir des conséquences sur le marché français du sport ?
Virgile Caillet : « Oui, indiscutablement, il faut s’attendre à des conséquences. Enfin, il pourrait y en avoir, car il faut garder le conditionnel. Si les États-Unis persistent dans la mise en place de taxes douanières élevées, les conséquences immédiates concerneraient plutôt les marques françaises ou celles qui produisent en France ou en Europe. Elles risquent de se retrouver avec des taxes douanières significatives, c’est-à-dire de l’ordre de 20%. En tout cas, c’est ce qui a été annoncé au départ. Il y aura aussi des répercussions indirectes pour les marques opérant sur le marché français, avec des risques de hausse des prix pour le consommateur. Ce sont, par exemple, toutes les marques qui fabriquent au Vietnam ou dans d’autres pays asiatiques. Elles vont se retrouver avec des coûts de production beaucoup plus élevés. D’autre part, que vont faire les marques internationales si elles ne peuvent plus accéder au marché américain ? Elles pourraient être tentées de rediriger leurs stocks vers le marché européen, et notamment en France. Cela entraînerait un surstock, générerait des remises et déstabiliserait le marché. Enfin, il y a un dernier élément. Ce contexte géopolitique assez tendu risque d’inciter les consommateurs français à davantage de prudence, à faire des arbitrages et, au final, à repousser certains achats. »
Peut-on craindre une augmentation des prix sur les équipements sportifs ?
Virgile Caillet : « Oui, car le coût de revient des produits pourrait augmenter, notamment en raison de la redirection de certains stocks. Les marques se préparent à intégrer une partie du surcoût dans le prix de revient des produits. »
Parmi les équipementiers français, quels seraient les plus impactés par ces mesures ?
Virgile Caillet : « La réponse précise est difficile. Il existe des situations très diverses. Certaines marques françaises fabriquent en Europe et seraient donc pénalisées à l’export vers les États-Unis. D’autres produisent en Asie et ne seraient concernées que si elles opèrent sur le marché américain. Ces disparités créent clairement un climat d’incertitude dans un marché déjà en manque de visibilité. Les dirigeants d’entreprise étaient déjà inquiets et sous pression : cela ne fait que renforcer leurs préoccupations. »
Entretien : Bruno Fraioli
© SportBusiness.Club Avril 2025
